15 idées cadeaux pour un Noël culturel en famille

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En adaptant un célèbre livre jeunesse du grand Tomi Ungerer en dessin animé, Mathieu Sapin surprend et prend un gros risque : comment adapter l’insurmontable ?

NOËL – Dessins animés, jeux vidéo, beaux livres, jeux de société : voici quinze idées cadeaux pour toute la famille. Rêvez, apprenez, excitez, tremblez et oubliez les crises.

Sommaire

Pour votre petite-nièce qui ne veut plus vous embrasser : Pas de baiser pour maman, BD de Mathieu Sapin (Rue de Sèvres)

Jo, un chaton qui ne veut plus être traité comme un chaton, refuse d’être embrassé par sa mère, surtout devant ses amis. Celui-ci est meurtri : « Un de ces jours, quand je serai parti pour de bon, tu vas manquer mes bons repas. Tu seras seul au monde, sans personne pour t’aimer et t’embrasser », lui a-t-elle dit avec des larmes dans sa moustache. Jo s’en fout et multiplie les bêtises à l’école, de plus en plus sérieuses, jusqu’au jour où l’amour de sa mère redevient nécessaire pour faire face à ses problèmes.

En adaptant un célèbre livre jeunesse du grand Tomi Ungerer en dessin animé, Mathieu Sapin surprend et prend un gros risque : comment adapter l’insurmontable ? Pourtant, il a réussi son pari, avec une super BD à lire et relire en famille, idéalement à haute voix avant de se coucher à un enfant qui ne veut plus de bisous.

Pour votre mère amatrice d’expériences littéraires : La Maison des feuilles, roman de Mark Z. Danielewski (éd. Toussaint Louverture)

Célèbre roman de Mark Z. Danielewski initialement publié en 2000, The House of Leaves est un objet littéraire non identifié. A sa construction confuse accumulant des strates narratives et des textes disparates (narration à la première personne, correspondance, extraits d’un manuscrit retrouvé, longues notes de bas de page intégrées au récit) s’ajoute une histoire dérangeante : celle d’une maison qui ne cesse de s’agrandir. La lecture est fébrile, notamment parce que la forme du texte s’adapte au contenu. Plus on avance, plus le livre devient surprenant : certaines pages sont pleines de blocs de texte, d’autres ne contiennent qu’un seul mot, l’écriture peut être inversée ou imprimée en diagonale, etc. On se perd dans la lecture comme le personnage dans sa maison, dans un labyrinthe unique capable de séduire les lecteurs de Borges comme ceux de Stephen King, ce qui constitue un véritable tour de force. L’ouvrage paraît dans une édition « remasterisée », plus conforme à l’édition originale américaine qu’à sa première traduction.

Pour votre oncle qui attendait le grand retour d’un classique : Adèle Blanc-Sec Le Bébé des Buttes-Chaumont, BD de Tardi (Casterman)

Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec forment l’une des séries les plus fabuleuses de l’histoire de la bande dessinée franco-belge. Publiée de 1976 à 2007, la saga proposait neuf albums déjantés, mêlant le Paris de la Belle Epoque, des éléments fantastiques, des romans policiers et des aventures folles. Cette série un peu oubliée, autrefois très populaire, a été adaptée au cinéma – quand même – par Luc Besson. Depuis ce massacre artistique, plus de nouvelles d’Adele… L’auteur, Tardi, a pourtant annoncé que la série se terminerait en dix épisodes, mais après treize ans d’attente, plus personne n’y croyait. Et voilà que ce dernier album sort enfin, un festival pour les fans. De nombreux personnages et créatures de la série sont appelés pour un ultime tour, héros d’une histoire ancrée dans l’actualité autour d’un virus et de son vaccin (bonne nouvelle, car l’idée remonte à 2007). Attention : il est déconseillé de commencer par cet album si vous n’êtes pas familier avec la série. Mieux vaut commencer par le premier épisode et revenir à celui-ci.

Pour votre tante qui court les expositions photo : Magnum Génération(s), ouvrage collectif (co-édition Caurette – Magnum Photos)

A l’occasion des 75 ans de l’agence Magnum Photos, les éditions Caurette ont réuni plusieurs auteurs de bande dessinée pour raconter la genèse et les débuts de l’aventure collective de Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, David Seymour et George Rodger. Drôle d’idée de vouloir mettre à l’honneur la photo avec le dessin. Et pourtant, le projet fonctionne à merveille ! Au cœur du récit passionnant s’entremêlent de nombreuses reproductions d’instantanés qui ont parfois marqué l’histoire (comme cette image du soldat républicain figé par une balle pendant la guerre d’Espagne ou les photos du débarquement de Normandie), mais aussi des portraits intimistes. photographies et paysages. Le scénario de Jean-David Morvan réussit avec brio à tisser les multiples fils de l’histoire, tandis que les dessinateurs Rafaël Ortiz, Scie Tronc et Arnaud Locquet ajustent parfaitement leurs styles pour rendre fluide l’intégration des photographies au dessin. En supplément : dossier documentaire et portfolio de 73 photographies, de 1936 à nos jours.

Pour votre père amateur de récits d’espionnage : Une romance anglaise, BD de Miles Hyman & Jean-Luc Fromental (Dupuis)

Le docteur Ward est un ostéopathe londonien dont le talent l’a propulsé dans les cercles de l’aristocratie anglaise. Lorsque son chemin croise celui de la belle Christine, de trente ans sa cadette, il devient Pygmalion. Alors qu’une relation de domination complexe les unit, Ward accepte de faire de Christine l’objet d’une transaction sexuelle lorsque son chemin croise celui d’un espion russe et d’un ministre britannique. Pour raconter cette belle histoire d’espionnage, le duo Hyman/Fromental récidive cinq ans après un premier album très réussi (Le Coup de Prague). Inspirés par l’affaire Profumo, scandale qui a marqué l’Angleterre des années 1960, ils composent un album séduisant qui évoque les premières œuvres de John Le Carré. L’élégance du design sert parfaitement le scénario empoisonné ; Le talent de Hyman pour dessiner des femmes place l’album au-dessus de la concurrence sans jamais tomber dans l’érotisme granuleux. Au contraire, il y a une sensualité troublante qui vous empêche de quitter le dessin animé avant d’avoir tourné la dernière page.

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Pour votre mère qui sait qu’il neige parfois en avril : Prince la Totale, livre de Benoît Clerc (éditions E/P/A)

La collection « La Totale » éditée par E/P/A est incontournable pour découvrir ou redécouvrir la discographie d’un groupe ou d’un musicien. Inauguré par Jean-Michel Guesdon qui a écrit la plupart des volumes, il tente de proposer des notices pour chaque album et chaque morceau enregistré, avec des informations complètes sur l’équipe artistique, la production, l’enregistrement et son contexte. . Une approche exhaustive qui a convaincu des centaines de milliers de lecteurs à travers le monde. Logiquement du fait du succès, les éditions se multiplient et celle de 2022 est très attendue. Dédié au défunt Prince, le nouveau livre de la collection décrypte ses 684 chansons, dont celles qui composent les derniers coffrets remplis de chansons inédites. L’auteur, Benoît Clerc, a une belle biographie : il est connu pour la musique d’une publicité Duracell. Mais sa connaissance de l’artiste est totale : on a du mal à imaginer les milliers d’heures de recherche pour créer un tel livre. Pour le fan, ce livre unique en son genre est un miracle.

Pour votre cousin passionné de mythologie : God of War Ragnarok, jeu vidéo PS4/PS5 (Santa Monica / Sony)

Au milieu d’une sombre saison de jeux vidéo, le nouvel opus de la série God of War : Ragnarok se démarque. Ceux qui ont joué l’œuvre précédente savent à quel point la saga a été entièrement repensée en 2018 au profit d’une dimension narrative plus élaborée autour de la relation entre le héros Kratos et son fils. Le nouveau jeu reprend l’histoire trois ans plus tard, lorsque les deux héros entament un voyage à travers les neuf royaumes d’Yggdrasil pour éviter Ragnarok, qui est – selon la mythologie viking – la fin du monde. Si la surprise ne fonctionne pas cette fois, God of War ne déçoit pas ; ses qualités infusent même sur la longueur. La mise en scène est fulgurante, le gameplay se complexifie, et les scènes de combat sont tendues à souhait. Le titre semble également utiliser les ressources de la PlayStation 5 comme aucun autre jeu avant lui. La photo est magnifique, l’expérience épique. A noter que cet épisode clôt l’histoire et ne devrait donc pas avoir de nouvelle suite.

Pour votre oncle fan de Tintin : L’édition originale des Cigares du Pharaon, par Hergé (éditions Moulinsart)

Certains albums de Tintin tels que nous les connaissons ne ressemblent que de loin à leurs versions originales. Car les premiers titres de la série (jusqu’au Crabe aux pinces d’or) ont tous été réécrits tardivement par le studio Hergé pour uniformiser le format (62 pages) et la ligne graphique. C’était au début des aventures du reporter très loin de ce qu’Hergé avait installé alors. Redécouvrir ces albums de formation sous leur forme originale est un régal pour les connaisseurs, d’autant plus que ces versions sont souvent indisponibles. Voici la version 1932 des Cigares de la Pharaon, remplacée en 1955 par la version familière. L’album est coloré pour la première fois (ce que certains considéreront comme un sacrilège), mais il respecte scrupuleusement le dessin naïf du jeune Hergé, avec ses approximations anatomiques (les personnages changent parfois de taille d’une page à l’autre) et ses visages caricaturaux. Certains panneaux absents de la version de 1955 sont surprenants, notamment une séquence d’action inédite avec des cobras et des crocodiles. Enrichi d’un carnet qui contextualise l’oeuvre, l’album est imprimé en grand format, ce qui permet d’en apprécier chaque détail.

Pour votre cousin curieux d’approfondir l’histoire du rock : Kiss The Sky, Jimi Hendrix 1942-1970, BD de Dupont & Mezzo (Glénat)

Jimi Hendrix était une comète qui a illuminé la planète rock, dont la traînée de lumière n’a jamais cessé de briller. Malgré une mort prématurée à 27 ans et un héritage de seulement quatre albums, il a transformé la musique de son temps. Depuis, la guitare n’est plus jouée de la même manière.

Suite à leur remarquable travail sur le blues Robert Johnson, Jean-Michel Dupont et Mezzo capturent la vie de cet autre musicien dont le blues a irrigué les veines. Kiss The Sky en reprend les codes : caricatures au format carré, dessin au fusain noir et blanc, panneaux chargés de détails, pour un premier tome qui s’attarde sur les années précédant l’arrivée du musicien, avant 1966. « J’ai lu de nombreuses biographies de Jimi Hendrix, et tout au long de ses années d’apprentissage turbulentes en tant que musicien pour Little Richard ou les Isley Brothers, personne pour moi n’a capturé cette époque précise avec la force et l’impact de ce livre », écrit dans l’avant-propos du critique de rock Nick Kent. . C’est vrai : le dessin puissant de Mezzo donne vie à ces années peu racontées et rarement photographiées. Longtemps documenté par des spécialistes, l’album impressionne autant qu’il émeut le lecteur : la jeunesse d’Hendrix fut un long cauchemar. On a du mal à imaginer la résilience du futur compositeur de Message d’Amour pour surmonter ces épreuves.

Pour votre fils, de 6 à 10 ans : Unlock Kids, jeu de plateau (Asmodée)

« Escape game autour d’une table » est la promesse de l’éditeur de jeux Unlock, dont le succès ne s’est jamais démenti. Multi-récompensé et vendu par wagon entier, le jeu original a été produit en vingt éditions plus quelques extensions. Le nouveau titre de la collection est destiné pour la seconde fois aux enfants, à partir de 6 ans. La difficulté, progressive et relativement physique, empêchera souvent l’enfant de progresser, rendant l’aide d’un adulte indispensable. Tant mieux, car tout l’intérêt du concept Unlock est de jouer à plusieurs, en mode coopératif. Six volets sont proposés dans ce coffret, autour de trois univers historiques (préhistoire, Égypte ancienne, Occident). Plus court que les jeux classiques pour adultes (comptez une demi-heure pour un jeu), déconnecté de tout écran (contrairement aux jeux pour adultes), Unlock Kids stimule le cortex.

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Pour votre frère amateur de polar hardboiled : Une soif légitime de vengeance (tome 1), de R. Remender et A.L. Araujo (Urban Comics)

Le thriller en bande dessinée est un genre qui semble parfois épuisé. A vrai dire, le cliché appartient aux codes du genre, mais trop souvent le sentiment de « déjà lu » prévaut. C’est la raison pour laquelle, quand un album aussi fou que Une soif légitime de vengeance sort, il ne faut pas gâcher son plaisir. Ce n’est pas le cadre général qui surprend (l’histoire de l’homme entraîné dans un cycle criminel parce qu’il se trouve au mauvais endroit n’est pas follement originale), mais son traitement. L’histoire, économe en texte, est extrêmement inventive et même explosive. Le design mêle savamment manga, comics et traditions de la BD, rendant impossible de deviner son origine (elle est américaine), avec un remarquable travail sur la couleur. Le clip de l’histoire bourrée d’action est une classe de maître dans la narration : c’est sec, rapide et le suspense ne s’arrête jamais. Vivement le tome deux !

Pour votre tante qui attachait des épingles à nourrice sur ses T-shirts en 1977 : L’univers de The Clash, livre de Philippe Margotin

Les fans de Joe Strummer vont se régaler cette année : une réédition du dernier album de The Clash enrichie de dix titres, une version intégrale de son autre groupe The Mescaleros enrichie de quinze titres inédits, et désormais un livre exceptionnel sur l’histoire de The Choc. De 1977 à 1986, en seulement six albums, le groupe incarne la version engagée du mouvement punk anglais. « Nous sommes antifascistes, nous sommes anti-violence, nous sommes antiracistes, nous sommes générationnels et nous sommes anti-ignorance », a déclaré Strummer. Une application plus utile que jamais en 2022 ! Illustré de plus de trois cents photos et servi par un texte savant, le livre propose dans sa deuxième partie une encyclopédie sur l’univers du groupe, avec un commentaire sur chaque chanson : un peu comme le livre sur Prince évoqué précédemment, mais en plus . court

Pour votre cousine fan de manga : Au Pays des Merveilles, de Nathalie Bittinger (Hoebeke)

Si la révolution manga est souvent évoquée – une BD vendue sur deux en France est japonaise – la qualité et le succès de l’animation japonaise sont plus rarement mis en avant. Pourtant, de Dragon Ball à One Piece, certaines séries rassemblent des millions de téléspectateurs. Il n’est pas rare que les émissions les plus regardées sur Netflix soient des anime. Un beau livre de Nathalie Bittinger entend raconter l’histoire de l’animation japonaise à travers une grille de lecture non pas chronologique, mais thématique. La guerre, l’avenir, les rêves ou l’enfance sont parmi les clés pour lire un livre accessible à tous. Nous espérons ardemment que quelqu’un proposera à Ségolène Royal, qui a puni les « japoniaiseries » des années 1980 à aujourd’hui, de réviser son jugement. L’animation japonaise est la plus riche et la plus belle du monde !

Pour votre filleul qui apprend la philosophie : Aristote, BD de T. Apostolidis et A. Papadatos (Dargaud)

Il a probablement fallu deux auteurs grecs pour réaliser une caricature sur le grand philosophe d’Athènes. Leur portrait d’Aristote n’est pas digne et nous plonge dans la pensée d’un des plus grands savants de l’humanité. Prenant la forme d’une histoire racontée à ses élèves par un disciple, Théophraste, dans l’enceinte du « Lycée » créé par Aristote, l’ouvrage est à la fois une biographie et un résumé de sa philosophie. Passionné de sciences, d’astronomie et de biologie, Aristote est l’emblème de ces grands penseurs de l’Antiquité capables de comprendre et de faire avancer tous les sujets. Nous espérons que ce livre, plus facile à lire qu’un manuel scolaire mais relativement exigeant, ouvrira de nombreux lecteurs à « l’amour de la sagesse », et éveillera en eux la curiosité d’aller plus loin. Notre époque a besoin de plus de philosophie !

Pour votre ami qui a un poil dans la main : Et Franquin créa la gaffe, livre de Numa Sadoul et André Franquin (Glénat)

Tous les lecteurs de BD le savent : Franquin était un maître et Gaston La Gaffe est sa meilleure création. Digne héritier du Bartleby d’Herman Melville, ce héros réticent au travail multipliant les bêtises hilarantes au bureau a anticipé la génération contemporaine des adeptes de la « grande démission » (phénomène de démissions massives de jeunes qui ne veulent pas gâcher leur vie à travailler). La réédition d’un livre d’entretiens réalisé en 1985 par Numa Sadoul va passionner les lecteurs de Gaston. Riche en illustrations (non seulement de Franquin mais aussi de ses principales influences) l’ouvrage est un classique resté indisponible pendant trente ans. La maquette de la nouvelle édition est considérablement améliorée, notamment son iconographie. « Dans une carrière de dessinateur, on a souvent l’impression de tourner en rond », avoue Franquin à son confesseur dans l’une des interviews du livre. Sa carrière, cependant, a été la preuve du contraire.

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