1600 milles à Loxo, un convoyage en solo pour prendre en charge votre bateau

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Bruno rêvait d’un Loxo 32. Ce trawler construit par le chantier Structures (d’où sont issus les voiliers Pogo) est une vedette particulièrement économique à 30 pieds. Pour ce marin qui a toujours navigué, un Loxo représente le Saint Graal pour ses vieux jours avec sa femme. Cependant, ce modèle d’occasion assez rare est trop cher neuf.

Sommaire

Un Loxo d’occasion à Corfou

C’est finalement le chantier qui lui propose une voiture d’occasion, une Loxo monomoteur avec un inboard Volvo de 75 ch. Mais ce bateau est à Corfou, en Grèce, dans la mer Ionienne, où il a été loué. Qu’à cela ne tienne, Bruno décide de l’acheter et même de faire seul le retour. Il prendra livraison du bateau en octobre 2021, avant d’hiverner au sec sur l’île, dans le port de Gouvia. Il n’est revenu que le 31 mars 2022 pour lancer son bateau. Le bateau a subi une révision moteur en hiver (huile et filtres changés) et est prêt à naviguer.Le réservoir de gasoil (150 l) est plein.

Traversée de la Méditerranée en solitaire

Bruno prend donc la mer, pour commencer la traversée de la mer Adriatique ! Départ à 8h30, arrivée à 16h30 à Santa-Maria Leuca. Puis les étapes au sud de la Calabre en Italie se succèdent : Crotone, Rocella Ionica et enfin Messine, dans ce canal qui sépare la Sicile de l’Italie. Pour cette première partie de navigation, la météo est bonne avec une belle mer, sauf dans l’étape entre Crotone et Roccella où le vent souffle fort dans le dos, accompagné d’une houle qui permet au Loxo de surfer. Alors qu’il navigue normalement à 9 nœuds (1800 tr/min), le bateau surfera à 16 nœuds ce jour-là ! Une volée de dauphins vient célébrer ce moment magique en faisant des sauts spectaculaires autour du bateau. Souvenirs importants pour le marin.

Navigations de jour et nuits au port

Bruno ne navigue pas de nuit et s’autorise des nuits au port tous les soirs, même s’il dort toujours à bord. Les étapes couvrent chaque jour entre 60 et 70 milles, qu’il parcourt en environ 8 heures de croisière à une vitesse de croisière comprise entre 9 et 11 nœuds.

Après Messine elle remonte la côte italienne pour arriver à Cetraro, puis Acciaroli et enfin Salerno. Dans cette étape vers Salerne il doit considérablement ralentir. En effet, un vent dans le nez d’environ 45 km/h provoque une forte houle de 2,50 à 3,00 m.Pour éviter que le bateau ne soit trop mouillé, il a réduit la vitesse à 6 nœuds. Dans cette mer un peu grosse, Bruno s’installe. Toujours en pilote automatique – il n’a pas de poste de pilotage à l’intérieur – il peut suivre la route à travers les pare-brises. Il dispose d’un traceur intérieur et extérieur avec un AIS pour suivre les cibles à proximité. Cela lui permet de corriger le cap avec le pilote.

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Des pendilles qui n’aident pas l’arrivée au quai

Ce vent fort à l’arrivée à Salerne rendra l’approche du quai quelque peu difficile. Même si ce Loxo dispose d’un propulseur d’étrave, le monomoteur et surtout la légèreté de la coque (2 tonnes) ne facilitent pas les manœuvres par vent de travers. C’est d’autant plus difficile que les ports méditerranéens ont des lignes pas toujours faciles à attraper si l’on est seul à bord.

Après le passage de la tempête, le départ est pour Amalfi. Ce sera l’escale la plus chère du voyage : 55 € que Bruno réglera en espèces, sinon le port rajoutera 25% de TVA pour le paiement par carte… Même si c’est le prix hors saison (il est de 120 € en haute saison !), ce port ne dispose d’aucun sanitaire, d’aucun service et d’aucune aide à l’amarrage… Pour préserver sa liberté, Bruno n’a jamais réservé de place dans un port, espérant toujours trouver une place (ce qui était le cas) compte tenu des période printanière en basse saison.

Un équipier pour la traversée vers la Corse

L’ascension de l’Italie se poursuit avec une escale à Ischia, San Felice Circeo et enfin Fiumicino, le port de Rome. Après avoir parcouru seul toutes ces étapes, Bruno embarque son frère qui le rejoint à Rome. Ils partent pour l’île de Giglio où ils doivent rester 2 jours, bloqués par une météo capricieuse avec vent et houle. C’est la première fois que la météo est trop forte pour empêcher Bruno de prendre la mer, alors l’équipage en profite pour visiter l’île et son célèbre château.

Vient ensuite la Corse avec la belle rade de Macinaggio, puis la rocade du Cap Corse et Calvi où Bruno retrouve un ami de ses années d’internat. Une fois en France, le prix des mouillages devient raisonnable (entre 15 et 22 €) avec des toilettes et des douches propres.

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Après la mer le Canal

Vous faites la traversée vers le continent en partant très tôt (5h) car la météo annonce de la houle dans l’après-midi. Bruno et son frère arrivent rapidement et sans encombre à La Ciotat. Puis direction Sète pour débuter l’épisode Canal du Midi. Son frère y arrive, remplacé par la femme de Bruno. Pas chômé (mais souvent bloqué par les horaires de fermeture des écluses), le Loxo arrive à Toulouse dans 1 semaine. Cette fois c’est le fils qui s’embarque jusqu’à Castelsarrasin. L’aventure sur le Canal Latéral à la Garonne continue en solitaire avec un total de 93 écluses franchies. Après l’escale à Bordeaux, le bateau retourne vers les eaux salées de Royan. Une étape où la marée doit être prise en compte afin d’avoir un courant porteur. Bruno part pour le large à 13h30 et arrive au port de Royan à 17h30, toujours en solitaire. Puis c’est La Rochelle avec une longue étape (7h30 – 17h30). Dans le vieux port, Bruno embarque son beau-frère pour les dernières étapes vers La Trinité-sur-Mer avec une escale à Port-Joinville (Ile d’Yeu).

1600 milles et 218 heures moteur

Cette belle croisière a duré 6 semaines entre avril et mai 2022 et a parcouru 1600 miles. La Volvo de 75 ch qui propulse le Loxo est vraiment économique. Bruno a pu vérifier ce que disait le chantier : le bateau consomme 0,5 l/mile à 12 nœuds. Pour ce voyage, le moteur a fonctionné pendant 218 heures. Aucun dysfonctionnement à signaler. Bruno aura juste rajouté un peu de liquide de refroidissement. Des visites de contrôle moteur ont été effectuées chaque semaine.

Côté confort, ce Loxo dispose du chauffage à bord, de l’eau chaude et d’une petite cuisine. Plus qu’assez pour passer de belles vacances, même de longues croisières. La veille c’était confortable à l’intérieur et Bruno avoue qu’il n’avait pas besoin d’équipage pour se sentir bien… Maintenant le bateau est amarré à une bouée dans la rivière Crac’h, prêt pour des croisières probablement plus proches, mais tout aussi agréables . ..

Les étapes et les distances parcourues

Canal des 2 mers de Sète à Bordeaux : 525 km (soit 284 M)

Total Corfou La Trinité : 1607 M