Stéphane Schlesinger le 12/01/2022
Superbement conçu et généreusement motorisé, le coupé Peugeot 406 rencontre un succès mérité. Attention, sa cote monte : il est temps de mettre de côté les meilleurs exemples.
Sommaire
La diva sochalienne
Après la guerre, Peugeot mise sur les coupés et cabriolets pour acquérir des produits haut de gamme à moindre prix. Cela a commencé avec le 203, et à partir du remplaçant 403, Pininfarina est entré dans la danse et a entamé une longue et fructueuse collaboration avec Løven. Cela dit, Peugeot mettra treize ans pour remplacer sa 504 Coupé, disparue en 1983. Ce sera avec la 406 Coupé, dévoilée en 1996.
Conçue avec un immense talent par Davide Arcangeli chez le carrossier italien, elle se distingue par une combinaison unique d’élégance, de finesse et de fonctionnalité. Bref, c’est un grand moment de design. A noter que Gérard Welter, mécène du style Sochaux, a refusé de participer au projet, invoquant une charge de travail excessive…
De la berline 406, le coupé reprend le tableau de bord – une légère déception, bien qu’il ait été minutieusement travaillé – ainsi que toute la base technique, y compris les moteurs. Une bonne chose, car le châssis (essieu arrière multibras) est affiné.
En haut de gamme, la 406 Coupé est l’une des toutes premières à utiliser le V6 ES9, conçu avec Renault. Il s’agit d’un 3.0 litres 24 soupapes à 4 arbres à cames en tête qui développe 194 ch. Ce bloc noble lui confère de bonnes performances (235 km/h maximum) avec la boîte manuelle à 5 rapports de série, un peu moins avec l’automatique à 4 rapports proposée en option. La rançon de tout cela, les prix sont élevés : 210 800 F (actuellement 44 500 € selon l’INSEE) en version standard et 235 800 F (actuellement 49 900 €) dans la variante Pack plus luxueuse (sellerie cuir à réglages électriques, régulateur de vitesse).
Très bien accueilli, ce coupé entame une fructueuse carrière. En 1999, des changements sont apportés après le remodelage du salon : système électrique partiellement multiplexé, console centrale repensée, nouvelles commandes pour la climatisation, porte arrière d’air passager supprimée… A cette occasion, le V6 bénéficie d’améliorations réalisées avec Porsche : culasses et arbres à cames modifiés, en plus avec calage variable côté admission. Tout cela se traduit par une puissance et un couple accrus (210 ch pour 285 Nm, soit un gain de 14 ch et 18 Nm), au profit des performances (maxi 240 km/h).
En octobre 2000, une série limitée Settant’anni, peinte en bleu Hypérion, célèbre les 70 ans de Pininfarina. En plus de l’ESP, récemment introduit dans la série 406, il comprend une sellerie cuir spécifique.
En juillet 2001, le multiplexage devient total, mais l’évolution la plus visible intervient en 2003 : le pare-chocs avant est redessiné et présente une calandre « coupe-frites » assez vétuste. Une édition limitée Ultima Edizione est apparue en 2003, pour accompagner la fin de carrière de la 406 Coupé, qui s’est terminée en 2004. 107 631 exemplaires ont été produits, contre 70 000 prévus. Une belle réussite qui prouve qu’un haut de gamme français est viable s’il est rigoureusement conçu !
Au volant
Face au conducteur, le panneau fait le tour de ses compteurs pour se différencier de celui du salon. Nous sommes très bien installés, même si le volant est encore trop gros. Toutes les commandes sont très douces, tout comme la suspension et le moteur de 210 ch. Celle-ci, remarquablement souple, se délecte de sa disponibilité dans la classe moyenne, où elle permet de beaux moments. En revanche, flirter avec la zone rouge n’est pas son truc et son son, certes agréable, reste trop discret.
Heureusement, le châssis ne suscite que des éloges. Équilibre, précision, efficacité (l’arrière est positionné au pied de la remontée) : tout y est, accompagné d’un amortissement sensible, même si tout est question de confort, étonnamment plus que de sport. Bref, c’est une GT rapide et très homogène, idéale pour les longs trajets.
À surveiller
De très belle facture, la Peugeot 406 Coupé V6 bénéficie d’une endurance considérable, parcourant facilement 300 000 km. On surveillera les blocs bobines (194 ch) ou les bobines crayon (210 ch), on changera la courroie de distribution dans le temps (1 500 €) et on fera attention à l’électronique des modèles multiplexés. Choisissez une voiture complète, certaines pièces, comme les boucliers (1 500 € pièce), seront difficiles à trouver. Sachez que la transmission automatique se vidange tous les 60 000 km, elle n’est donc pas graissée à vie.
La cote
Depuis environ trois ans, le prix du coupé 406 V6 est en hausse après avoir longtemps stagné autour de 3 000 €. Désormais, il faut compter un minimum de 6 500 € pour un exemplaire bien entretenu qui ne nécessite pas de frais mais affiche plus de 200 000 km. Pour une voiture de moins de 200 000 km, mieux vaut compter 7 000 €, et 9 000 € pour moins de 150 000 km. A 12 000 €, le compteur affiche moins de 100 000 km, voire 15 000 € pour 60 000 km. Les séries spéciales (Settant’anni, Ultima Edizione) peuvent nécessiter un supplément de 2 000 €. Des valeurs amenées à grandir.
3 points clés
Chronologie
1995 : Présentation de la Peugeot 406.