Comme partout en France, les laboratoires alsaciens seront en grève le 14 novembre. Ils refusent d’être « désignés comme profiteurs de guerre » par le gouvernement. Ils se disent prêts à participer à l’effort collectif pour faire des économies, mais pas sur la biologie de routine.
Comme tous les laboratoires de France, les laboratoires alsaciens seront fermés au public toute la journée à partir du lundi 14 novembre. Une première en France. Tous les prélèvements seront suspendus durant cette journée, « à l’exception des prélèvements extérieurs aux laboratoires, réalisés par des infirmiers et des prélèvements urgents dans le domaine de la chimiothérapie ». précise Lionel Barrand, biologiste médical et président du syndicat national « Biologistes médicaux ».
« Depuis la publication du rapport de la CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie) en juillet 2022, les laboratoires de biologie médicale partagent l’objectif du gouvernement de mieux maîtriser les dépenses de santé », précise Lionel Barrand, « mais cela doit se faire sur les dépenses covid, pas sur les dépenses courantes de biologie ». . »
Or, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023, « prévoit de ponctionner au moins 250 millions d’euros sur l’enveloppe des actes courants des laboratoires de biologie médicale pour 2023, 2024, 2025, 2026 ». Pour les biologistes, il s’agit d’une « expérience sans précédent ». et menace directe sur la biologie de routine et d’urgence, sur la qualité des soins », mais aussi « sur l’emploi dans les territoires, la capacité d’innovation des laboratoires et leur maillage ».
Pour la première fois de leur histoire, 50 000 professionnels de 4 200 laboratoires s’unissent pour déclencher une grève nationale. Leurs analyses (prises de sang et bilans) concernent un demi-million de patients.
« Nous avons le sentiment d’être punis et pointés du doigt comme profiteurs de guerre avec une baisse colossale de la biologie de routine et d’urgence, sans négociations et échanges qui prévalaient jusqu’à présent. » regrette le président du syndicat national « Médecins biologistes ».
La ponction de 250 millions, prévue par le projet de loi de finances, n’est pas ce qui choque les laboratoires, qui se disent prêts à participer à l’effort de guerre. « L’État nous demande d’économiser 250 millions d’euros. Nous sommes d’accord, mais il ne faut pas les faire sur des analyses quotidiennes, il faut les faire sur des tests covid. On avait déjà proposé de dépister moins, mais mieux. »
Les diagnostics de routine sont ceux qui déterminent si les patients seront orientés ou non vers les urgences, ils sont donc indispensables et l’économie ne doit pas être faite dans ce domaine, selon les biologistes.
Sinon, préviennent-ils, il faudra réduire les investissements technologiques, réduire les effectifs, fermer des sites, notamment dans les territoires les plus reculés. Et de conclure, « Si tous les patients souffrant de douleurs abdominales se retrouvent aux urgences, faute d’avoir un triage biologique rapidement en ville, cela conduira à une situation catastrophique dans les hôpitaux. »
Le syndicat national des laboratoires de biologie médicale annonce le début d’une grève pour le lundi 14 novembre. Elle concerne toute la France et sera renouvelable.