Anxiété, dépression, phobies… A Strasbourg, les structures d’accueil et…

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Les troubles psychiques, gestes ou idées suicidaires explosent chez les adolescents et les étudiants. Face à l’ampleur inédite du problème, les services hospitaliers et les structures d’accueil et de prévention frôlent le point de rupture.

Au Centre d’accueil médico-psychologique pour adolescents (Campa) des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), quatre-vingts noms sont sur la liste d’attente. « C’est sans précédent », a déclaré Julie Rolling, pédopsychiatre au département de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’HUS. « Du matin au soir », les jeunes de 12 à 18 ans consultent le frigo. Ils souffrent d’anxiété, de dépression, de phobies. Un trouble qui conduit parfois à des comportements suicidaires. Selon le Dr Rolling, face à cette « vague », les services de soins sont « sursaturés ».

Mis en lumière durant les deux années de la pandémie, le mal-être de toute une génération – enfants, adolescents, étudiants – s’est enflé. « En psychiatrie, les conséquences viennent toujours plus tard. Là, on est dans une phase de plateau, qui ne descend pas », a noté Julie Rolling.

L’avocate Claire Hédon s’est emparée de cette situation, appelant le 2 juin 2022 le Premier ministre à mettre un « plan d’urgence pour la santé mentale des jeunes ». La tendance, nationale, se confirme localement. Tous les indicateurs sont rouges.

Des indicateurs en hausse

Les dernières données locales sont issues d’une analyse épidémiologique bimestrielle de la santé mentale réalisée par Santé Publique France (SPF) en région Grand-Est, publiée en décembre 2021. Sur la période de janvier à novembre 2021, le nombre de visites mensuelles est moyen . aux urgences pour troubles mentaux chez l’enfant (0 – 18 ans) a augmenté de 43% par rapport à 2020. Les troubles mentaux recouvrent diverses formes de mal-être comme l’anxiété, les phobies, la dépression, les addictions ou encore les troubles alimentaires.

Ce trouble mental pouvant conduire à une attitude suicidaire, le nombre de passages aux urgences des adolescents âgés de 11 à 17 ans a augmenté de 47% entre janvier et novembre 2021 par rapport à la même période en 2020, note le SPF.

La Santé publique française constate enfin « une augmentation des visites aux urgences pour pensées suicidaires dans la région Grand Est en 2021 pour toutes les tranches d’âge à partir de 11 ans ». 40% des jeunes concernés sont des adolescents de 11 à 17 ans.

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« Le Covid a ajouté de la fragilité à la fragilité »

La vulnérabilité psychique est inhérente à la période de l’adolescence et au passage à l’âge adulte. « C’est un moment potentiel d’entrée en pathologie : la schizophrénie ou la bipolarité par exemple. On observe également durant cette période une forte symptomatologie de trouble des conduites, d’addiction, d’alimentation », précise Myriam Riegert, psychiatre et directrice médicale du Centre d’accueil médico. -psychologique universitaire de Strasbourg (Camus), un lieu d’écoute et de prévention mentale. troubles où chaque étudiant strasbourgeois peut consulter un psychologue, un psychiatre ou un travailleur social.

Christelle Eby est psychologue et coordinatrice du Point Ecoute Jeunesse (Paej). Ces lieux sont dédiés à la prévention des troubles psychiques et des attitudes suicidaires dans le Bas-Rhin. Il répertorie les causes chroniques des troubles retrouvés chez les jeunes hébergés en structure :

« La plupart des problèmes observés sont liés au contexte intra-familial, cas de violences par exemple, précarité financière, pression scolaire. La pandémie de Covid a ajouté des pertes sur des pertes. »

Dans son rapport d’activité 2021, l’association Alt, qui gère 39 Paej situés dans le Bas-Rhin, estime que « les jeunes qui étaient déjà fragiles avant la crise sanitaire sont encore plus vulnérables, révélant des expressions de mal-être : retrait, angoisse de séparation. , absentéisme scolaire, signes dépressifs, idées suicidaires, scarifications, insomnie, troubles alimentaires… »

La crise sanitaire : un simple « catalyseur » ?

La pandémie associée au virus Covid-19 a joué le rôle de déclencheur. Mais la cause du malaise semble être plus profonde. Julie Rolling explique :

« Les adolescents sont particulièrement perméables à leur environnement. Dans la consultation, certains ont fait état de la crise climatique, de la guerre en Ukraine, de l’inquiétude de manquer d’eau un jour. Globalement, la jeune génération associait auparavant l’avenir à quelque chose de l’ordre du progrès, quelque chose de positif. Aujourd’hui, ça ne l’est plus. »

Cette tendance est confirmée par Myriam Riegert : « Le contexte qui inquiète est un lit de pessimisme. » L’association Alt évoquait également, dans son rapport d’activité 2021, « la difficulté pour l’avenir, du fait de la crise sanitaire et les pronostics sont parfois douteux ». à propos du futur. »

Des jeunes en détresse sous les radars

Si le besoin ne cesse de croître, les moyens de le combler ne suivront pas. Cela peut avoir des répercussions sur la détection de situations critiques potentielles, comme le relate Julie Rolling :

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« Maintenant, l’unité fonctionne au maximum. Nous sommes dans un état d’ultra-optimisation. La liste d’attente s’allonge. Il faut prioriser. Nous sommes conscients chaque jour que des jeunes attendent. va m’appeler et me dire : mon enfant s’est suicidé, j’ai appelé il y a deux semaines et je n’ai pas de rendez-vous. Ce que nous disons est simple : nous avons besoin de ressources, nous avons besoin de gens. Nous pouvons recruter et faire notre travail si nous reçoivent de l’argent. »

Cette pression a des conséquences sur toute la chaîne de soins des jeunes atteints de troubles mentaux. Comme le prouve Christelle Eby :

« Un de nos rôles est d’orienter les jeunes vers des professionnels, mais le temps d’attente s’allonge et parfois jusqu’à douze mois. Sauf urgence vitale, le temps d’attente est trop long et ce n’est pas satisfaisant. Les Points d’écoute fonctionnent comme une petite salle d’attente. Notre mission première est la prévention, mais nous nous retrouvons à faire un peu plus. »

Myriam Riegert s’inquiète également de « l’offre de soins moins conséquente ». En 2021, Camus accueille 1 917 étudiants, ce qui représente 3 % de la population étudiante, contre 1 382 l’année précédente. Mais le psychiatre doute qu’il puisse maintenir cette capacité d’accueil si les mesures extraordinaires prises pendant la pandémie ne sont pas maintenues :

« Le nombre de personnes accueillies augmente parce que notre argent augmente. Mais la pérennité de l’aide d’urgence n’est pas garantie. avoir de la visibilité pour ces deux postes après ce délai. »

Une réévaluation des moyens financiers à attendre

Interrogée sur les moyens, notamment financiers, mis en œuvre pour répondre aux problèmes de santé mentale des jeunes, l’Agence régionale de santé Grand Est s’est satisfaite en répondant qu’« une révision nationale du financement de la psychiatrie est actuellement en cours. (…) Nous attendons les résultats. »

Le numéro national de prévention du suicide, gratuit, accessible 7j/7 et 24h/24, est également mis en place depuis le 1er octobre 2021 : 3114. Son objectif est de « prendre en charge les personnes ayant des idées suicidaires et leur entourage ». , des premières pensées de mourir à la crise suicidaire. »