Assurance-crédit : avec la fin des questions de santé, les tarifs augmentent

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Depuis juin, les questionnaires de santé sont supprimés pour ceux qui empruntent moins de 200.000 euros, avec remboursement intégral avant 60 ans. Mais cette mesure fait grimper les prix.

Devenir propriétaire ? Une idée impensable il y a quelques mois pour Emma, ​​​​​​​​36 ans, touchée il y a des années par un cancer de l’utérus. Mais, grâce à une nouvelle législation, elle est sur le point de signer l’achat d’un appartement. Une évolution bienvenue, mais qui fait grimper les prix.

L’assurance emprunteur, de fait obligatoire, couvre divers risques comme le décès, la maladie ou l’invalidité. Il protège à la fois les emprunteurs et les banques contre d’éventuelles défaillances. Avec la loi Lemoine, entrée en vigueur le 1er juin pour les nouveaux crédits, toute personne qui contracte un prêt de moins de 200 000 euros n’est plus soumise à un questionnaire de santé pour garantir son crédit, à condition aussi que le remboursement total soit effectué. avant l’âge de 60 ans.

Pour les personnes malades ou récemment tombées malades, « on passe de l’impossible au possible », salue auprès de l’AFP Kévin Spreux, directeur du développement chez Prelys Courtage, l’entreprise qui a accompagné Emma.

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A la première tentative, elle a dû se soumettre à un questionnaire de santé car le crédit, au-dessus de 25 ans, l’a emmenée juste au-delà de 60 ans. Comme prévu, votre dossier a été refusé. Le fait qu’il soit en rémission depuis 2020 n’y a rien changé : « Nous maintenons une étiquette cancérigène », note Emma, ​​pour qui la loi Lemoine permet « de rétablir un peu la justice ». En réduisant la durée du prêt de 25 à 23 ans, elle a pu rester dans le cadre légal et obtenir son prêt.

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Des tarifs qui ont fortement augmenté

Comme elle, de nombreuses personnes ont adhéré à ce changement de législation pour tenter d’obtenir une meilleure assurance, témoigne Prelys Courtage. En assurant des personnes auparavant exclues ou dont les dossiers ont été acceptés moyennant le paiement d’une surprime, les assureurs assument cependant un risque qu’ils ont du mal à quantifier.

Cela peut « créer un effet inattendu pour que les gens sachent qu’ils vont mourir », a cyniquement résumé le responsable d’une mutuelle devant des journalistes. Si certains assureurs ont promis de ne pas augmenter leurs tarifs, comme CNP Assurances, filiale du groupe La Banque Postale et leader sur ce marché, voire de les baisser pour les jeunes, comme le Crédit Agricole, numéro deux de l’assurance emprunteur, c est loin d’être le cas pour tout le monde.

Le nombre de bonus a augmenté. Dans quelles proportions ? Selon une étude de la société Vertone qui a comparé 1.700 tarifs d’assureurs non bancaires, avant et après le vote de la loi, les tarifs appliqués aux emprunteurs en échec au questionnaire de santé ont augmenté de 49% en moyenne, avec de très fortes disparités. Olivier Le Gallo, directeur général de la société de courtage en ligne Magnolia.fr, estime pour sa part que cette augmentation a été de plus de 20 %.

Les nouvelles dispositions de la loi, comme la réduction de la durée du droit à l’oubli, qui dispense de déclarer certaines maladies cinq ans après l’arrêt des protocoles thérapeutiques contre les dix années précédentes, sont « un progrès de société mais qui a un prix », rapporte l’AFP.

Explosion des demandes pour changer d’assurance

Autre modification de la loi, aux fortes répercussions : la possibilité de changer d’assureur à tout moment et non plus seulement la première année puis à la date anniversaire de la signature du contrat. Sur Magnolia.fr, il y a eu « une explosion incroyable des demandes » avec un triplement des appels dans la première semaine de septembre, une fois la nouvelle législation appliquée aux anciens prêts, selon Le Gallo.

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L’assurance emprunteur est un marché détenu à environ 85% par les banques, qui dégagent des marges importantes au détriment du pouvoir d’achat des emprunteurs, dénoncent depuis plusieurs années les associations de consommateurs et les assureurs eux-mêmes.

Début octobre, le régulateur européen des assurances ciblait également les bancassureurs, évoquant « des risques importants de préjudice pour les consommateurs » et « une gestion insuffisante des conflits d’intérêts ».

La résiliation d’un contrat conclu par l’intermédiaire d’une banque au profit d’une compagnie d’assurance traditionnelle peut permettre d’économiser plusieurs milliers, voire plusieurs dizaines de milliers d’euros, sans diminuer la couverture du risque, puisque ce changement ne peut se faire qu’avec une protection équivalente. Et les banques qui autrefois traînaient les pieds jouent désormais « le jeu et sont réactives » depuis ces bouleversements législatifs, note M. Le Gallo.