Le permis de conduire change. Les auto-écoles en ligne mélangent désormais les schémas traditionnels trop chers. Si tous n’ont pas passé la seconde sans problème, certains comme Auto-école.net ou Ornikar ont su imposer un modèle économique solide.
Avec la loi Macron du 21 juillet 2016, entrée en vigueur le 1er janvier 2017, le permis de conduire devrait passer à la vitesse supérieure : obligation pour les préfectures de proposer des places d’examen dans un délai maximum de deux mois aux candidats libres, vérification du code par d’autres des opérateurs agréés délivrés que des auto-écoles comme La Poste… De quoi revoir un système ancestral qui commençait à flancher. Plusieurs entreprises l’ont bien compris en essayant de mettre sur le marché une licence 2.0 à moindre coût. Certains d’entre eux ont été lancés en 2014, comme Ornikar, Lepermislibre, En Voiture Simone ou encore Auto-école.net, souvent créés par de jeunes entrepreneurs. Mais tout le monde n’était pas à l’abri d’un départ délicat ou d’une sortie de route…
Permigo, un modèle économique remis en question
C’est le cas de Permigo, qui a été fondée à Lyon en 2014 et a fait faillite en avril 2017. Une vraie surprise car l’entreprise s’était classée troisième parmi ces nouvelles auto-écoles en ligne avec plus de 10 000 élèves inscrits et un vaste réseau de sites privilégiés à Lyon. Mais cela n’a pas suffi à le sauver de la faillite. Les facteurs possibles incluent un investisseur qui se retire du jour au lendemain, une collecte de fonds insuffisante et une mauvaise gestion de ses fonds. Il faut dire que la jeune entreprise a vu de grandes choses : un système informatique dernier cri, des locaux, des voitures à entretenir et plus de 90 salariés (une soixantaine de moniteurs et une trentaine de salariés administratifs). Outre les investissements massifs, l’association n’avait souscrit aucune assurance pour protéger ses étudiants en cas de difficultés financières. En d’autres termes, il leur est impossible de rembourser un service qui ne peut plus être rendu.
Un échec qui n’a pas remis en cause le nouvel Eldorado des auto-écoles en ligne, fortement décriées par leurs confrères traditionnels qui voient mal cette concurrence à moindre coût.
Car en plus de Permigo, des modèles économiques pourraient sortir du jeu, ce qui interroge sérieusement le nouveau système entre le numérique et le physique.
Auto-école.net et Ornikar, les modèles qui réussissent
Face à l’échec de Permigo, Auto-école.net a su imposer un modèle florissant. Fondée par Stanislas Llurens, l’entreprise est conçue comme un réseau d’agences (une quinzaine) où les étudiants apprennent en ligne. Les locaux sont ouverts deux heures par jour, mais le pari en vaut la peine. « Nous revendiquons déjà 23 000 étudiants formés. Aujourd’hui, nous recrutons chaque mois entre 1 000 et 1 500 nouveaux inscrits », explique Stanislas Llurens. Les points forts de l’entreprise ? Outils pédagogiques pour prévoir les pannes et identifier les faiblesses à améliorer, ainsi que pour optimiser les horaires des instructeurs et le déploiement des véhicules.
Les résultats sont impressionnants : 90 % de réussite au code (contre 60 % de moyenne nationale), 55 % de réussite au volant la première fois et 80 % la deuxième fois. « Nous avons 100 enseignants salariés, nous avons choisi de les embaucher sous contrat plutôt qu’en freelance », poursuit-il. Avec 1 800 euros nets par mois, les enseignants gagnent 500 euros de plus que ne le prévoit la convention collective, avec des taux inférieurs de 30 à 40 %. Un succès qui pousse le fondateur à se tourner vers l’avenir et à penser à doubler ses ventes. Le passage de la seconde semble s’être fait sans qu’il soit besoin du levier de vitesses…
Mais Auto-école.net n’est pas le seul poids lourd du secteur des auto-écoles en ligne. Ornikar, longtemps en proie aux acteurs traditionnels de l’industrie, a prospéré grâce à un modèle économique disruptif comme Uber ou un autre Airbnb. En divisant les tarifs habituels par deux (ainsi une heure de conduite est facturée à 34,90 euros, le kit candidat gratuit coûte 690 euros pour 20 heures de conduite), Ornikar a décidé de vendre la conduite et de la rendre plus accessible. Cette attitude rebelle n’est pas toujours appréciée et Benjamin Gaignault et Alexandre Chartier, les fondateurs d’Ornikar, se heurtent à divers syndicats et associations.
En seulement cinq ans d’existence, l’entreprise a connu neuf tentatives. Cependant, il a ouvert la voie en signant un partenariat lucratif avec BNP Paribas pour proposer le code aux nouveaux arrivants de moins de 30 ans. Récemment, Ornikar a notamment bénéficié d’une levée de fonds de 1,5 M€ qui lui a permis de rester rentable.