Avant Internet, acheter une voiture d’occasion était une aventure…

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Written By MilleniumRc

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Elle n’a pas apprécié d’être réveillée à 6 heures du matin. En 1989 ou 1990, je ne me souviens plus, ma tante, qui détestait se lever tôt, devait répondre à plusieurs téléphonistes qui sentaient bon. Elle avait mis en vente son Opel Corsa 1.2 Viva de 1986 pour 12 000 F, sauf qu’au lieu de mentionner 120 000 km, l’annonce n’en indiquait que 12 000… Alors, ça a décroché ! C’était jeudi, le jour où paraissait La Centrale des Particuliers, ce journal papier qui était l’outil de référence pour chercher sa voiture d’occasion. Vous vous dites oui, mais à cette heure matinale, les marchands de journaux ne sont pas encore ouverts.

Certes, mais il y avait le Minitel (certes, c’est déjà numérique), où l’on peut consulter très tôt les annonces (en payant environ 1 franc la minute) en tapant 3615 Lacentrale. Cela dit, ce n’est qu’à 7 heures du matin. si je me souviens bien. En fait, certains prétendent que les bonnes affaires sont sorties dès l’impression des journaux, avant même leur distribution, avec quelques avantages percutants accordés aux personnes bien placées.

Autre particularité de l’époque, il fallait payer pour publier l’annonce de sa voiture dans des périodiques, et le prix variait selon que l’on souhaitait l’agrémenter d’une photo ou non. Les meilleures affaires n’étaient évidemment pas illustrées, et il fallait parcourir des centaines de lignes remplies de mentions abstruses « pr.m, ve, fc » qui signifiait « première main, vitres électriques et fermeture centralisée », pour ne citer que celles-là.

On se méfiait du « km au compteur », car cela impliquait que le kilométrage réel pouvait être différent, et du « mot neuf », pour un moteur neuf, qui n’aurait pu subir qu’un changement de joint de cylindre. t, comme maintenant, demander des photos car cela signifiait que le vendeur devait en prendre (tout le monde n’avait pas d’appareil photo), les développer, ce qui coûtait très cher, et vous les envoyer ensuite par courrier. Trop long ! Alors, nous avons corrigé un rendez-vous et là, nous avons eu des surprises, bien plus que maintenant.

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C’est avec consternation que j’ai vu arriver ce que je comptais acheter en 1993. 000 km. Très intéressant, d’autant plus que cette version était rare. En effet, j’ai vu arriver porte d’Italie une 70 S (pas le même modèle), de 1984, et elle était recouverte d’un horrible reflet rose sur sa peinture verte appliquée à la va-vite, débordant sur les joints. J’ai même refusé de l’essayer.

Ensuite, je suis tombé dans les colonnes de La Centrale sur une VW Polo 1.3 CL de 1985, de première main et affichée à 15 000 F pour moins de 80 0000 km. J’appelle le vendeur, qui m’assure de son bon entretien, de son historique complet et de l’authenticité des milles, elle est bien vérifiée car elle a été assurée précisément au kilomètre. Au coffre, je me vante, je me dis que c’est la bonne, puis le patron me révèle, d’un ton un peu moqueur : « Il n’y a qu’un problème : tu es la 72ème personne à m’appeler aujourd’hui ».

Enfin, j’ai acheté une Peugeot 205 GT de 1984 (13 000 F pour 68 000 km si ça vous intéresse), avec son lot de vices plus ou moins cachés, résolus après quelques menaces bien senties adressées au vendeur. Celui-ci, un professionnel qui tente de se faire passer pour un particulier, ne s’attendait pas à se retrouver sur son lieu de travail…

A cette époque, les annonces automobiles étaient expédiées dans la presse écrite : j’adorais commencer à lire les vieux magazines comme Auto Retro ou Retrovisor justement à partir des pages dédiées aux voitures à vendre, et il y en avait beaucoup ! On les retrouvait aussi dans des magazines généralistes comme Auto Plus, des quotidiens comme Le Parisien si on habitait en Ile de France (mais il n’y en avait que quelques-uns), et surtout Argus.

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Cette dernière s’adressait davantage aux professionnels, mais en plus des annonces, elle produisait un classement qui faisait référence depuis des décennies. Il était très bas, et pour le concurrencer, La Centrale avait créé le sien, plus avantageux pour les vendeurs particuliers. Ainsi, les petits malins s’amusaient à utiliser le premier pour négocier l’achat d’une voiture, et le second lorsqu’ils venaient la vendre…

Plus tard est apparu Jannonce, qui a sérieusement concurrencé La Centrale : vous pouvez y annoncer votre voiture (ou une autre) gratuitement. Vous l’avez compris, la recherche du « bon plan » impliquait alors l’achat d’un lot de presse, et durait une bonne semaine entre deux parutions. Chose difficilement concevable à l’heure actuelle.

Internet a fini par redistribuer les cartes, ce qui n’a que du sens. Quel progrès ! Désormais, les annonces sont presque toutes illustrées, on reçoit chaque jour notre sélection quasiment en temps réel sur notre boite mail, on peut consulter une partie de l’historique de la voiture en ligne, voire faire des recherches hors du pays, et ça ne coûte rien la plupart du temps le temps. Avec cette abondance d’offres consultables sans se ruiner, les comparaisons se font immédiatement. Par conséquent, la notion de classement officiel est désormais beaucoup moins pertinente.

Dommage que les magazines ne puissent plus gagner autant d’argent en publiant des petites annonces payantes, ils perdent un peu de leur intérêt d’ailleurs, mais c’est le monde. C’est définitivement plus facile de ne pas se tromper de nos jours, même si certains vendeurs sont très doués pour n’envoyer que des photos qui ne montrent pas les défauts de leur voiture.

Je me souviens d’un professionnel allemand bien connu, basé à Cologne, qui m’a assuré que la sellerie de l’ancienne voiture qui m’intéressait n’avait besoin que d’une petite couture. Une fois sur place, j’ai vu qu’elle était détruite… Le manque de confiance doit rester en place !