Sommaire
Avatar. La voie de l’eau
♥♥♥ Film de fiction américain, de James Cameron, avec Sam Worthington, Zoe Saldana, Kate Winslet, Sigourney Weaver (3h12).
Autres atouts : la technologie moderne (performances d’enregistrement et modèles numériques), le temps de production (plus de cinq ans), le budget (on parle de 400 millions de dollars). Jake Sully, l’ancien marin tombé amoureux de la planète cérébrale Pandora, et de la belle Neytiri, n’est plus. Au moins, il a fait sa transformation finale en humain Na’vi jusqu’à ce qu’il fonde une famille avec son amant. De quoi son meilleur homme, l’été de Miles Quaritch, n’était pas satisfait. Menacés par les avatars de Quaritch et de son chef qui tentent de le détruire, Sully et sa famille se réfugient dans une sorte de cohabitation avec la mer.
La première heure, putain, on est pressé d’avaler ses petites histoires (oui, Quaritch s’est créé un avatar pour attendre sa mort) et sa licence poétique (comment un Na’vi peut accoucher d’un avatar ? ). Le second, le plus inspiré (entre « Moby Dick » et « Pinocchio »), est transformé en histoire d’ouverture en utilisant la scène du plus jeune Sully et Neytiri face à son étonnante découverte de la biosphère marine. Le troisième, dans lequel la complexité dramatique de Cameron équilibre la simplicité des ventes, rassemble les thèmes de tous ses films précédents dans un flot d’action.
« Avatar, le chemin de l’eau » : une émission à grand succès, mais pour la révolution, on reviendra
Corsage
♥♥♥ Histoire austro-luxembourgeoise-franco-allemande, par Marie Kreutzer, avec Vicky Krieps, Florian Teichtmeister, Katharina Lorenz (1h53).
A 40 ans, Sissi respire sous le poids des ordres patriarcaux : rester jeune et maigre, éviter de faire de la politique, rendre visite à ces fous pour lui redonner une image de lui. Dans « Corsage », il est enfin devenu un héros. Marie Kreutzer joue à fond, sur une bande son pop, punit le pouvoir du paraître et offre à Vicky Krieps, pilotant le projet, l’un de ses plus beaux rôles depuis « Phantom Thread ». Moderne et audacieux, le film résiste au poids de la cour dans le ring (l’Impératrice retrouve le théâtre muet, joue avec des évanouissements, nage comme Esther Williams dans le lac), puis Cela conduit à la solitude d’une Lady Di de l’époque qui souffrait de colère et de dépression. . Emotionnellement figée, sans cesse en retrait et projets sournois pour échapper à son manque d’avenir, cette post-#MeToo Sissi nous a conquis. Sophie Grassin
Stella est amoureuse
♥♥♥ Comédie française, de Sylvie Verheyde, avec Flavie Delangle, Marina Foïs, Benjamin Biolay (1h50).
Au milieu des années 1980. Stella, 17 ans, fille de bistrotière (le père s’est enfui avec une… Stella), elle retrouve les Bains Douches, Paris branché et sexy André, un noctambule noir, le Bac Année. Entre sa petite ambition d’obtenir un diplôme et l’appel du dancefloor, elle balance, rêve, trouve l’amour, évite les poches, retrouve son statut de fille et parle à peine. Car, à distance, c’était une douleur meurtrière, une urgence à une époque où on ne le disait pas comme aujourd’hui. Le côté aveugle restera dans une photo qui s’écrit comme un journal intime en dernier. Le réalisateur, après « Stella » (2008), poursuit sa biographie, écrite avec une grande vérité de l’époque (New Order, Touche pas à mon pote), la puissance et le flou de cette année, la sororité et la jalousie. Regards inquiets et désir confus, la jeune Flavie Delangle est renversante. N.S.
Fièvre méditerranéenne
♥♥ Drame israélien, de Maha Haj, avec Amer Hlelel, Ashraf Farah, Anat Hadid (1h50).
Dans une maison de Haïfa, une curieuse relation se noue entre Walid, un écrivain brisé, et Jalal, son voisin malicieux : le premier tombe amoureux du second, et, au passage de leurs conversations, tout se mélangeait : l’identité palestinienne, l’avenir dans le doute, le sentiment de mécontentement. Cette inquiétante épidémie de fièvre méditerranéenne… Maha Haj (« Affaires personnelles ») est une autopsie de cette maladie, en s’amusant, en trouble, trouble ou déplace les allumettes, jusqu’à la fin terrible. C’est un beau film, un peu lent, proche de la comédie, mais très juste dans sa description d’un malaise culturel. François Forestier
Anna
♥♥ Documentaire de cinéma-vérité italien, d’Alberto Grifi et Massimo Sarchielli (3h40, 1975).
L’Italien de l’âge du leadership et l’Italien de l’art social : Armés d’une caméra vidéo (une innovation en 1975, qui libéra les cinéastes du poids du budget : la vidéo n’avait aucun coût), Alberto Grifi et Massimo Sarchielli suivirent Anna , fille interdite, hippie, enceinte (et pleine de poux). Ils tournent, ils tournent, et s’inspirent de « Joli Mai » de Chris Marker et Pierre Lhomme (1963). Tout y passe : les déclarations politiques, les convictions personnelles, le statut des femmes, et, à un moment donné, l’un des techniciens, Vincenzo, entre sur le terrain et exprime sa passion pour Anna, brisant la frontière dans la distance entre les objets devant l’appareil photo. et les choses derrière. A cette époque, le film est unanimement considéré comme une étude critique du cinéma-vérité, une critique du capitalisme, une déclaration de révolution. Tout finit mal : un an plus tard, seule avec Vincenzo et le bébé, Anna disparaît. Il y a quatre ans : Interrompu dans une dispute entre un homme et une femme sur la place Campo de Fiori à Rome, Vincenzo sera tué par le frère de Gian Maria Volonté, Claudio Camaso. Il se suicidera en prison. Nous ne pourrons pas savoir ce qui est arrivé à Anna, sauf qu’elle est allée dans un hôpital psychiatrique, ou ce qui est arrivé au bébé. Quant à Alberto Grifi, décédé en 2007, et Massimo Sarchielli, décédé en 2010, il y aura une dispute sur la question commune : qui est l’auteur du film ? Vu aujourd’hui, « Anna » est un document passionnant de films de liberté ou un classique provocateur (et très long) de la masturbation de ces années-là. F.F.
René Clair l’enchanteur
Il a marqué l’histoire du cinéma, avec ses films qui lient grâce, force, imagination et jeux d’amour. René Chomette (également connu sous le nom de Clair) a dominé l’écran français pendant un demi-siècle et ses films sont considérés comme des œuvres d’art importantes. Cinq films se démarquent : « Paris qui dormit » (1925), « Sous le toit de Paris » (1930), « Le Millionnaire » (1931), « A nous la liberté » (1931), « Quatorze Juillet » (1933) . Cinq petites merveilles, de la comédie musicale aux réseaux sociaux, qui ont marqué une époque, et qui ravissent les yeux : les décors de Lazare Meerson dans l’inoubliable « The Million », de Raymond Cordy dans « A nous la liberté c’est génial », et celui de Maurice Jaubert chanson de « Quatorze Juillet » résonne dans votre tête. Chaplin admirait René Clair, Truffaut aussi. Les États-Unis aussi. F.F.
Mon Héroïne
♥ Comédie française, de Noémie Lefort, avec Chloé Jouannet, Pascale Arbillot, Louise Coldefy (1h48).
Une fille de Rouen, élevée seule par sa mère et fan de Julia Roberts, rêve de faire des films et se rend à New York pour soumettre un scénario à son idole. Noémie Lefort a vécu et porté ce film de fille, produit par Universal !, dont la véritable honnêteté plie sous le vide de l’écriture, les trucs et tics de l’époque (plans drone, réponses « soudaines » à trois). Le manque d’empathie pour le personnage, décrit sans grâce par Chloé Jouannet, n’aide pas non plus. Dommage pour Pascale Arbillot, qui effleure le rôle de la mère comblée, et Louise Coldefy, qui est très drôle dans le rôle de sa tante. N.S.
Poet
♥♥ Drame kazakh, de Darezhan Omirbayev, avec Yerdos Kanaev, Serik Salkinbayev (1h45).
À une époque où la culture était sacrifiée sur l’autel de la mondialisation, un jeune poète découvre l’œuvre d’un de ses amis du XIXe siècle et y trouve un exemple du résultat final en écho à sa position. L’auteur de « Hitman » continue de penser profondément, professionnellement et de manière convaincante son cinéma. Si son conte de fées est parfois violent, c’est parce qu’il fait référence au monde moderne et à son culte de la technologie. Dans la réussite de la plastique, ce « Poète » n’a qu’une chose en plus : c’est plus de l’imagination que de la poésie. Xavier Leherpeur
Despedida
♥♥ Faanatura Brasilia, de Luciana Mazeto et Vinicius Lopes, avec Anais Grala Wegner, Patricia Soso, Ida Celina (1h30).
Anna, une fillette de 11 ans, traîne avec le fantôme de sa grand-mère décédée, se promène dans une forêt magique, transforme les disputes familiales en contes de fées (ou en sorcellerie). Quelque part entre l’imaginaire brésilien et les rêves de jeunes enfants, le film aborde des thèmes graves : la tristesse, le sort de l’enfant, le silence des adultes. Les deux réalisateurs utilisent toutes les palettes spéciales disponibles (animaux, vie, effets spéciaux, musique) et créent un univers magnifique et terrifiant. Seul avertissement : l’interprétation de l’actrice, Anaïs Grala Wegner, est parfois un peu dure. F.F.
Les Années Super 8
♥♥♥ Commentaire français, par Annie Ernaux et David Ernaux-Briot (1h01).
Début 1970. Annie Duchesne, aujourd’hui Madame Ernaux, n’imaginait pas, même dans ses rêves les plus fous, qu’elle recevrait un jour le prix Nobel de littérature. Et pour cause : confrère des livres modernes, il a commencé seul à écrire, en cachette, son premier livre, « Les Armoires vides ». Issue d’un milieu modeste, elle mène une vie fastueuse au bord du lac d’Annecy avec son mari, Philippe Ernaux, greffier, et leurs deux fils, Eric et David. Ce dernier a sélectionné et monté des films muets de films Super 8 réalisés par son père (aujourd’hui décédé) entre 1972 et 1981, et sa mère, étudiant son Journal de ces années-là, s’explique de lui-même. Le résultat est remarquable : on y voit un jeune homme, « descendu d’en haut », qui a tout pour être heureux, mais ne l’accueille pas et veut écrire pour « garder [sa] race ». Alors que son mariage se rompait, sa future carrière se créait. Ce film sépia peut aussi s’intituler « Lost Illusions ». Jérôme Garcin
48 heures en Italie avec Annie Ernaux, prix Nobel de littérature
In Viaggio
♥♥♥ Ecrivain italien, de Gianfranco Rosi (1h20).
Sujet simple : les voyages du pape François. Rapport régulier ? Pas du tout: sur les photos (sans explication) montrent un sentiment incroyable, même pour les non-croyants. Il faut voir cette femme en larmes, au Brésil, presser son visage contre la main du pontife. Ces visages en République Centrafricaine, ont été changés par l’espoir. Ces hommes et ces femmes du Mexique et d’ailleurs, façonnés par une foi ardente, portés par le bien qui se dégage de François… Gianfranco Rosi (« Fuocoammare ») capte ces protestations avec sa caméra audio. L’humanité existe, et elle est écrasante. F.F.
♥♥♥♥ Bandes originales. Une histoire illustrée de la musique au cinéma
Par Thierry Jousse, EPA, 288 pages, 45 euros.
Dans l’ensemble, vous saurez tout sur la musique de film. Du son d’Hollywood à la New Wave, des compositeurs d’aujourd’hui (Herrmann, Morricone), en passant par les DJ (Tarantino, Wong Kar-wai). Après son « Dictionnaire enchanté de la musique au cinéma » (Marest, 2022), le critique et musicien Thierry Jousse, responsable de l’émission « Ciné Tempo » en Franco-Musique, lui a accepté cette histoire d’album étonnant pour tous, spectacle et bienveillance. . Chaque chapitre a sa propre sélection de tâches importantes. Bonus important : accès gratuit en ligne à une liste de 57 chansons, compilées par l’auteur, couvrant tous les styles et toutes les époques. Un incontournable pour les vacances. N.S.
♥♥♥ Conversations avec Dean Tavoularis
Par Jordan Mintzer, Synecdoque, 352 pages, 69 euros.
C’est très impressionnant. D’abord, à travers les caractéristiques de Dean Tavoularis, qui scénographe-réalisateur-designer-scénographe pour Antonioni (« Zabriskie Point »), Coppola (« Le Parrain »), Wenders (« Hammett »), Polanski (« O the Ninth Gate ») . Cet album, que tout le monde devrait posséder, est un trésor : dans les années 90, Tavoularis décrit son film (c’est un artiste), et ses aventures avec Arthur Penn (deux films) ou Coppola (treize photos !). L’art – photographie, dessin, peinture – est magnifique. F.F.
« Bonnie and Clyde », « The Godfather », « Apocalypse Now » : Dean Tavoularis, l’homme derrière le plateau
Ernest et Célestine. Le voyage en Charabie
♥♥♥ Artiste français, par Julien Chheng et Jean-Christophe Roger (1h19).
La souris Célestine et l’ours espiègle Ernest se rendent à Charabie, leur pays d’origine. C’est un pays fou de musique, mais désormais il est interdit d’y faire la moindre note. Les artistes vivent cachés, et l’élite règne sur la population des morts. Après le succès de la première partie des événements (au cinéma) de cette star des albums pour enfants, on a eu peur d’un signe de récidive. Donc non. Ce nouveau matériau est plus vivant, drôle, lyrique et politique. Les échos que le drame crée avec les horreurs géopolitiques trouvent leur place dans cette fable émouvante et formelle. XL