Avec la hausse des taux d’intérêt, l’épargne-logement retrouve sa vocation première

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Posté le 3 déc. 2022 à 12:00

Un peu moins d’économies, un peu plus de logements. En raison de la hausse des taux des crédits immobiliers, le Plan d’Epargne Logement (PEL) pourrait bientôt retrouver sa vocation première : permettre aux clients d’obtenir un prêt immobilier à taux garanti à l’avance.

Ces dernières années, les 12,2 millions de PEL représentant 291 milliards d’euros d’actifs (à fin 2021) ont été détournés de cet usage, à la Cour des comptes, pour servir d’épargne ultra-sécurisée avec une commission très attractive pour un risque -investissement gratuit.

« Avec la dernière génération de PEL, tirée après 2016, vous pouvez accéder à un taux de crédit de 2,20 %. Compte tenu des taux actuels du marché, généralement supérieurs à 2 %, cela peut commencer à devenir intéressant », explique Cécile Bruyères, responsable des produits d’épargne logement chez Société Générale.

« Avoir un PEL donne droit à un prêt de 2,20% sur 15 ans qui peut être complété par un deuxième prêt après 20 ou 25 ans, cela peut être intéressant pour le client », s’exclame Laurent Bortoli, responsable des offres assurance crédit et prêteur à La Banque Postale.

Retournement de situation

Cela changerait pour le PEL, ignoré dans sa dimension crédit ces dernières années, les prêts classiques ayant été beaucoup moins chers jusqu’à ces derniers mois. Un nouveau PEL pourrait également être ouvert dans les semaines à venir par des clients craignant que les crédits classiques deviennent plus chers et tentant donc de verrouiller le taux à son niveau actuel, tant qu’il est encore temps.

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« Pour l’instant, on ne peut pas dire qu’il y ait une réelle concurrence du PEL sur les crédits immobiliers traditionnels. D’autant que les montants à emprunter via les PEL restent limités : un maximum de 92 000 euros », du ton d’Hugues Lebrun, directeur adjoint de l’offre épargne chez Société Générale.

Une telle démarche serait objectivement une bonne nouvelle pour les banques, qui espèrent depuis longtemps une réduction des PEL impayés, car ils sont très chers à payer. « Avec un encours de 107,7 milliards payés à 4,5% en moyenne, la pression des PEL ouverts avant 2011 reste élevée », soulignait l’an dernier la Banque de France dans son rapport sur l’épargne réglementée.

Le match avec le Livret A

Le nouvel environnement des taux d’intérêt pourrait faciliter l’inverse pour les banques : d’une part, parce que le PEL peut être à nouveau utilisé comme source de crédit ; d’autre part, parce qu’il devient un peu moins attractif comme produit d’épargne. Le Livret A qui est actuellement rémunéré à 2 % net d’impôts et de cotisations sociales est en effet bien meilleur que les PEL ouverts depuis 2016 (qui ne sont rémunérés qu’à 1 %).

Si toutefois cette charge venait à augmenter – comme cela pourrait être le cas avec la hausse des taux – les caisses d’abondement avec le Livret A ou le fonds d’assurance-vie en euros resteraient largement ouvertes.

Ces inflexions auront des conséquences réelles et offensives pour les banques : ces dernières, s’attendant justement à ce que leur PEL (et CEL, le Compte Epargne Logement) restant augmente régulièrement, dépensent chaque trimestre des provisions atteignant parfois des dizaines, voire des centaines de millions d’euros, entendant payer ces économies.

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Signe des temps, l’un des poids lourds de l’épargne des ménages, le Crédit Agricole, n’a pas augmenté ses provisions PEL/CEL au cours du troisième trimestre, alors qu’au contraire elles ont augmenté en début d’année : à neuf mois, les 39 régions ainsi les mutuelles et sa filiale LCL ont apporté respectivement 412 millions d’euros et 34 millions d’euros à cet effet.

Chez BPCE, l’autre acteur majeur de l’épargne des ménages, les provisions s’élèvent à 689 millions d’euros à fin juin (derniers chiffres disponibles), en hausse de 3,7% sur un an.