C’est le plus gros établissement de santé de la région Grand Est, mais aussi le plus gros déficit de France en 2021 : à Strasbourg, les CHU alertent sur leur fragilité financière, avec près de 500 millions d’euros de dettes. Les aides promises par l’Etat tardent à arriver et la situation devient critique.
1,27 milliards à partager
Dans le cadre du Ségur de la santé, plus d’un milliard d’euros d’aides ont déjà été alloués à l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est pour venir en aide aux établissements médicaux : « 836 millions d’euros serviront au redressement financier des plus endettés ». établissements de la région et 304 millions d’euros permettront de relancer les investissements en santé », écrit l’ARS dans un communiqué.
Oui, mais voilà, le partage prend du temps à faire : « Nous sommes toujours le CHU qui a malheureusement été le plus impacté par la crise du Covid. Cela fait un moment que nous attendons des annonces et nous ne voyons rien venir alors nous sont un peu inquiets », explique le professeur Emmanuel Andrés, président de la Commission médicale d’établissement des HUS Plus de 30 % de la dette des HUS pourraient être récupérés grâce à l’enveloppe Ségur, avec en plus des aides à l’investissement.
Les causes du déficit
Aujourd’hui, les hôpitaux strasbourgeois se retrouvent avec un déficit de plus de 70 millions d’euros prévu pour 2021 et environ 500 millions d’euros d’emprunts à rembourser. En jeu, la crise sanitaire, mais aussi des investissements dans de nouveaux bâtiments et services comme Hautepierre 2, l’agrandissement de l’hôpital existant ou encore l’institut du cancer ICANS.
« Ces investissements étaient absolument nécessaires pour avoir une offre hospitalière publique pour nos concitoyens », insiste le professeur Emmanuel Andrés, « mais nous les avons financés sans aides de l’Etat, donc les aides dont nous n’avions pas à l’époque devraient l’avoir aujourd’hui ».
Une situation urgente
« S’il n’y a pas de possibilité d’investissement, nous ne pourrons peut-être pas garder les jeunes médecins et soignants de demain », déplore le professeur Emmanuel Andrés, « nous risquons de ne plus être le CHU de référence avec l’excellence et l’innovation qui cela apporte. n’ont pas aujourd’hui, demain nous paierons en espèces. »
Côté syndical, on soutient aussi l’urgence de la situation : « On a clairement besoin d’aide, on a besoin d’argent », insiste Florent Creutin, secrétaire de la CFDT des HUS. Mais il redoute aussi l’impact sur l’environnement de travail du personnel hospitalier : « Qui dit gros endettement, dit économies : mais où va-t-on le faire ? Sur le dos de qui ?
De son côté, la direction garantit qu’elle fera tout pour protéger ses soignants et agents, tout en agissant, dit-il, « de manière responsable » pour sortir de cette impasse financière. Contactée par France Bleu Alsace, l’ARS Grand Est n’a pas répondu à nos questions ce jeudi soir.