Bas-Rhin : Et si un seul numéro de téléphone pouvait entraîner des urgences ?

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Nous avons probablement tous vécu cette attente, qui nous semblait alors interminable, aux urgences de l’hôpital. On voit aussi défiler chaque hiver des alertes « urgences saturées » lors des épidémies. Alors que la Cour des comptes a récemment estimé que les urgences hospitalières sont encore « débordées », jugeant le système actuel « à bout de souffle » et prônant le développement de la médecine de ville, un dispositif expérimental inédit a été présenté lundi à Strasbourg.

Baptisé « Un médecin 116 117 », ce service vise à désengorger les urgences du Bas-Rhin grâce au développement de l’offre de soins non programmés dans la ville. Avec la volonté, au passage, d’inciter les patients à changer de comportement ou d’habitudes. L’idée : les convaincre de consulter un médecin en ville en journée sans rendez-vous en peu de temps plutôt que d’attendre et de surcharger les urgences.

Réorienter les patients pour améliorer la prise en charge

Grâce à un numéro de téléphone unique, une bonne partie du problème peut être résolu, selon l’Agence régionale de santé (ARS) et l’Union régionale des professionnels de santé-médecins libéraux (URPS-ML) du Grand Est, instigateurs du projet aux côtés des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (HUS).

Comment ça fonctionne ? 116 Le 117 est joignable gratuitement du lundi au vendredi de 8h à 20h. A l’autre bout du fil, un médecin régulateur libéral posera quelques questions pour évaluer l’urgence ressentie, établir un pré-diagnostic et consulter un médecin (ou basculer le traitement à 15). La priorité est donnée au médecin traitant le patient, s’il fait partie du dispositif, ou au médecin le plus proche (en fonction de la géolocalisation). La visite peut avoir lieu au cabinet ou, si nécessaire, à domicile. Une vingtaine de minutes suffisent généralement pour orienter le patient.

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« Les patients ne savent pas »

Les promoteurs du projet insistent : il s’agit avec ce service de capter les patients qui se rendent aux urgences alors qu’ils n’en auraient pas forcément besoin : « Près de 40 % des passages devraient être pris en charge ailleurs, chiffre Christophe Lannelongue, directeur général de l’ARS, ce qui produit un effet de saturation et de désorganisation qui pénalise à terme les véritables demandes d’urgence, la volonté étant ainsi de remettre les patients dans la bonne boucle de soins.

Le Dr Guilaine Kieffer-Desgrippes, présidente de l’URPS-ML, poursuit : « Environ 70% des patients n’ont appelé personne avant de se rendre aux urgences, ni le médecin traitant, ni le Samu… » Selon elle, dans la moitié des cas, un simple avis médical suffit. « Dans la tête des parents, par exemple, si leur enfant a de la fièvre à 38,5°C, on va chez son médecin, mais à 40°C on va aux urgences. Nous l’avons tous fait. Mais les gens doivent accepter et avoir confiance en d’autres solutions, soutient le Dr Fieffer-Desgrippes. Il ne s’agit pas d’interdire mais d’apporter une autre réponse. Certains vont aux urgences parce qu’ils ne savent pas, on ne l’a jamais su. Nous faisons aussi un travail pédagogique ici. »

« Un médecin 116 117 » est testé depuis novembre à Strasbourg : désormais 60 médecins participent à la régulation du 116 117 et 130 sont abonnés au système d’information des visites médicales géolocalisées. Un point sera fait dans trois mois pour savoir s’il convient d’étendre ce dispositif au samedi matin, période du week-end qui n’est pas concernée par les horaires de garde des médecins. Et les urgences la nuit ? « Il y en a très peu », répond Christophe Lannelongue. Mais les services d’urgence sont saturés le soir à cause d’un trop grand nombre de patients arrivant dans la journée. C’est ce qu’il espère améliorer.

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