Cadeaux de Noël : « Je n’ai besoin de rien »… Pourquoi ce…

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« Et vous, qu’est-ce qui vous ferait plaisir à Noël ? Combien de fois la question, posée avec avidité et intérêt, a-t-elle reçu les réponses les plus inutiles : « rien » ou, pire, « je n’ai besoin de rien » ? Que dit cette phrase sur celui à qui on veut faire du mal ? Un fond de politesse, bien sûr, qui correspond au passage obligé du don, un souci économique, très probable. Mais pas seulement…

L’absence de réponse, « ça me gêne prodigieusement », avoue Sylvie, 53 ans, rencontrée au rayon « idées cadeaux » d’un grand magasin parisien, lieu des naufragés hors-piste. « Je suis réduit à venir ici pour trouver le cadeau de mon frère pour la troisième année ; il ne me donne aucune direction et n’a aucune véritable passion. Même son partenaire est sec », soupire-t-elle. Jeux de société collaboratifs pour l’apéro promettent « du plaisir à toute allure », énigmes et pyramides en bois, leur mystère ; la machine à expresso à emporter assurera sans doute un très bon café en excursion, mais « c’est encore ridicule à notre époque », commente Sylvie, qui opte, faute de mieux, pour un plaid assez moelleux. Isadora entend ce refrain chaque année. « Sortie de la bouche de mon mari, et je n’en peux plus ! »

Dans la famille de Salma, on pratique le « Noël canadien ». « On met les prénoms de tous les adultes dans un chapeau, chacun dessine une feuille de papier, et le prénom dont vous héritez est celui à qui vous offrirez un cadeau », explique-t-elle. Je m’occupe du cadeau de mon père. Et je ne sais pas quoi lui offrir, comme chaque année », soupire-t-elle. Qu’est-ce qui plairait vraiment à son père ? « J’ai demandé à ma mère, qui lui a demandé, et… il n’a besoin de rien. Il adore les nouvelles technologies, mais il a déjà reçu des cadeaux geek pour son anniversaire et la fête des pères, et il faut un gros budget pour offrir plus qu’un gadget », dit-elle, l’air agacé par un chargeur de téléphone solaire.

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« Beaucoup d’adultes que je reçois font cette réponse défensive : ils ont le désagréable sentiment que la personne qui les interroge ne les connaît pas assez pour savoir ce qui les rendrait heureux », explique Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne et psychothérapeute à Nanterre ( Hauts de Seine). « Évidemment, ça dépend de qui pose la question, mais c’est une façon de dire j’aimerais que tu saches ou tu cherches, et ainsi tu seras seul. »

Ce type de répartie vient aussi souvent d’un homme ou d’une femme qui n’aime pas être le centre de l’attention. « Dire ce qui nous donne envie, c’est se trahir un peu », remarque encore le psychologue. « Il y a des moments où on sent qu’on n’a pas besoin de beaucoup de matériel, mais la question peut aussi influer sur ce qu’on s’autorise à demander, quelle estime de soi on a », quelle valeur on se donne, abonde-t-elle. « Tout le monde n’a pas la culture du cadeau, surtout les gens qui n’ont pas été très gâtés dans leur enfance », dit-elle.

« Nous sommes à un tournant, beaucoup de gens s’inquiètent de la surconsommation, et cela peut être une réponse apportée par l’inquiétude citoyenne », estime pour sa part Christine Barois, psychiatre à Paris. « Aujourd’hui, les nouvelles générations ont assez d’argent pour dire ce dont elles ont besoin, ou pour l’échanger si elles ne l’aiment pas », maniant sans complaisance la nuance entre désir et nécessité. « Dire que je n’ai besoin de rien peut aussi signifier que je refuse l’échange de courtoisies, qui consiste à offrir quelque chose de réciproquement, mais c’est aussi une ouverture : je n’ai besoin de rien ne veut pas dire que mes besoins sont satisfaits donc je devrais être surpris par quelque chose. , que seriez-vous prêt à m’offrir », décortique le médecin. Sylvie et Isadora sont prévenues.