Cette nouvelle ligne de croisière a pour ambition de proposer des voyages à taille humaine et des destinations originales.
Un nouveau croisiériste français ? En ces temps de prise de conscience du changement climatique, les prévisions peuvent surprendre. Les croisiéristes et leurs immenses paquebots sont en effet accusés de pollution, de participer à un tourisme de masse qui n’est plus viable. En France, les communes qui ont longtemps bénéficié de cette activité tentent même de l’abandonner.
Cela n’empêche pas la création de la Compagnie Française de Croisières. Mais en s’adaptant un peu à cette nouvelle situation. Basée à Marseille, elle entend proposer des voyages à taille humaine et des destinations originales, avec un navire plus petit qui transporte moins de passagers et des séjours plus longs.
« Acteurs reconnus du monde des croisières depuis plus de vingt-cinq ans, Clément Mousset et Cédric Rivoire-Perrochat, respectivement âgés de 47 et 49 ans, sont les co-fondateurs de la Compagnie Française de Croisières (CFC), un tout nouvel acteur qui réintroduit désormais la croisière à la française auprès des consommateurs « Premium. Leur devise : renouveler la tradition du voyage long-courrier », lit-on dans la présentation de l’entreprise.
Fondamentaux de la croisière
Concrètement, CFC « prévoit de revenir aux fondamentaux du voyage croisière, loin des excès d’un resort croisière et plus attentif à ses passagers ».
La compagnie ne possède qu’un seul navire Renaissance (629 cabines, 1100 passagers, 560 membres d’équipage) sous pavillon français, immatriculé à Marseille, « pour la première fois depuis 38 ans ». Le navire lui offre « plus d’espace par passager que n’importe quel autre navire de sa catégorie », assure la compagnie.
Ses voyages, qui durent le plus souvent plus de douze jours et sont entièrement francophones, partiront et reviendront exclusivement de deux ports français : Le Havre et Marseille.
Clément Mousset et Cédric Rivoire-Perrochat, qui peaufinent leur projet depuis quatre ans, se disent « très conscients de la nécessité d’ouvrir un segment qui n’a pas été occupé dans le tourisme de croisière français ».
Grande évasion de 120 nuits
Le premier départ est prévu en février 2023 vers les aurores boréales et sa saison inaugurale se poursuivra en Europe du Nord, en Islande, puis de Marseille vers les îles grecques, les îles Canaries, la Terre Sainte et l’Algérie. Enfin, le 8 janvier 2024, Renaissance embarquera sur la Grande Évasion avec 120 nuits à bord, un voyage extraordinaire de 50 escales autour de l’Afrique et de l’Océan Indien.
« Renaissance invite les passagers à un véritable retour aux sources, à découvrir ou redécouvrir des destinations emblématiques : la durée moyenne des escales est de 13 heures (contre 5 à 7 heures pour les concurrents). Tous les trajets seront facultatifs, avec possibilité de pré-réservation afin de profiter de tarifs moins chers », ajoute l’opérateur.
L’entreprise tente donc en quelque sorte un retour aux sources de la croisière, loin des méthodes industrielles actuelles des grands opérateurs dans l’ambiance même des années 1920 et 1930 (le dossier de presse reprend aussi les codes graphiques de l’époque) sans prise de position dans le grand luxe.
Un tarif moyen annoncé à 240 euros par jour et par personne
Les prix devraient être si abordables. Le CFC prévoit un prix moyen de 240 euros par jour et par personne. Les croisières d’environ 7 nuits commencent à moins de 800 €, 1500 € pour 15 nuits. Ces prix approximatifs varient selon la saison et le type de cabine.
Surtout, la compagnie ne facture aucun frais d’hébergement ni de service, chaque passager pourra donner un pourboire aux membres d’équipage comme il le souhaite.
Néanmoins, une question environnementale se pose quant à la pollution de tels navires. CFC s’engage donc à prouver que son revêtement est le plus propre possible.
La compagnie « a sélectionné un navire initialement conçu pour une croisière estivale en Alaska. L’Alaska est l’un des endroits les plus stricts au monde en termes de gestion de la pollution et des émissions diverses. Le navire est donc déjà équipé de scrubbers (un système de lavage des gaz d’échappement ). . Cependant, nous l’améliorerons en établissant un circuit fermé. Les résidus de gaz d’échappement atterriront dans les ports où ils pourront être traités. Et bien sûr, nous n’utiliserons que du fioul désulfuré et désulfuré dans nos opérations quotidiennes, même en haute mer. . »
Le navire est également équipé de filtres catalytiques qui réduisent les émissions d’ammoniac et d’oxyde d’azote de 99 %, indique la compagnie. Le Renaissance est également équipé pour le raccordement électrique à quai, qui sera obligatoire à Toulon, Marseille et Le Havre dans quelques années.
Enfin, le groupe met en avant « la manipulation des aliments, l’élimination des plastiques à usage unique, l’installation de distributeurs fixes dans les cabines de douche remplies de produits écologiques et respectueux de l’environnement, l’éclairage LED, le renouvellement d’air constant dans les cabines ».
Nous verrons si ces promesses suffiront à convaincre le nombre croissant d’opposants à ce type de tourisme.
Le Havre se prépare à accueillir davantage de paquebots Trois nouvelles aérogares seront construites au Havre d’ici 2025 pour un investissement de 100 millions d’euros, destinées à accueillir davantage d’escales de lignes.
Selon Edouard Philippe, le maire de la ville, « accueillir plus de navires et de passagers en croisière dans de meilleures conditions, tout en respectant les enjeux environnementaux », est l’objectif de ce projet.
L’objectif est d’accueillir 600 000 croisiéristes en 2030 avec environ 200 escales, contre environ 350 000 en 2022 avec 125 escales. Avant la pandémie, la ville accueillait 420 000 croisiéristes et 145 escales en 2018, une année record.
« Les perspectives de la croisière sont extrêmement favorables, avec 30 % de croissance mondiale attendue d’ici 2030 », a déclaré Florian Weyer, directeur général adjoint de Harop Port Le Havre.
Pour Edouard Philippe, ce projet doit être salué au moment où le fléau des paquebots est évoqué dans plusieurs ports. « On renoue avec la tradition havraise (…) Ici l’activité croisière est historique et elle s’ajoute à l’activité conteneurs d’un grand port de commerce. Les Havrais y sont très attachés. « Nous nous sommes engagés, bien avant que la réglementation européenne ne l’exige, à supprimer les coupe-fumées sur les quais entièrement électrifiés. »