La dépendance des activités de pêche à l’utilisation des combustibles fossiles et aux émissions de gaz à effet de serre (GES) est une source de vulnérabilité et d’instabilité économique pour ces activités, en particulier la pêche. La Région Bretagne, qui insiste depuis longtemps sur son rôle moteur dans la transition climatique et les nouvelles énergies, s’est emparée du sujet en lançant en début d’année un appel à projet « Transition énergétique de la filière pêche et aquaculture bretonne ». A l’occasion de « Navires & écosystème portuaire hydrogène en Bretagne » organisé à Saint-Malo par Bretagne Développement Innovation, Daniel Cueff, Vice-président régional de Bretagne en charge des mers et des littoraux, a annoncé les deux lauréats de l’appel à projet.
Consciente de l’opportunité et de l’importance de préparer et d’agir pour la transition énergétique, la Région Bretagne a confirmé sa volonté d’accélérer et d’élargir l’action régionale d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, présentée dans un rapport adopté lors de la session de décembre 2021, intitulé « La région renforce son engagement face au changement climatique ».
Sommaire
Prioritaire, la décarbonation de la filière
Y sont réaffirmés les objectifs d’accompagnement des acteurs de la pêche et de l’aquaculture vers une filière neutre en carbone : conversion des moteurs des navires de pêche et de conchyliculture, déploiement des énergies renouvelables dans les entreprises et les zones portuaires, etc.
Dans un premier temps, la Région Bretagne souhaite contribuer au déploiement de l’hydrogène dans la flotte de pêche bretonne pour parvenir à la décarbonation ultime.
Dans ce contexte, l’appel à projet « Transition énergétique de la filière pêche et aquaculture bretonne » a permis de lancer le mouvement. Ce dernier vise à encourager les secteurs de la pêche et de l’aquaculture dans la transition énergétique et à accélérer l’émergence d’innovations technologiques.
Clôturant le 20 septembre, ce processus permet de sélectionner deux premiers projets, qui seront subventionnés à hauteur de 336 000 euros.
Pilothy à la pêche, ESTEBAM à la concyliculture
Le premier projet retenu, Pilothy, est porté par la société Barillec (soutien régional de 87 000 €), pour le compte d’un groupement constitué de membres de l’Interprofession Portuaire de Concarneau (IPC).
Cette appli fait suite aux premières réflexions de l’interprofession sur le sujet de la décarbonisation. L’idée est d’étudier la faisabilité d’intégrer des piles à combustible H2 à bord des navires de pêche existants pour réduire les émissions polluantes du navire, sans modifier l’activité principale du navire.
Pilothy permettra de surmonter divers obstacles qui empêchent actuellement l’utilisation de l’hydrogène à bord des navires de pêche : manque d’espace à bord, augmentation du volume et du poids nécessaires à la production d’énergie, réglementation sur l’intégration à bord des navires de pêche, acceptation de l’utilisation par les professionnels, etc.
L’objectif est d’apporter des solutions techniques, des éléments de faisabilité financière et de validation par la commission de sécurité, tout en assurant des échanges réguliers avec les armateurs.D’une durée intermédiaire de 10 mois, le projet sera structuré en deux phases :– le premier concept intégrateur la conception et les études techniques,– la seconde, selon les structures professionnelles concernées, permettant d’affiner les études et de valider les concepts auprès des autorités compétentes.
Le deuxième projet a été sélectionné par la Région Bretagne et a été soutenu financièrement à hauteur de 249 000 €, soutenu par la Chambre de Commerce et d’Industrie des Côtes d’Armor. Baptisé ESTEBAM, il regroupe un groupement composé d’un chantier naval, d’une entreprise spécialisée dans l’intégration de systèmes de motorisation électro-hydrogène embarqués, d’un cabinet d’architectes et du Comité Régional Conchylicole (CRC) de Bretagne Nord.
Le projet consiste en une analyse des différentes conditions (techniques, réglementaires, normatives, économiques) de conversion à l’hydrogène des barges coques amphibies existantes. Cette étude définira des lignes directrices sur les prérequis qui permettront la transformation de la machine, pour pouvoir passer à l’hydrogène. ESTEBAM comprend l’étude de l’architecture, de la technologie, de la motorisation, de l’approvisionnement, l’analyse financière et réglementaire et les risques associés à ces technologies.
Après avoir reçu les études et analyses résultant du projet, le consortium pourra évaluer la faisabilité et les contraintes techniques avant d’envisager la phase de production.
Avec le montant alloué, la Région Bretagne participera à près de la moitié du financement de ces deux projets importants pour la transition écologique du secteur, démontrant sa volonté d’innover et d’accélérer en la matière.
Daniel Cueff, vice-président régional en charge des océans et des littoraux, a expliqué : « Nous sommes à la croisée des chemins ; La Bretagne se donne les moyens d’être moteur dans la transition énergétique de notre filière pêche. Il est nécessaire et normal que notre Région soit à la pointe, compte tenu de l’importance de ce secteur dans notre économie et du rôle de la Bretagne dans la souveraineté alimentaire de notre pays et de l’Europe. Cette démarche permet de fédérer des acteurs autour d’un projet fédérateur, qui en appellera d’autres ».
Décarbonation : La Bretagne envoie une contribution à l’Union Européenne
Dans la lignée des résultats de cet important appel à projets pour l’avenir de la pêche et de l’aquaculture bretonnes, la Région Bretagne souhaite participer à l’appel à contribution lancé par l’Union Européenne. Consciente de son rôle, ainsi que de celui de l’UE, et des opportunités de ce secteur, la Bretagne rappelle « l’opportunité d’un plan européen de décarbonation de la pêche et de l’aquaculture ».
Pour la collectivité, le développement de l’utilisation des énergies renouvelables pour tous les types de navires est absolument nécessaire pour répondre à la demande des consommateurs en protéines à faible empreinte carbone. Mais aussi pour l’amélioration et la dynamisation de l’industrie maritime dans les zones côtières et d’autres industries connexes, telles que l’adaptation portuaire, les enchères, les points de vente et le soutien à une nouvelle formation durable et de qualité.
C’est un grand défi qui peut être relevé au bénéfice de tous, couvrant toutes les dimensions possibles et soutenant la filière. De par sa large palette de compétences, la Région Bretagne est fortement engagée dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique.
La Région Bretagne appelle donc l’Union européenne à mettre en place un projet d’expérimentation et de déploiement à grande échelle, et rappelle sa proposition qui a été adressée à M. Virginijus Sinkevicius, Commissaire européen à l’environnement, à la mer et à la pêche. , pour devenir l’une de ces zones expérimentales , qui contribuera à l’accélération globale de la décarbonisation du secteur européen de la pêche et de l’aquaculture.
Voir communiqué de presse : https://www.bretagne.bzh/app/uploads/389-CP-AAP-resultats-decarbonation-filiere-mer.pdf