En France, l’orme était un arbre qui, comme le platane, était répandu le long des rues et des avenues. Il est resté l’essence préférée des tracés urbains ou routiers jusqu’à la première moitié du XXe siècle.
Une maladie communément appelée grafiose ou maladie hollandaise a décimé bon nombre de ceux qui ont atteint l’âge adulte. Il s’agit d’une maladie causée par un champignon microscopique qui se transmet d’arbre en arbre par de minuscules coléoptères (scolytes) qui creusent des galeries dans le bois et provoquent le dessèchement puis la mort de l’arbre. L’orme champêtre, l’un des plus connus, en fut largement victime.
D’un jardin du Berry à l’autre pour la chroniqueuse Marie Marcat
La première épidémie est apparue dans le nord de l’Europe dans les années 1920. Il a atteint l’Amérique du Nord dix ans plus tard via le commerce transatlantique de bois contaminé. La deuxième épidémie, beaucoup plus dévastatrice, débute vers 1960. Elle est causée par une nouvelle souche beaucoup plus virulente du champignon. Tous les sujets européens et américains y ont réagi avec sensibilité. Les 27 000 ormes de Paris ont disparu entre 1970 et 1977. Sur le territoire français, entre 1975 et 1987, la perte a été de plus de 70 %.
Heureusement, certaines souches et cultivars semblent montrer des résistances… De nombreux chercheurs en Europe et aux Etats-Unis se sont lancés dans la sélection pour les sauver. Plusieurs générations de croisements ont été obtenues à partir d’hybrides asiatiques, plus résistants à la maladie, bien que moins intéressants en termes de port. Deux hybrides sélectionnés aux Pays-Bas ont été testés par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) puis lancés sur le marché français : Lutèce en 2002 et Vada en 2006.
Les conseils jardinage premium de Marie Marcat : un conservatoire du patrimoine végétal
Dans mon ancien jardin de Neuilly-en-Sancerre, j’ai cultivé deux variétés hybrides, petites et moins sensibles aux vecteurs de maladies.
Parfaitement adaptés à nos climats
Le premier, l’Ulmus hollandica Wredei ou orme doré, au port très élégant et lumineux toute l’année, situé entre arbre et arbuste. Sa couronne colonnaire s’élargit avec le temps, lui donnant un aspect pyramidal. Solaire, élégante, elle prospère sans difficulté loin du soleil brûlant, dans des sols ordinaires mais frais et profonds.
Le second, Ulmus hollandica ‘Jacqueline Hillier’, est un arbuste tourmenté aux couleurs automnales chaudes. C’est un orme très rustique et décoratif en hiver grâce à ses branches volubiles. Au fil du temps, l’écorce de ses branches se hérisse d’étranges crêtes de liège gris-brun, qui sont particulièrement visibles après la chute des feuilles, qui à leur tour montrent de magnifiques couleurs d’automne avant de tomber. Sa morphologie particulière s’intègre parfaitement dans les jardins d’inspiration japonaise. Les ormes sont des arbres très ornementaux qui poussent très facilement. On les reconnaît à leurs feuilles asymétriques, à double dentelures, de taille moyenne et lisses au toucher. Des fleurs irrégulières apparaissent avant que les feuilles ne germent sous forme de grappes de fleurs vert-violet sans pétales. Les fleurs sont suivies de fruits ailés bicolores, les samares, un fruit sec à petites ailes, rouge vif au centre et vert-jaune tilleul. Les branches retombantes s’organisent autour d’un tronc droit à l’écorce craquelée ou lisse selon les variétés.
Parfaitement adaptés à notre climat, les ormes s’adaptent à une large gamme de sols, neutres à basiques, y compris lourds, calcaires et secs, et conviennent à tous les jardins.
Aucune taille n’est nécessaire, sa croissance naturelle est assez élégante pour le laisser pousser tout seul. Cependant, à la sortie de l’hiver, il est nécessaire d’enlever régulièrement les branches mortes ou mal disposées.