Publié
le 08/04/2022 à 09:30, Mis à jour le 08/04/2022 à 12:16
Les services d’urgence ont enregistré une hausse moyenne d’activité de 12,3% au cours du mois de juillet 2022, soit environ 180 000 visites de plus qu’en 2021. Le Syndicat des Urgences de France tire la sonnette d’alarme.
La crise aux urgences s’amplifie cet été. Sur les 331 services d’urgence (SU) enquêtés, soit près de la moitié des établissements du territoire national, 90 % déclarent avoir des problèmes avec les personnels médicaux et 89 % avec les non médicaux. Ces chiffres élevés ont été dressés après une étude du Syndicat des urgences de France, publiée début août. Le constat est sans appel : les structures d’urgence sont surchargées.
Quelques chiffres méritent d’être cités dans cette enquête : 95% des services d’accueil déclarent rencontrer des problèmes importants de disponibilité de lits d’hôpitaux pour leurs patients. Et 72 établissements (22 %) ont eu recours à une réduction de capacité ou à la fermeture complète de leur hospitalisation de courte durée – un service qui accueille les patients des urgences.
Une question se pose alors : quelles sont les causes de cette incertitude ? La crise sanitaire, les « grandes difficultés de ressources humaines » liées à l’été, la « fermeture de lits d’hôpitaux » et « la moindre disponibilité de l’offre de soins libérale liée aux vacances d’été », énumère le syndicat à l’origine de l’enquête. Il prévient : « Dans ce contexte, l’accès aux soins d’urgence et aux soins non programmés est menacé ».
Une précarité renforcée par l’été
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Non seulement les services d’urgence sont touchés. Les SAMU et les structures mobiles d’urgence et de réanimation (SMUR) sont également surchargés. En termes d’effectifs, 98% des 97 SAMU enquêtés (sur 102 sur le territoire national) déclarent avoir des problèmes d’approvisionnement médical et 95% d’approvisionnement non médical. Alors que 75 SMUR ont dû « fermer une ligne faute de personnel, dont 2 fermant 2 et 4 lignes en même temps ».
La période estivale n’aide pas à cela. Au cours du mois de juillet 2022, les services d’urgence ont enregistré une hausse moyenne d’activité de 12,3%, soit environ 180 000 visites de plus qu’en 2021 sur la même période. Alors que les SAMU ont enregistré une hausse moyenne de 21,5% sur le même mois par rapport à celui de 2021 sur la même période. « La situation attendue en août va encore se détériorer, avec une augmentation du nombre de lits fermés en établissement et une diminution de la disponibilité de l’offre de soins libérale liée au congé », prévient le syndicat.
Selon eux, la mise en œuvre de la mission flash, initialement destinée à éviter un crash d’urgence cet été, est « insuffisante et ne garantit pas un fonctionnement fluide et sûr ». Dans ce contexte, le syndicat demande au ministère de la Santé et de la Prévention de prendre des mesures fortes pour répondre à l’urgence, notamment l’ouverture d’un nombre de lits d’urgence égal au besoin quotidien dans tous les établissements. Elle appelle également le gouvernement à « imposer » au secteur privé de « participer aux urgences en aval et à l’organisation des soins permanents dans des établissements mutualisés sur chaque territoire ».
Concernant les SAMU, le syndicat demande des moyens « sans délai » pour permettre aux établissements de renforcer les ressources humaines des 15 centres et appelle le gouvernement à « imposer au secteur privé de participer aux urgences aval et à une organisation de la permanence « . soins institutionnels partagés dans tous les domaines ».
En déplacement mercredi au CHU de Nantes pour évoquer les mesures prises par le gouvernement pour faire face à la crise dans les hôpitaux publics, le ministre de la Santé François Braun a confirmé qu’il n’y avait pas de « fermetures d’urgence » et demandé de ne plus utiliser ce terme « effrayant ». En revanche, il a affirmé qu’il existe un accès réglementé à ces services : « Il existe un accès médicalement réglementé par les prestataires de soins aux services d’urgence là où il n’y a plus les ressources humaines pour mettre en œuvre la réglementation 107 ». Selon lui, « cet aménagement ne conduit pas à une dégradation des soins, mais à une meilleure orientation sur les besoins ».