Publié le
samedi 14 janvier 2023 à 00h29
Qu’en est-il de notre culture « G » ? En saurions-nous moins qu’avant ? Pour son dixième anniversaire, le magazine trimestriel « L’Eléphant » vient de publier une étude commanditée par l’Ifop sur notre ressenti à ce sujet. Et les personnes interrogées sont de moins en moins confiantes, surtout les jeunes.
Au pays des lumières et de l’Encyclopédie, notre culture générale est-elle en déclin ?
Sommaire
La hiérarchie de ces savoirs reste « assez traditionnelle »
Le magazine culturel G l’éléphant s’est interrogé à l’occasion de son dixième anniversaire et a publié ce jeudi une étude Ifop réalisée via Internet, du 10 au 14 novembre, auprès d’un échantillon représentatif d’un millier de Français (1.001 personnes). Pas de test ou de vérification des connaissances, mais beaucoup de questions sur ce que chacun en pense. Ces réponses ont souvent été mises en perspective par rapport aux précédentes enquêtes menées en 2012 et 2017.
« Un élément presque patrimonial », plus personnel
Voici cinq leçons commentées sur ce que nous pouvons en tirer
Un ressenti de plus en plus dégradé, y compris par rapport à nos voisins étrangers
une étude intitulée « Culture générale : le déclin français ?
Commençons par la définition de cette culture générale. De quel type de savoir s’agit-il ici ? Une liste a été déterminée par l’institut électoral et le magazine, avant d’être présentée aux répondants. Sans que celles-ci puissent suggérer d’autres items, alors que curieusement aucune d’entre elles n’est directement liée à la politique, par exemple.
Les jeunes se révèlent les moins confiants dans leurs acquis
Partant de ces dix propositions, Gautier Jardon, directeur de recherche à l’Ifop, explique que « les Français ont une hiérarchie assez claire et assez traditionnelle des disciplines qui rentrent dans la culture générale. Tout ce qui est biologie, science difficile, sera plus facilement cité que les disciplines les plus « contrôlées » dans le langage sociologique, ou qui pourraient être considérées comme une sous-culture, comme le rap, le street art ou les dessins animés.L’art contemporain obtient près des trois quarts des opinions, résultat, selon l’analyste, d’une certaine institutionnalisation .
Dans le détail, ces résultats passent par le filtre d’une « lecture plutôt générationnelle » : la hiérarchie assez forte marquée par les disciplines traditionnelles correspond avant tout aux plus âgés, « et au contraire, la hiérarchie existe toujours chez les plus jeunes mais elle est beaucoup plus lisse , ils seront beaucoup plus libéraux dans leur définition de la culture générale. La moitié des moins de 35 ans pensent que le rap et l’astrologie en font partie ».
Les universitaires, les enseignants et les livres restent les premiers plébiscités pour alimenter sa culture « G »
C’est une confirmation de la tendance apparue en 2017 : un bon niveau de culture « G » est surtout jugé indispensable pour « bien éduquer ses enfants » (à 67%, plus de 6 points). « Un vrai changement » s’est opéré selon Guénaëlle Le Solleu, la co-fondatrice et rédactrice en chef du magazine : « On a eu l’impression que la culture est presque un élément héréditaire, dans une logique de transmission qu’on juge de plus en plus Et au contraire, le côté utilitaire de la culture générale, que ce soit pour comprendre notre monde ou pour réussir sa vie professionnelle, recule ». Le journaliste relie cette évolution à l’évolution de notre rapport au travail : « Moins d’engagement dans le monde du travail signifie qu’on peut aussi être moins engagé dans la découverte de sujets culturels généraux. Et d’une certaine manière, tout serait très intériorisé, parce que le sphère. »
Les Français interrogés expriment une opinion de plus en plus mauvaise d’eux-mêmes au regard de deux études précédentes, en 2017 et 2012. « Ils ont l’impression d’en savoir moins qu’avant et dans des proportions assez importantes », commente Guenaelle Le Solleu. La moitié des personnes interrogées estiment ainsi que les Français ont moins de connaissances qu’il y a cinquante ans et cette opinion a augmenté de 17 % en dix ans.
L’estime de soi par auto-évaluation sur 10 a également diminué depuis 2017. 64 % des Français contactés estimaient alors avoir un niveau de culture générale assez élevé, alors qu’ils ne sont aujourd’hui que 58 %. L’Île-de-France est considérée comme mieux approvisionnée que le reste du territoire.
Autre avis négatif : près d’un tiers de la population pense que le niveau de ses connaissances est inférieur à la moyenne des autres pays occidentaux. Ce chiffre a presque doublé depuis 2012 ! « Non seulement on en sait moins, mais on en sait moins que nos voisins » résume la journaliste, quand sa critique y voit « un récent sentiment de déclin ».
« Je ne sais même pas si c’est de la pudeur. On n’est pas optimistes, écoutez les discours environnants sur l’école ou la vie en société », avance Guénaëlle Le Solleu. Pour ajouter que « peut-être savons-nous plus de choses, mais plus en surface. C’est vrai qu’on ne s’est pas posé cette question ».