Pop, rock, musique électronique… Chaque semaine, « Libé » vous aide à naviguer parmi les dernières sorties.
Cure, Wish – 30 th Anniversary Edition (Fiction. Polydor)
Dans chaque grand groupe, il y en a un comme ça – le dernier tournant, le dernier arrêt avant la ruée, le disque après lequel rien ne sera plus pareil. For the Cure, c’est Wish, sorti au printemps 1992, dans un climat de toute-puissance retrouvée (après l’immense Disintegration, sorti trois ans plus tôt) et de timide réexamen – passionné par la nouvelle scène anglaise, Robert Smith veut enregistrer brut, direct, sans bruit et déchaîné en passant « The » devant « Cure » pour rejoindre Ride, Lush et Curve dans le club du groupe d’une syllabe.
Un temps décrié par les plus purs et durs qui n’y voyaient qu’une compilation de morceaux d’un album précédent, Wish franchit le cap des 30 ans avec un brio apparent. Le disque tout comme la pochette, rouge et plein de ratures avec des trous inattendus vers le grand ciel bleu, un blizzard de guitare où tout semble se jouer contre le vent (From the Edge of the Deep Green Sea, l’hommage le plus flagrant de Robert Smith à son idole Jimi Hendrix) et béant jusqu’au gouffre du spleen (To Wish Impossible Things, End), cohabitant sans complexe avec ce que le groupe a fait de plus évident et naïf (Trust, et surtout Friday I’m In Love, la dernière percée de Cure majeure dans les palmarès). Son leader l’a récemment décrit – toujours aussi fort, à en juger par les innombrables tournées marathons du groupe en cours – comme « l’album le plus heureux, le plus libre et le plus insouciant