En Haute-Vienne, le nouveau système de rendez-vous, créé depuis février en Haute-Vienne, divise la profession. A partir du 1er novembre, la plateforme devrait être généralisée à tous les départements.
Son « stress permanent » et une « perte de temps et d’énergie ». Les professionnels de la conduite sont divisés en raison de la mise en place du nouveau système de réservation des places d’examen du permis de conduire en février dernier, initié par le rapport Dumas, qui voulait établir un équilibre avec les plateformes nouvellement créées.
Selon un sondage publié par le média le 11 août consacré aux auto-écoles PermisMag, les trois quarts d’entre eux seraient insatisfaits de RDVPermis. Seuls 10% s’en déclarent satisfaits. En moyenne, le temps passé devant l’ordinateur correspondrait à environ 2h40 par semaine, soit 11h30 par mois.
Une guerre d’usure
« C’était mieux avant », répète à plusieurs reprises Émilie Raveau, directrice de l’auto-école Carnot de l’avenue Garibaldi à Limoges. Pour ce cadre à l’énergie débordante, la plateforme RDVPermis est une « usine à gaz » et, tous les jeudis à midi, toutes les auto-écoles de Haute-Vienne se rendent sur place, prêtes à tracter. Il sera celui qui cliquera le plus vite.
« Oui, l’ancien système [Printel] était payant, mais beaucoup de mes collègues, et moi, paierions cher pour y revenir. Printel a réussi à réserver des places à la semaine ou au mois, les élèves ont donc été regroupés, contrairement à aujourd’hui. Désormais, deux examens peuvent se faire le matin, puis un seul l’après-midi, et « à chaque fois ça bloque un moniteur pour aller avec et ça perturbe nos plannings déjà surchargés ».
Emilie Raveau, à droite, et sa secrétaire Estelle se joignent à un étudiant pour tenter de lui faire une place, devant un conseil d’administration déjà bien rempli.
Quant au fonctionnement du site, il n’est pas très ergonomique. « Il faut toujours rafraichir la page, les critères de sélection sautent, donc il faut recommencer et en attendant d’autres auto-écoles ont pris leurs heures. »
« C’est inquiétant, on ne peut pas baisser les bras. J’ai des étudiants qui ne peuvent pas récupérer leur permis pendant six mois. »
Emilie Raveau (responsable de l’auto-école Carnot à Limoges)
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Émilie Raveau avoue cependant avoir eu de la chance, « tous les départements ne sont pas dans le même bateau », certains d’entre eux n’auraient pas de jour de réservation fixe et la bataille des places se jouerait à chaque minute. « C’est inquiétant, on ne peut pas baisser les bras. J’ai des étudiants qui ne peuvent pas récupérer leur permis pendant six mois. C’est en fait un panier à crabes. »
Certes, le manque de place n’est pas nouveau, il y a toujours eu un manque de place dans les auto-écoles, mais pour Émilie Raveau, le marché des nouvelles auto-écoles en ligne s’est ouvert que c’est d’autant plus difficile. Selon le rapport Dumas, RDVPermis a été créé pour mettre tout le monde sur le même pied. Sauf que « le « demat »* n’a ni salaire ni frais de location », s’indigne Émilie Raveau.
Alexandre Gourserol, représentant du syndicat des auto-écoles (Mobilians, ex-CNPA) et directeur de l’auto-école Gourserol à Limoges, ne partage pas totalement un avis. RDVPermis doit être vu comme « un agenda électronique et certes, c’est un peu la première fois, premier servi ».
Avant cela, la répartition des rendez-vous était faite par une société privée mandatée par l’Etat et « ne prévoyait pas les moyens d’annuler ou de supprimer des places. De plus, à partir du 12 septembre, ils seront nominatifs, un moniteur ne pourra pas réserver en son nom pour certains offices. »
Pas d’examinateurs, pas de permis
De plus, le nombre d’examinateurs dans le département augmente. « Voyez-vous, sur sept examinateurs l’an dernier, nous n’en sommes plus qu’à trois et demi, sachant que treize permis par jour valent un examinateur et cinq places d’examen pour un enseignant. Sur mes deux bureaux, il devrait y en avoir une vingtaine mais je n’en ai pas, ils bondissent à cause du manque de personnel », raconte Émilie Raveau. En faisant le calcul, l’histoire est encore plus frappante : « Sept examinateurs multipliés par treize permis quotidiens, cela fait 91 permis. Donc on en perd 45 par jour ! “.
À partir de décembre 2021, les postes d’examinateurs ont été réduits en raison de départs à la retraite, d’arrêts de travail ou de mutations sans remplacement. Younes Oikaoui, permis de conduire et délégué à la sécurité routière de la Haute-Vienne et de la CREUSE, tente, tant bien que mal, de trouver des solutions pour compenser cette baisse.
Le délégué rassemble des inspecteurs en CREUSE, pour trouver des renforts et « ouvre des créneaux tous les samedis pour les examinateurs volontaires, ce que nous ne faisions pas auparavant. « Des mesures exceptionnelles pour maintenir le rythme de 8 400 permis par an.
(*) Ce sont des auto-écoles en ligne, comme Ornikar et En Voiture Simon.