C’est un cadeau inestimable que les syndicats ont reçu du ministère du Travail juste avant Noël. Avec le projet de règlement de la réforme de l’assurance-chômage, qui entrera en vigueur le 1er février, il est prévu de durcir plus que prévu les conditions d’indemnisation des chômeurs en cas de plein emploi.
Comme on le sait, le texte soumis à la Commission nationale de la négociation collective, de l’emploi et de la formation professionnelle envisage la création d’un système dit anticyclique, réduisant l’indemnisation des chômeurs alors que le marché du travail tend vers le plein emploi.
Pour inciter les chômeurs à postuler à des emplois non pourvus, il prévoit une réduction de 25 % de la durée d’indemnisation pour tous les demandeurs d’emploi qui deviennent éligibles à l’assurance chômage en France métropolitaine à partir du 1er février.
Durcissement des règles en cas de plein-emploi
Ce qui est nouveau en revanche, c’est que si le taux de chômage, actuellement à 7,3 %, venait à passer sous la barre des 6 %, il entend également réduire de 40 % la durée de cette allocation.
Des syndicats, comme la CFDT, affirment avoir découvert cette disposition. Cette organisation dénonce « le nouvel arbitrage une fois de plus en faveur des plus faibles ».
Pour autant, le ministre du Travail Olivier Dussopt, lors de la présentation de sa réforme le 21 novembre, n’avait pas exclu « un second durcissement des règles si l’on devait atteindre le plein emploi attendu d’ici fin 2023 ».
La voie explorée était alors une réduction de 60 % de la durée d’indemnisation lorsque le chômage passe en dessous de 5 %, seuil en dessous duquel on parle généralement de plein emploi.
« Complément de fin de droits » si le chômage repart à la hausse
Les syndicats sont invités à donner leur avis sur ce texte, mais celui-ci n’est qu’indicatif. Ces dispositions interviennent alors que la précédente réforme de l’assurance-chômage, entrée en vigueur fin 2021, a réduit les allocations chômage de 16% en moyenne, selon un document interne de l’Unédic, l’organisme qui gère l’assurance-chômage.
La baisse, provoquée par un nouveau mode de calcul du salaire de référence des demandeurs d’emploi, était destinée par le gouvernement à les inciter à trouver plus rapidement du travail. En contrepartie, le délai de paiement des indemnités a été prolongé.
C’est ce délai qui doit être raccourci dans le cadre de la nouvelle réforme. Elle prévoit également que les chômeurs peuvent percevoir une prime si la situation du marché du travail se détériore (c’est-à-dire si le taux de chômage dépasse 9 % ou augmente de 0,8 point ou plus au cours d’un trimestre).
Le texte du décret soumis aux partenaires sociaux prévoit également que certaines professions, comme les intérimaires du spectacle, les pêcheurs ou les dockers, seront exclues de la réforme.
Prolongation du « bonus-malus » sur les contrats précaires
Enfin, elle prolongera jusqu’au 31 août 2023 le système « bonus-malus » de cotisations sociales pour sept grands secteurs (hôtellerie et restauration, transports et entrepôts, etc.), notamment pour les consommateurs en contrats précaires.
Ce système prévoit la modulation des cotisations patronales d’assurance chômage. Leur taux est généralement de 4,05 %. Cette disposition stipule qu’ils peuvent s’élever à 5,05 % si le taux de rupture des contrats précaires d’une entreprise est trop élevé par rapport à la moyenne du secteur.
Selon une autre étude de l’Unédic, le dispositif, qui serait entré en vigueur en septembre 2022 et aurait touché près de 18.000 entreprises, aurait été « globalement financièrement neutre » avec des cotisations supplémentaires dues au malus de 206 millions d’euros, contre 195 millions . impayé en raison du bonus.