En Creuse, comment adapter les plantes, arbres et arbustes de votre jardin au changement climatique ?

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Written By MilleniumRc

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Sécheresses, inondations, fortes chaleurs ont éprouvé les jardins pendant plusieurs années. Alors que la saison des plantations d’arbres et d’arbustes commence, la Journée de la plantation de l’Arboretum de la Sédelle est l’occasion de recevoir des conseils avisés sur ce qu’il faut planter ou ne pas planter, compte tenu des problèmes climatiques qui s’accentuent d’année en année.

Des essences locales de plus en plus en souffrance

Bien sûr, toutes les plantes et tous les arbres ont besoin d’eau pour pousser, certaines espèces et espèces plus que d’autres, tout comme elles peuvent aussi avoir des capacités plus ou moins développées d’adaptation aux chocs thermiques et hydriques. On apprend ainsi que le bouleau, dont la silhouette graphique est très courante en Creuse, vit peut-être ses dernières années.

« Cela devient très compliqué pour le bouleau pour une raison très simple : son système racinaire est très directionnel et reste à la surface du sol, il est donc le premier à être affecté par le manque d’eau. »

Rodolphe Beaubois (Crèche Bagatelle, près d’Orléans)

Arboretum Sédelle à Crozant, Journées Plantes, Arbres, Arbustes, Changement Climatique @ Julie Ho Hoa

La châtaigne souffre déjà des effets de la sécheresse. « Vous avez une simultanéité entre sécheresse et maladie, car la sécheresse va faire souffrir l’arbre et cet état de faiblesse va permettre au parasite, à la maladie, de se propager plus vite », poursuit le jardinier.

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Au lieu de cela, il oriente ses clients vers les châtaigniers chinois beaucoup plus résistants (Castanea mollissima). L’Inra l’a également approché pour « Utiliser Mollissima comme porte-greffe car il a un système racinaire plus fort, moins sensible aux maladies et y greffer nos variétés fruitières de châtaignier pour préserver ce patrimoine génétique très important. »

Le frêne au feuillage chantant et délicat peut aussi beaucoup souffrir d’un manque d’eau. « Bien sûr, il a besoin d’un sol frais, de sols argilo-calcaires forts qui ont une grande capacité de rétention. Vous n’aurez pas un beau frêne si votre sol est naturellement sec ou trop filtrant ou trop acide. L’arbre sera affaibli et ne résistera plus à la sécheresse ou aux maladies… ».

Se tourner vers des arbres plus resistants et résilients

Pour faire face aux nouveaux chocs climatiques, le jardinier proposera plutôt des chênes de Chine, des Etats-Unis et d’Europe « qui ont des systèmes racinaires très solides qui vont aller chercher l’eau à de très grandes distances et y faire face ». Parmi eux le chêne laurier (Quercus laurifolia), qui « peut pousser les pieds dans l’eau ou dans des sols classiques, même très filtrants, et pousse de deux mètres par an tout en étant très résistant ». Le chêne laurier (Quercus laurifolia) ignore à la fois les précipitations excessives et un soc de charrue sec @ Julie Ho Hoa

Ou le Zelkova (de la même famille que l’orme), « qui mérite vraiment d’être connu », souligne Rodolphe Beaubois. « Elle a des racines peu profondes mais la capacité d’explorer un très grand volume de sol, ce qui lui permet de s’adapter à ces conditions difficiles. » Pour le professionnel du végétal, le manque d’eau est moins un problème, mais « les fluctuations qu’il y a maintenant dans une saison, entre un jour d’excès d’eau et du coup un, deux, trois mois de sécheresse ». De même, cela modifie également l’hygrométrie (la quantité d’humidité dans l’atmosphère). L’air s’assèche.

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En matière d’arbres fruitiers et de baies, Basile Laleman, jardinier à Peyzac en Dordogne, n’a qu’un conseil : « Il s’agit d’avoir la plus grande variété possible dans un jardin pour que chaque année il y ait quelque chose qui cède ». La meilleure adaptation au changement climatique ne se trouve en aucun cas dans la « monoculture ». « C’est fini. Enfin, j’espère, bientôt », sourit-il. Basil Laleman, jardinier à Payzac en Dordogne, propose des poiriers Nashi @ Julie Ho Hoa Ici aussi, en plus des myrtilles et des sorbiers, on trouve des poiriers Nashi de Origine japonaise, qu’il a greffé sur du coing. Le fruit ressemble à une pomme mais a le goût d’une poire. »C’est une variété qui produit assez bien même en sol sec. Même avec l’herbe brûlée tout autour, elle donne des fruits très juteux en plein été , quelques semaines à quelques mois d’avance sur les pommes.Il essaie de s’approvisionner en kakis dans les montagnes du Japon, « ils résistent mieux à la chaleur, à la sécheresse et aux hivers froids » que les variétés les plus vendues, qui viennent de la Méditerranée. @Julie HoHoa

Les pépiniéristes et les jardiniers sont confrontés au changement climatique depuis des années. Depuis trois ou quatre ans, Jean-Pierre Roubertoux a « cultivé beaucoup moins de plantes nécessitant de l’eau ou des zones humides » dans sa pépinière du sud de la Corrèze, Hortus Silvae.

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Son arbuste rival est le Photinia Crunchy® déchiqueté, « qui résistera à tout, à tout type de sol et même à la sécheresse et au plein soleil. Cet été, les clients me disent qu’il faut tout et que c’est super ! « . Cet arbuste à feuilles persistantes peut atteindre jusqu’à 3 mètres de haut : « Nous en faisons des haies, mais celui-ci nous le cultivons isolément comme ornement ». De plus, le seul spécimen qu’il avait apporté avec lui a été vendu immédiatement. Le Judas arbre (Cercis chinensis) s’adapte à presque toutes les situations @ Julie Ho Hoa

Comme le Photinia, de plus en plus d’espèces nous viennent de régions où coexistent des extrêmes climatiques, Cordillères des Andes, Afrique du Sud, Chine, Himalaya, secteurs où il faudra désormais adapter les jardins pour les années à venir. L’arbre de Judée (Cercis chinensis), par exemple, pourrait devenir ici un classique. Il est aussi dur que léger et ne craint ni la chaleur, ni le froid, ni la maladie. « Une valeur sûre » !

La première année est souvent cruciale pour l’établissement du système racinaire d’une plante. Avec les sécheresses que l’on connaît depuis quelques années, « l’installation est forcément plus difficile, il faut arroser deux ou trois ans de plus », conseille Jean-Pierre Roubertoux (Hortus Silvae). Une fois les plantes établies, elles vont chercher l’eau plus profondément et ont besoin de moins ou très peu d’eau. Mais même les plus coriaces ont parfois besoin d’un peu d’eau. « Si le temps est ce qu’il a été, ils ont certainement besoin d’un petit coup de pouce. »

 @ Julie Ho Hoa Des vivaces faciles et résistantes, qui sortent leur épingle du jeu

Du côté massif, il n’est pas question de planter des cactus ou des agaves. De nombreuses vivaces s’adaptent parfaitement au manque d’eau.

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« Cela faisait longtemps que personne ne m’avait demandé de construire un système d’irrigation intégré dans un jardin. On ne me demande plus d’arroser les jardins, on me demande d’assécher les jardins et je vois ça depuis une dizaine d’années maintenant. »

Jordi Tura (paysagiste à l’Atelier du Végétal à Bergerac)

Les sages sont des maîtres de la résilience, nous promet Jordi Tura @ Julie Ho Hoa

Ce paysagiste, installé à Bergerac depuis 20 ans (Atelier Plantes), « utilise de plus en plus de plantes résistantes à la sécheresse. Même si, précise-t-il, les jardins ne sont pas tous totalement secs. Il peut y avoir des endroits ombragés qui restent frais, certains ont des mares, des plans d’eau à la maison, où des espèces encore plus sensibles peuvent être plantées.

Les Journées des Plantes se déroulent actuellement à l’Arboretum de la Sédelle à Crozant (Creuse) !

Beaucoup de plantes vivaces qu’il cultive « sont adaptées à la chaleur et à la sécheresse qui sont déjà là et qui sont sur le point de venir. » Il y a des plantes succulentes, diverses et variées, « beaucoup sont très rustiques, y compris certains cactées, agaves et figuiers de barbarie, qui sont en peut être utilisé dans les jardins quand il fait très sec ». Il existe aussi des sauges arbustives qui résistent très bien à la sécheresse, embellissent un jardin, sont de précieuses plantes apicoles et se déclinent de toutes les couleurs. @JulieHoHoa

Les euphorbes, dont certaines ont l’avantage d’être résistantes à l’hiver, et sont disponibles du couvre-sol à l’arbuste. « Vous avez cette possibilité de l’installer en plein soleil ou à mi-ombre, c’est une plante facile à vivre. Sans oublier la lavande, la verveine de Buenos Aires, des arômes tels que le thym, le romarin, l’hysope, la joubarbe, le sedum. « Nous avons aussi des plantes de montagne asiatiques comme Ceratostigma », ajoute Jordi Tura. Il pousse dans les éboulis et est donc très résistant au froid et à la sécheresse, il nous convient donc très bien. »

Les jardins secs deviennent de plus en plus populaires, avec des plantes vivaces qui nécessitent très peu d’eau et sont très résistantes aux chocs de température et au stress hydrique @ Julie Ho Hoa

La meilleure façon d’aménager son jardin est donc de demander conseil à un professionnel qui connaît les besoins de chaque espèce en termes d’arrosage, de type de sol et d’exposition. « Les plantes ont naturellement des exigences sur le type de sol, il faut vraiment respecter cela », souligne Rodolphe Beaubois. « Il faut s’imprégner de la diversité de ce que nous offre le monde végétal, l’observer dans des collections botaniques comme cet arboretum et choisir ce qui est le meilleur et ce qui s’est le mieux adapté. »

Les journées végétales se poursuivent demain dimanche. Le programme de la journée est disponible ici.

Contact : Association Les jardins de la Sédelle, tél. 05.55.89.83.16 et n.wanty@gmail.com. Entrée : 6 € à partir de 15 ans, gratuit pour les moins de 15 ans et les adhérents. Apportez des jumelles et de bonnes chaussures de marche. Les bottes sont recommandées et les chiens ne sont pas autorisés dans le jardin.

Texte et photos : Julie Ho Hoa julie.hohoa@centrefrance.com