Fin de vie : « La législation sur l’euthanasie n’est pas une urgence politique »

Photo of author

Rédacteurs passionnés de culture, d'actualité et nouvelles de tout genre

Alors que le chef de l’Etat devait clarifier les termes de la convention citoyenne sur la fin de vie, le professeur émérite d’éthique médicale Emmanuel Hirsch se demande dans une tribune du « Monde » s’il est opportun de relancer un débat qui divise la société.

Publié le 13 septembre 2022 sur 06:15 Mis à jour le 20 septembre 2022 à 12:02 Temps de lecture 3 min.

Il ne s’agit pas tant de légiférer sur l’euthanasie que de réfléchir ensemble à un modèle social favorable à une vie digne d’être vécue jusqu’au bout, respectant les préférences et les droits de chacun, soucieux d’éviter les discriminations et donc inspiré par les valeurs de notre démocratie. Notre vigilance concerne d’abord ceux que nous laissons en pleine vie, et qui revendiquent parfois le droit à la mort parce qu’ils ne sont pas reconnus dans leur plein droit à la vie.

Convient-il d’établir des critères de priorité entre les personnes qui justifient ou non un dispositif légalisé de mort médicalisée, cette déprogrammation du droit à la vie, au motif qu’on n’accepte plus de leur reconnaître une place parmi nous ?

Y avait-il une opportunité et une urgence à faire de l’euthanasie l’objet d’un débat aujourd’hui, à l’heure où tant d’autres enjeux cruciaux imposent leur agenda dans un contexte d’incertitude et d’affaiblissement de notre démocratie ? Est-ce ainsi que nous pouvons nous rassembler et nous donner les moyens de faire revivre les principes du vivre ensemble, notre bien commun et la reconstruction de notre république ?

Dissimuler le meurtre sous des arguments médicaux

Faut-il désormais légaliser l’euthanasie – l’acte de mort sous la forme d’une injection létale pratiquée par un médecin – et considérer que l’on est arrivé au terme d’un parcours législatif ? Notre confrontation personnelle avec la mort sera-t-elle enfin pacifique et digne des valeurs de notre démocratie ? Pouvons-nous affirmer que nous aurons établi une méthode du « bien mourir » où les conditions du « mal mourir » hantent notre conscience collective, sans avoir la lucidité de reconnaître que face à une maladie ou un handicap grave, ce qui altère l’autonomie, est le sentiment de « mort sociale » qui conduit souvent à préférer anticiper la mort plutôt que poursuivre une vie ou une survie indigne d’être vécue ?

À LIRE  EN DIRECT - Incendie et canicule : le zoo du bassin d'Arcachon va retirer ses animaux

Etant donné que certaines circonstances exceptionnelles doivent justifier une approche au cas par cas de l’assistance active d’un médecin pour enrayer l’inexorable progression de la souffrance, il s’agit d’un droit qui peut être traduit dans un texte de loi ou plutôt une approche concertée, non soumise à des procédures , quelles que soient les règles pour les protéger de tout écart ? Lorsqu’un malade en humanité et responsabilité décide avec sa famille et l’équipe médicale qu’il est inutile de poursuivre un traitement et que la qualité de vie à vivre précède encore un entêtement déraisonnable, ce choix de vie ne se compare pas au choix de la mort . Les soins de la vie, les soins palliatifs incarnent cette présence envers l’autre, cette vigilance bienveillante et cette compétence, qui le reconnaît dans la plénitude de ses espoirs, de ses choix et de ses droits. Rien à voir avec « l’aide médicale active à mourir », assimilable à une décision consciente et donc délibérée de se couper ou de se déconnecter de la vie, cachant le meurtre sous des arguments ou des justifications médicales.

Il vous reste 50,92% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Parce qu’une autre personne (ou vous) lit Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

Comment arrêter de voir ce message ?

À LIRE  Gym et bonne humeur - JHM

En cliquant sur  »  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier reste associé à ce compte.

Aucun. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais les utiliser à des moments différents.

Vous ne savez pas qui est l’autre personne ?

Nous vous conseillons de changer votre mot de passe.