Vendredi dernier, GRTgaz, le réseau de transport français, a annoncé qu’il ne recevrait plus de gaz russe par gazoduc à partir du 15 juin. C’est la première fois depuis le début du conflit que l’entreprise décide de ne pas honorer ses contrats avec des importateurs européens.
La fin des importations de gaz russe par pipeline
Si la France est moins dépendante du gaz russe que l’Allemagne ou l’Italie, elle en dépend tout de même à hauteur de 17 % environ. Or, depuis mercredi dernier, GRTgaz, la filiale d’Engie, qui exploite la majorité du réseau de gazoducs en France, a annoncé avoir constaté « l’arrêt du flux physique entre la France et l’Allemagne » depuis le 15 juin dernier. Or, le gaz russe transite par l’Allemagne avant d’arriver sur le territoire national, par le seul point d’interconnexion disponible. Bref, la France ne reçoit plus de gaz russe par gazoduc.
GRTgaz précise ne pas connaître la cause de cette panne, mais celle-ci intervient au moment où Gazprom a considérablement réduit les livraisons de gaz à l’Allemagne, via Nord Stream 1, prétextant ne pas livrer les équipements nécessaires du groupe Siemens. Mario Draghi, président du Conseil des ministres italien, a qualifié de « mensonges » les explications présentées par Gazprom. A noter que le français Engie et l’italien Eni se sont néanmoins prêtés à ce qu’Ursula Van der Leyen qualifie de « chantage russe », payant leurs importations de gaz en roubles.
Aucune difficulté pour l’été
Au quatrième mois de la guerre en Ukraine, c’est donc la première fois que la Russie met ses menaces à exécution en ne respectant pas les contrats passés avec certains pays européens.
Les autorités françaises se rassurent toutefois bientôt, dans la mesure où les volumes manquants sont relativement faibles, Moscou a déjà par le passé fortement réduit le volume de ses importations.
« Les flux de gaz des points d’interconnexion situés dans l’Est de la France ont diminué de plus de 60 % au cours des cinq premiers mois de l’année par rapport à 2021. »
De plus, lorsque les beaux jours arrivent, la consommation d’énergie liée au chauffage est minime. Selon Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique :
En effet, les réserves souterraines françaises sont pleines à 57 %, ce qui correspond à un niveau légèrement supérieur à la normale pour cette période de l’année. De plus, la campagne d’injection se poursuit, notamment grâce aux importations de GNL en provenance – entre autres – des États-Unis. La France a bénéficié d’importations record de GNL avec un niveau de +66% au cours des cinq premiers mois de l’année.
À quoi s’attendre cet hiver ?
Malgré les solutions mises en place, un scénario continue d’inquiéter : celui d’un arrêt total des livraisons de gaz russe, couplé à un hiver particulièrement rigoureux. En effet, si la France est en mesure « d’assurer l’offre-demande du système gazier » selon GRTgaz, ce scénario n’est cependant envisageable que dans le cadre de températures hivernales normales.
En « cas de froid intense ou tardif » certaines mesures devront être mises en place, comme le « décret de délestage », qui n’a jamais été mis en place jusqu’à présent. Le pays couperait alors le gaz aux « gros consommateurs », l’industrie et les commerces seraient alors touchés. Cette mesure permettrait alors d’assurer l’approvisionnement des établissements prioritaires comme les hôpitaux, les Ehpad ou encore les écoles.