L’ancien premier ministre est le président d’honneur de la cérémonie des 15 ans de la Fondation Groupe Dépêche qui s’est tenue ce samedi 15 octobre, au Domaine de Bayssan, près de Béziers, dans l’Hérault.
Pourquoi avez-vous accepté de présider la soirée anniversaire de la Fondation Groupe Dépêche ?
Parce que je veux soutenir les actions menées depuis quinze ans par cette fondation : soutenir l’excellence, renforcer la solidarité et faire vivre le patrimoine. Le programme « Active Grants » qu’elle développe dans le cadre de sa mission éducative et sociale me semble particulièrement intéressant. Depuis mon départ de Matignon, je dirige moi-même, bénévolement, la Fondation Agir contre l’exclusion (FACE) car je veux valoriser ceux qui s’engagent au service des autres, et il faut à tout prix relancer l’ascenseur républicain.
Un des projets de votre gouvernement a été le développement de l’apprentissage pour les jeunes ? De quelle manière?
Cela restera en effet l’une des plus belles réussites de mon gouvernement : avoir battu le record du nombre d’apprentis et d’alternants, soit plus de 700 000 en 2021 ! C’est un moyen particulièrement efficace d’accès à la vie active pour les jeunes, qui mobilise les employeurs et que l’État a fortement encouragé avec des aides importantes. C’est une manière de repenser les formations courtes et le travail dit manuel, dans l’artisanat, le commerce, l’industrie, l’agriculture. Nous avons besoin de ces emplois. Nous avons besoin de ces lignes. C’est une affaire nationale.
L’autre tâche de la fondation est d’organiser chaque année un concours d’élocution. Les Français ont vu pendant la crise du Covid que c’est un exercice que vous maîtrisez. Quels conseils donneriez-vous à un jeune pour faire un bon discours public ?
A quelqu’un de jeune ou de vieux, je dirais que pour faire un bon discours, il faut d’abord avoir quelque chose à dire. La forme est importante, mais la forme sans le contenu ne vous mènera pas très loin… Au-delà, l’éloquence et la maîtrise de la prise de parole en public, c’est l’art de la persuasion, c’est-à-dire la capacité de faire comprendre, de donner du sens, de rassembler. autour de mots et d’idées simples. Il faut être sincère : vous avez peu de chance de convaincre si vous n’êtes pas vous-même convaincu…
Avoir un accent comme le vôtre est-il un handicap pour une personnalité politique ?
C’est un faux débat ! Il y a toujours eu des accents, et c’est tant mieux car ils reflètent bien la diversité de nos territoires et de nos cultures. Il ne s’agit pas non plus d’essayer de le perdre par peur du ridicule ou par souci de conformité. Il faut être fier de son origine et être qui l’on est, c’est une question d’honnêteté et de sincérité, valeurs cardinales dans la vie politique et dans la vie elle-même.
Depuis juillet, vous dirigez l’AFITF (1). Quels projets vous tiennent à cœur ?
La question de la mobilité est centrale dans nos sociétés modernes, car elles sont au croisement d’enjeux fondamentaux : la transition écologique et énergétique, l’ouverture et l’aménagement des territoires, l’amélioration du quotidien. J’ai pris de nombreuses décisions en matière ferroviaire : réouverture des trains de nuit et des lignes courtes, relance du fret, accélération des LGV sud-ouest, Montpellier-Perpignan et PACA. Le plan de relance a également accéléré les projets de transports propres (tramways, métros, bus propres, etc.) dans les grandes villes. Et j’ai toujours plaidé pour la multimodalité et l’intermodalité. J’ai relancé des projets routiers car pour de nombreux territoires la route est essentielle. Et l’Agence finance également de nombreuses pistes cyclables et plusieurs pôles d’échanges multimodaux, notamment en milieu rural, lieux où l’on peut passer d’un mode de transport à l’autre pour faciliter les correspondances.
Vous avez quitté Matignon il y a cinq mois. Avec le recul, comment voyez-vous vos 22 mois à la tête du gouvernement ?
Ce n’est pas à moi de juger mon dossier ! Mais je veux vous dire mon immense fierté d’avoir servi mon pays et mes concitoyens, surtout pendant une période exceptionnelle. Et je pense que l’histoire dira que la France a plutôt bien fait face à la crise sanitaire pour protéger nos concitoyens sur le plan sanitaire, social et économique.