ASSOCIATION. Entre la Cité et Héraclès, le torchon brûle depuis plus de cinq ans. L’épineux dossier de la situation de l’association est désormais entre les mains de la justice, au grand dam du président de plus en plus isolé d’Héraclès.
C’était la seule petite ombre au tableau d’une soirée parfaite pour le maire de Saint-Dizier, Quentin Brière. Juste avant la cérémonie de ses vœux, lundi 9 janvier au soir, aux Fuseaux, une dizaine de membres de l’association Héraclès avaient déployé une banderole à l’entrée du site, sur laquelle on pouvait lire « Héraclès doit continuer d’exister ».
Héraclès, pour ceux qui auraient raté les (nombreux) épisodes précédents, c’est ce centre sportif associatif installé rue du Maréchal-de-Lattre, qui habite des locaux municipaux voué à la destruction depuis le rachat de l’immeuble, par la Ville, en 2017. Le conseil municipal a relevé certaines situations de relogement qui ne conviennent pas à l’association. Et tous restent sur leurs positions (voir encadré). Aujourd’hui, la Ville comme Héraclès souhaite que la situation soit résolue. Sauf que plus personne n’est d’accord avec la méthode et plus personne ne communique.
« On a gagné la première partie, mais… »
Le point de non-retour a atteint son paroxysme lorsque la municipalité a envoyé à Heracles un ordre d’expulsion. Héraclès avait alors demandé un avocat et le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a tranché fin octobre en faveur de l’association, rejetant la demande de la ville, qui réclamait, en plus de l’expulsion, 1.500 euros par jour d’occupation de la date départ (3 septembre) et une amende de 2 500 euros. Selon nos sources, la Mairie, qui n’a pas répondu à nos dernières sollicitations, devrait se pourvoir en cassation. « On a gagné le premier match mais on sait que City gagnera le reste. Le maire nous appelle ‘les squatteurs’, on veut juste trouver un accord », explique Fabrice Douheret, le président de l’association.
Pour Héraclès, cette situation est « très angoissante. Ils (la Mairie, ndlr) ont commencé l’assassinat de notre association et contrairement à ce qu’ils disent, nous ne rejetons pas tout, c’est faux ! Peste Fabrice Douheret.
En revanche, le maire Quentin Brière soutient qu’il est impossible de communiquer avec Héraclès, contrairement à toutes les autres associations avec lesquelles le dialogue reste possible, malgré toutes les difficultés que peuvent rencontrer les clubs et associations par rapport à leurs locaux.
Fabrice Douheret lance désormais un appel aux autres maires d’Agglo « prêts à nous recevoir, même dans une grange, local provisoire, dans un rayon de 5 km ». Cela restreint l’enquête à Villiers-en-Lieu, Bettancourt-la-Ferrée, Chancenay, Moëslains et Valcourt, voire Ancerville (en Meuse et non en Agglo mais touchant Saint-Dizier).
« On aurait aimé plus de solidarité »
« Ici on reçoit des associations de fitness, de musculation, on aurait aimé plus de solidarité de votre part en retour. En souhaits (du maire, ndlr), personne ne s’est arrêté pour un petit mot, c’est triste. Et puis, on a un manque de mobilisation de nos propres adhérents, beaucoup de gens pensent qu’on est fermés mais on est quand même là, on accueille des jeunes, des immigrés… », argumente le président d’Héraclès.
Fabrice Douheret a informé la députée Laurence Robert-Dehault de sa situation et a toujours le soutien d’une partie de l’opposition municipale, symbolisée par Jean-Luc Bouzon. Mais dans cette situation où toute communication avec la majorité municipale est rompue, l’heure n’est pas à l’optimisme. « La solution la plus simple serait pour moi de tout arrêter. Mais je veux la survie de cette association et qu’elle redécolle. »
Sur les lieux possibles, pas sur la même longueur d’onde
La Ville proposait plusieurs lieux d’hébergement à Héraclès : à l’Union des jeunes Bragards, qui disposait de plusieurs places, et au centre socioculturel avec une éventuelle conception. Le premier lieu est aussi une association, le second est un service municipal. Dans l’UJB, Héraclès aurait été fragmenté en plusieurs endroits. « Impossible à gérer », selon le président, « dans le premier contrôle de la Jeunesse et des Sports, on se serait enlisé ». Au centre socioculturel, le président estime qu’aucun membre ne s’y serait rendu, « du point de vue sécuritaire, ça n’allait pas bien et il n’y avait pas de place de toute façon ». L’association visait Deauville ou l’ancien répéteur France Télécom à quelques mètres de son emplacement actuel. Deux espaces, également propriété de la ville et réservés aux projets urbains à moyen terme.