Le coeur mystérieux des Balkans

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Written By MilleniumRc

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L’avion atterrit dans la nuit, et pour ne pas trop priver notre logeuse de son sommeil, nous nous précipitâmes dans l’un des derniers taxis, qui fila dans les rues désertes. C’est donc avec un œil tout neuf et un peu surpris que le lendemain, sous un soleil radieux, on découvre cette sorte de médina à l’européenne qui forme le centre historique de Sarajevo. Difficile, sans changer de continent, d’avoir l’air plus oriental que ce dédale de ruelles bordées d’échoppes, de mosquées, de vestiges historiques et de jardins. Il faut prendre le temps de le parcourir au hasard, pour tomber sur l’ensemble musée-mosquée Gazi Husrev-beg ou le Bezistan, un bazar du XVIe siècle.

Le centre du quartier est la Bascarsija, une esplanade triangulaire où se tenait autrefois le marché. A peine quelques centaines de mètres plus loin, on rencontre l’hôtel de ville, certes de style pseudo-mauresque, mais datant de la fin du XIXe siècle et vestige de la période austro-hongroise de la ville. Pour mieux comprendre la structure de cette dernière, on monte ensuite par des rues escarpées bordées de maisons ottomanes jusqu’à la citadelle qui domine la ville. Sarajevo s’étend sous nos yeux entre des montagnes de moyenne-haute, le long de la vallée de Miljacka. Devant nous, la ville « orientale », au-delà des quartiers de l’époque austro-hongroise et même au-delà, des banlieues à perte de vue. Mais surtout, à nos pieds, un vaste cimetière islamique. Ici, il est impossible d’oublier la guerre et les quatre années de siège qui ont tourmenté la ville.

Tunnel de l’espoir

Il existe de nombreux musées et mémoriaux, dont le plus émouvant est sans doute de réserver (dans l’une des nombreuses agences de voyage) une excursion pour se faire raconter par un local l’incroyable épopée du Tunnel de l’Espoir. Ce tunnel de 800 m de long, 1 m de large et 1,60 m de haut, qui passait sous la piste de l’aéroport et dont la porte d’entrée se trouvait dans une maison familiale ordinaire, a permis, aux heures les plus sombres de son histoire, de détruire impitoyablement la ville. assiégée par les troupes serbes.

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Huit ans avant le drame, l’ambiance à Sarajevo devait être bien différente. En 1984, la ville connaît son heure de gloire en accueillant les 14e Jeux olympiques d’hiver. Le funiculaire qui relie le centre-ville à la montagne Trebevic a été remis en service en 2018. De là, à 1164 mètres d’altitude (la vallée est à 500 mètres), vous pourrez redescendre vers la ville par la piste de bobsleigh. étonnante construction en béton qui s’étend sur plusieurs kilomètres de plus, et sur des sentiers de montagne.

Cascades et cigales

La montagne est partout en Bosnie-Herzégovine. Si vous n’êtes pas au pied de celui-ci, vous le verrez forcément à l’horizon. C’est aussi le pays des torrents et des cascades. L’une des plus célèbres est celle de Jajce, plus au nord. La vue de cette cascade de 21 mètres de haut, construite sur le piton rocheux au pied de la vieille ville, est impressionnante. Nous venons aussi à Jajce à cause de la forteresse et des deux beaux lacs à l’ouest de la ville. C’est la verte Bosnie ici ; les rivières coulent librement, les montagnes sont couvertes de pins et le temps est moins torride que dans le sud.

À seulement 160 km, Mostar a un tout autre visage. L’arrivée se fait par une gorge étroite qui fend des montagnes arides et peu à peu un bruit entre, celui des cigales. Mostar est surtout connue pour son vieux pont (Stari Most), une arche de pierre (reconstruite en 2004) qui enjambe la Neretva et d’où partaient les braves pour une baignade d’une vingtaine de mètres. Même dans la ville, cette rivière a l’air déchaînée et les vieux bâtiments sont proches les uns des autres, perchés sur les rives escarpées.

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Un pays divisé

En dehors de la vieille ville, les traces de la guerre sont bien plus nombreuses ici que dans la capitale. Mostar est toujours divisée entre musulmans à l’est et croates catholiques à l’ouest, il reste encore de nombreux bâtiments en ruine et à certains endroits le Bulevar, qui forme toujours la ligne de démarcation entre les deux communautés, ressemble à un no man’s land un peu négligée, même si toute la ville est totalement sûre pour le touriste.

Enfin, à l’extrême sud du pays, à la frontière de la Croatie et du Monténégro, la ville de Trebinje vaut également le détour, pour sa place centrale de style provençal, ses rues anciennes et son église de l’Annonciation perchée. , d’où vous pourrez profiter d’un beau panorama. L’occasion aussi, pour ceux qui s’intéressent à la politique et à l’histoire, de faire un tour de l’autre côté : nous sommes ici en Republika Srpska, l’entité serbe et irrédentiste du pays. Si la Bosnie-Herzégovine est aujourd’hui une destination favorite des touristes – les montagnes sont belles, les paysages et la campagne mieux préservés que partout ailleurs dans les Balkans – elle reste malheureusement un pays divisé et compliqué à gérer pour ses habitants.