Les ambitions de Sébastien Vincini, nouveau président du conseil départemental de Haute-Garonne

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Sébastien Vincini, le nouveau président du conseil départemental de la Haute-Garonne, a été élu à une large majorité (45 voix pour 54 électeurs). Il a 44 ans, il vient de quitter ses fonctions de maire de Cintegabelle. Il a également été 1er secrétaire fédéral du Parti socialiste du département. Ce bon ami d’Olivier Faure, le secrétaire national du PS, a aussi été l’un des négociateurs du Nupes. Sébastien Vincini a détaillé ses projets à France Bleu Occitanie.

Quelles seront vos priorités pour ce mandat ?

La première priorité du département sera la solidarité humaine. C’est l’ADN constitutif des assemblées départementales : la solidarité avec les personnes les plus vulnérables, les enfants à risque, les personnes en situation de handicap, les seniors. Aujourd’hui, nous devons avancer face aux difficultés des gens. Il faut aussi savoir innover et avoir aussi un mode plus partenarial, de concertation et de contractualisation pour saisir toutes les opportunités d’amélioration de nos politiques publiques. En termes d’intégration, nous devons avoir plus de liens avec la région, car c’est la région qui gère la mobilité et la formation. Et il faut aussi avoir des liens avec l’Etat pour la protection des enfants. Nous devons créer des ponts et des connexions beaucoup plus solides pour obtenir de meilleures réponses de nos concitoyens.

Et si vous deviez choisir une priorité différente pour ce mandat à venir ?

Ce serait la transition écologique, c’est une nécessité. Nous devons prendre des décisions. Je pense fournir de l’eau potable après l’été que nous avons traversé. Nous faisons partie de la génération qui doit prendre des décisions importantes pour s’adapter à ce changement climatique. Nous devons continuer à lutter contre les effets des gaz à effet de serre, mais aussi prendre des mesures pour mieux isoler nos bâtiments, changer nos modes de consommation et adapter notre production. Nous devons également investir dans la mobilité. Il s’agit d’une préoccupation pour laquelle le Ministère n’a plus compétence. Mais je tenais à confirmer : nous serons là pour participer aux réflexions et aux prises de décision qui s’imposent si nous ne voulons pas continuer à vivre au bord des routes dans une métropole asphyxiée.

Faites-vous référence au projet de RER Toulousain, convoité par Emmanuel Macron dans les dix plus grandes villes de France ?

C’est une main tendue à tous les acteurs qui travaillent aujourd’hui sur ces enjeux : le département est prêt à se tenir à leurs côtés pour se poser les bonnes questions et prendre les décisions si nous voulons construire un vrai projet qui améliore le quotidien de nos concitoyens. Nous avons une expertise en aménagement du territoire, nous pouvons participer à l’intelligence collective. Et puis nous sommes une collectivité qui a la capacité financière d’investir avec la région et l’État : on ne peut pas faire ce genre de projets tout seul.

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Vous avez cité Lionel Jospin lors de votre intervention. Il a été conseiller général du canton de Cintegabelle, ville dont vous étiez maire. Vous revendiquez cette lignée. Lionel Jospin a quitté la politique en 2002, n’avez-vous pas trouvé d’autres modèles depuis ?

Je me nourris de rencontres. Et depuis 2002, je vous assure, j’ai rencontré beaucoup de monde. Donc quelqu’un qui s’appelait Georges Méric, en 2011. Mais je me nourris aussi de littérature, de mes amis et des autres personnes que je rencontre.

Vous parlez d’amitié : comment occupez-vous votre temps libre ?

Mes journées ne durent que 24 heures, à mon grand regret. Mais j’arrive à travailler plus de 70 heures par semaine. J’ai été diagnostiqué hyperactif à 35 ans. Je suis donc occupé par beaucoup de choses. J’aime beaucoup la poésie qui me permet de m’évader la nuit. René Char et Paul Eluard sont les deux poètes qui ne me quittent jamais. Mais je pourrais aussi citer deux Toulousains qui écrivent des romans fantastiques et des polars : Giacometti et Ravenne. Ils ont écrit, je crois, leur 20e roman. Après cela, j’aime aussi regarder de bons films et quelques blockbusters le week-end.

Et puis, pour rester costaud, je cours : j’ai déjà fait plusieurs marathons. Courir est presque un mode de vie. Elle nous enseigne la résistance face aux difficultés, la résilience. Je cours au milieu de mes paysages, avec les Pyrénées en toile de fond : ça me recharge aussi énormément.

Le 80, je crois que le Congrès du Parti socialiste aura lieu à Marseille fin janvier. C’est une fête en déclin. Faut-il nettoyer le PS ? Changer de nom par exemple ?

Les partis politiques ont toujours leurs hauts et leurs bas. Nous en avons connu quelques-uns dans l’histoire et ce n’est pas la première fois. Mais nous avons progressé aux élections locales, en termes de nombre de régions et de grandes villes. Et ce n’est pas un hasard si « France Urbaine », l’association qui fédère toutes les métropoles de France, est présidée par Johanna Rolland, socialiste et maire de Nantes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’Association des Régions de France est présidée par Carole Delga, la présidente de la région Occitanie également socialiste. Au fait, ce sont deux femmes. Peut-être que l’avenir du Parti socialiste passera très probablement par les femmes. Mais vous savez, si nous avions présidé ces instances là, ce n’aurait pas été grâce à la générosité de la droite que nous aurions quitté leur siège. C’est bien parce que la gauche a avancé. Nous avons donc bien subi une très lourde défaite lors des élections présidentielles. Mais on a pu à la fois écouter ce qu’on nous disait pour construire l’union de la gauche et aussi se retrouver avec un résultat bien meilleur que prévu au moment des élections législatives.

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Vous êtes maintenant président du conseil provincial. Voyez-vous ce poste comme un tremplin vers la mairie de Toulouse en 2026 ?

Non. Je suis un élu. Je pense qu’il y a encore beaucoup à faire en tant que leader de cette communauté. Nos concitoyens attendent de nous des réponses, pas que nous nous projetions sur un avenir professionnel ou personnel.

Un mot sur les stations de ski. Vous participez au financement de trois stations. Le contexte est difficile avec la hausse des prix de l’énergie. Ne craignez-vous pas que ce soutien soit un gouffre financier pour le département ?

Lorsque le département de la Haute-Garonne a pris la décision d’investir dans l’économie de montagne il y a quelques années, c’était justement pour qu’une économie de montagne continue d’exister. De nombreux investissements ont été réalisés, d’autres sont encore en cours pour passer en quatre saisons et professionnaliser les acteurs de la Haut-Garonne. C’est un bassin de vie qui a aussi le droit de déterminer son sort.

A la fin de votre allocution, vous avez évoqué vos humbles origines et rendu hommage à vos grands-parents : des métayers italiens installés près de Cintegabelle, à Picarrou, au milieu des années 1930. Vous avez également rappelé l’importance de l’école de la République…

L’école était mon fief. Ici, j’ai pris conscience de ma propre condition. Mais j’ai aussi appris qu’à travers l’école je pouvais m’instruire, m’instruire. Cela a aussi forgé mes convictions politiques car j’ai rencontré ce qu’on pourrait appeler de vrais hussards de la République : j’ai eu la chance de rencontrer des professeurs qui ont fait plus que me donner une leçon d’éducation.

Mais croyez-vous toujours sincèrement en cette école de la République qui joue un rôle d’ascenseur social ? Les choses ne sont plus les mêmes qu’il y a 20 ou 30 ans ?

Je ne sais pas si cette école existe encore sous cette forme : l’école n’évolue plus dans les mêmes conditions qu’il y a 30 ans. Beaucoup de choses sont nécessaires à l’école d’aujourd’hui. Quand j’étais enfant, on ne lui demandait pas de résoudre des problèmes sociaux. Mais je crois qu’il y a encore beaucoup d’enseignants qui sont très impliqués et qui croient en ce qu’ils enseignent. Le département a le projet de mixité sociale pour les collèges : on a voulu casser les collèges ghettos. Et aujourd’hui, les résultats scolaires des premières cohortes diplômées et recevant leur certificat nous montrent que nous avons eu raison de casser ce système. Le brassage a conduit à la rencontre de l’autre, l’opportunité d’apprendre autrement. Avec ce mix, on se relève en quelque sorte.