Les ascenseurs, un marché très dynamique sur lequel on peut miser…

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(BFM Bourse) – Le secteur des ascenseurs et escaliers mécaniques pourrait atteindre des revenus de près de 100 milliards d’euros en huit ans, selon Credit Suisse. Très concentré, ce marché est dominé par quatre acteurs majeurs.

Il s’agit d’une infrastructure que nous utilisons beaucoup au quotidien et dont le potentiel de croissance est méconnu : l’ascenseur.

Ce dispositif de transport vertical à taille humaine a des origines compliquées à ce jour, et des prémisses qui peuvent remonter à l’Antiquité. Il est également difficile de connaître le nombre d’ascenseurs dans le monde, mais l’industrie nationale des ascenseurs en a recensé, en 2017, 1 million aux États-Unis et au Canada, combinés.

Indissociable du paysage urbain, l’ascenseur reste un mécanisme en constante évolution technologique, intégrant par exemple l’intelligence artificielle et l’internet des objets depuis quelques années. « L’intelligence artificielle est utilisée dans la maintenance prédictive » qui permet « l’analyse des données [des] pour fiabiliser le fonctionnement des ascenseurs » et ainsi éviter les dommages, expliquait l’an dernier Guillaume Fournier-Favre, directeur général de Kone France, à BFM Business.

La modernisation comme locomotive

Surtout, ce secteur connaît une croissance relativement élevée. Dans une étude publiée mardi, le Credit Suisse estime que le marché total des ascenseurs et escaliers mécaniques devrait passer d’un peu plus de 60 milliards d’euros en 2021 à près de 100 milliards d’euros en 2030, soit une croissance annuelle moyenne d’environ 4,5%.

Le marché des installations neuves devrait progresser de 2 % en moyenne, en valeur. En termes de volume, le Credit Suisse estime que le nombre de nouveaux ascenseurs et escaliers mécaniques, après avoir atteint un pic de plus d’1 million en 2021, devrait ralentir et évoluer entre 950’000 et 850’000 unités par an. Ceci, en raison d’une baisse de 25% en Chine, où le marché immobilier peine à cause des difficultés financières des promoteurs.

En valeur, ce segment passera de 26,5 milliards d’euros en 2021 à 30,8 milliards d’euros d’ici 2030, avec une contribution d’environ 10% à la hausse des prix. Le nombre d’ascenseurs et d’escaliers mécaniques en service passera de 20 millions en 2022 à environ 27 millions en 2030.

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Le marché de la maintenance de ces installations devrait atteindre 45 milliards d’euros en 2030 contre 32 milliards en 2021, soit une croissance moyenne de 4 %. Cette modernisation sera la plus dynamique avec une progression annuelle moyenne de 11 %, et dépassera les 20 milliards d’euros en 2030.

Une prime à reconquérir

Mais au-delà de cette perspective prometteuse, pourquoi investir dans des ascenseurs ? Deutsche Bank a donné quelques réponses lorsque la banque a commencé à surveiller le secteur le mois dernier.

« Les actions d’ascenseurs [du groupe] offrent une exposition aux fortes tendances de long terme, notamment l’urbanisation des marchés clés et la recherche d’efficacité énergétique, tout en bénéficiant d’un marché combiné avec des revenus de services non discrétionnaires et récurrents », a développé la banque allemande. Ce sont ces valeurs qui permettent de jouer dans les mégatendances, comme la transition énergétique mais aussi l’Internet des Objets (IoT). Et l’urbanisation des grandes villes des pays en développement, synonyme de surélévation des bâtiments.

A court terme, la banque estime que les dernières difficultés du secteur, à savoir la situation économique incertaine en Chine et la hausse du coût des matières premières, s’atténueront fin 2023, avec une amélioration des marges dès l’an prochain.

Cela devrait permettre à ces valeurs de retrouver la prime de valorisation dont elles auraient dû bénéficier par rapport au MSCI Capital Goods – un indice qui classe les valeurs mondiales produisant des équipements à forte intensité capitalistique – en raison de leur modèle économique attractif (marges fortes, revenus de services récurrents et croissance structurelle ).

Le profil défensif de Schindler

En termes d’acteurs, le secteur est très concentré. Quatre groupes se partagent ainsi près des deux tiers du marché selon le Credit Suisse : l’américain Otis (18%), le suisse Schindler (16%), le finlandais Kone (également 16%) et Thyssenkrupp Elevators (TKE, 13%), qui résulte de la vente de la division lift du conglomérat allemand Thyssenkrupp au fonds.

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En termes d’arbitrage, Deutsche Bank, qui suit Kone et Schindler, préfère miser sur le groupe suisse et acheter des recommandations, contre « hold » pour la Finlande. La banque a observé le mois dernier que Kone s’échangeait avec une prime importante par rapport au secteur des biens d’équipement, tandis que Schindler affichait une valorisation en ligne avec ce compartiment. Ce que la banque juge injuste, c’est que les marges de la Finlande ont plus souffert que celles de la Suisse.

Au cours des neuf premiers mois de l’année, Kone a vu sa marge opérationnelle ajustée pour atteindre 8,9% contre 12,3% un an plus tôt.Une baisse a été moins prononcée chez Schindler, le même indicateur s’est établi à 8,9% également mais il n’a baissé que de 2,4%. points contre 11,4 % au cours des neuf premiers mois de 2021.

Deutsche Bank considère également le profil de Schindler comme plus défensif, car il se concentre davantage sur les services et moins sur les nouvelles installations, dont le principal moteur reste la Chine. Une moindre exposition à la deuxième économie mondiale, en pleine crise immobilière, devrait donc lui permettre de surperformer ses pairs, selon Deutsche Bank.

Concernant Otis, la plupart des analystes restent « neutres » sur la valeur, selon Investing.com, avec un objectif de cours moyen de 77 dollars par action en dessous du cours actuel de 81,6 dollars. Le groupe a souffert cette année d’une forte baisse du marché chinois des installations neuves, entraînant une baisse de 4,5 % de son chiffre d’affaires sur les neuf premiers mois de l’année.

Julien Marion – ©2022 BFM Bourse