Ils avaient grimpé au point de pousser les Marocains à presque s’en passer. Les prix des huiles alimentaires sont heureusement revenus à des niveaux plus raisonnables depuis, mais la situation reste instable.
Et pour cause, l’huile de table est une activité qui s’appuie sur une matière première que le Maroc ne cultive pas, le soja, puisque sa culture est fortement consommatrice d’eau. « Pourtant, cette commodité représente 85 % du prix du pétrole, qui est en hausse depuis trois ans », précise Brahim Laroui, directeur général de Lesieur Cristal, qui s’exprimait dans le cadre de notre rendez-vous mensuel, L’invité des Eco.
Il affirme que « la tonne de soja qui se vendait entre 700 et 900 dollars, avec un taux de change, à l’époque, d’environ 9,20 DH, atteint actuellement plus de 2000 dollars », sans même tenir compte de la forte hausse du dollar – parité dirhams. Ce double impact, ou plutôt cette double inflation, a également affecté les autres graines utilisées dans la production d’huile alimentaire. C’est notamment le cas du tournesol qui, suite à la guerre en Ukraine, a vu sa production s’arrêter. Cela représente un impact significatif pour cette région qui monopolise plus de la moitié de la production mondiale de tournesol.
Cette raréfaction de la production a évidemment, comme le confirme Laroui, connu une poussée. « C’était devenu presque impossible de pouvoir l’acheter », raconte-t-il. Le pire est que cette situation a eu un effet boule de neige sur d’autres oléagineux alternatifs comme le colza, le maïs ou encore le palmier. « Tous ont vu leurs prix augmenter considérablement pendant la guerre en Ukraine », note le patron de Lesieur Cristal même s’il assure que le conflit russo-ukrainien n’est pas le seul déclencheur de la flambée des cours du pétrole. Ils avaient pris l’ascenseur juste après la crise sanitaire. En conséquence, la consommation a chuté.
« Nous l’avons vu à travers l’évolution des tonnages commercialisés et les études de marché régulières que nous réalisons, notamment sur l’indicateur de consommation par habitant », acquiesce le PDG de Lesieur Cristal.
Une baisse qu’il juge, somme toute, logique tant le pouvoir d’achat est déjà affecté par l’inflation. Cela implique un changement des habitudes de consommation. « Nous avons constaté une évolution des habitudes de consommation, qui tendent à réduire la quantité d’huiles en les diluant dans les préparations culinaires », note Laroui. A noter que la consommation d’huile de table en bouteille, hors huile d’olive, varie d’année en année, entre 450 000 et 480 000 tonnes par an. Dans ce contexte, Lesieur Cristal, qui est le deuxième acteur du marché, a, comme ses concurrents, été impacté, mais pas seulement négativement. « La crise sanitaire a eu, en 2020, un premier impact positif en termes de volume et de consommation de savon, notre deuxième métier, qui a fortement augmenté », rappelle Laroui. L’activité huiles alimentaires s’est bien comportée, « le confinement ayant entraîné une tendance des ménages à constituer des stocks par crainte d’une éventuelle pénurie ». Plus de détails dans cette vidéo.