L’été aux urgences de l’hôpital d’Argenteuil, « le dernier endroit où la porte est toujours ouverte »

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L’hôpital public traverse une crise caractérisée par une pénurie de soignants et la saturation des services d’urgence. Le Monde a passé deux mois dans cet établissement aux portes de Paris, qui enregistre le plus de visites aux urgences de la région.

« Argenteuil n’a pas bonne presse, ce n’est pas bourgeois, c’est populaire. De toute façon, les médecins préfèrent aller à Auvers-sur-Oise, L’Isle-Adam, Enghien-les-Bains, juste à côté, avec un casino. » Chef du service des urgences de l’hôpital d’Argenteuil (Val-d’Oise), Catherine Legall, en deux chiffres, donne la clé de l’afflux toujours plus important de patients aux portes du centre hospitalier : « Notre territoire est 400 000 habitants autour de nous pour 100 médecins généralistes, c’est très peu. »

Dans le prolongement de la boucle de la Seine, aux portes de Paris, le Val-d’Oise est l’un des départements où la croissance démographique est la plus forte, ainsi que parmi ceux qui ont perdu le plus de médecins généralistes.

A Argenteuil, dans ce service d’urgence sous tension, Le Monde a décidé de passer deux mois. Lorsque ce projet a été lancé, la catastrophe était déjà annoncée avant l’été, alors que plusieurs services d’urgence fermaient. Comme ailleurs, le service a tenu bon. Non sans problèmes.

Devant les portes battantes du bâtiment d’urgence au carrelage blanc où s’arrêtent les SAMU ou les camions de pompiers, le Dr. Cherifa Yahiani fait une pause cigarette à l’extérieur. Elle est l’une des quinze médecins diplômés étrangers en service, sur les vingt médecins qui dirigent la clinique d’urgence jour et nuit. Cinq postes restent à pourvoir, que la direction n’a pas encore réussi à pourvoir. « A Argenteuil il y a surtout des médecins étrangers, peut-être que les médecins français ne veulent pas travailler aux urgences, je ne sais pas ? Ils ont déserté de toute façon », explique le dr. Yahian.

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Selon Catherine Legall, dans tous les hôpitaux environnants, à Pontoise, Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Eaubonne (Val-d’Oise), « il n’y a pratiquement que des médecins étrangers diplômés qui travaillent aux urgences. « . « Les urgentistes français sont au SMUR [structures mobiles d’aide d’urgence et de réanimation] ou règlement médical 15, précise-t-il. Parce que c’est plus calme. Bien sûr, il peut y avoir des cas très graves, mais vous avez un patient pour médecin, avec une infirmière pour vous, souvent des pompiers et il y a cinq déplacements en 24 heures sur 24. Aux urgences, les médecins admettront trente à trente-cinq patients chacun, « sans compter les internes sous tutelle, les malades agités, les policiers à une certaine heure pour ramener l’ivresse publique ».

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