Macron-Biden : le prix de la vassalisation

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Donald Trump a théorisé « America First », Joe Biden la pratique. Les envolées lyriques du président américain lorsqu’il recevait Emmanuel Macron au début du mois – «  La température est peut-être froide en ce beau matin de décembre, mais nous avons le cœur chaud pour accueillir des amis aussi proches à la Maison Blanche »… chiffres de son homologue français – «  Nous coordonnerons nos démarches et nos agendas  » – n’y ont rien changé : Emmanuel Macron est reparti bredouille, quant à l’enjeu principal de sa  Visite d’Etat , à savoir l’exemption de l’UE des effets de la loi sur la réduction de l’inflation. Nous savons : une disposition de ce projet de loi prévoit environ 400 milliards de dollars d’aides et de crédits d’impôt pour la seule fabrication américaine, en particulier dans le secteur des véhicules électriques et les industries liées à la défense climatique. Force est de constater que les accusations du président français de ces mesures « super-agressives » qui risquent de pousser la réinstallation de l’Europe vers les Etats-Unis n’ont pas ému l’ami et allié américain : « Je ne m’excuse pas », a-t-il même sèchement rétorqué ce dernier. On ne peut donc s’attendre à ce que cette loi soit contestée. Mais qui pourrait en douter ?

Emmanuel Macron et, en général, les Européens espéraient le retour des aides de Washington pour compenser leurs achats massifs de gaz liquéfié – plus à un prix quatre fois supérieur à ce que paient les industriels américains ! – et sans parler de l’importation inconsidérée d’avions de chasse F-35, de véhicules blindés, de missiles et de pièces d’artillerie, au nom de la solidarité transatlantique ? Le président français a même cru, dans l’espoir de faire plier le « patron » du monde occidental, qu’il devait faire appel à «  l’avantage pour les États-Unis  » que représenterait une Europe forte… «  compte tenu des priorités qu’ils ont en Indo-Pacifique ou en ce qui concerne la Chine ” ! Une allusion directe à l’appel à « mobiliser les démocraties » derrière Washington dans sa croisade contre son grand rival asiatique, lancée par le président Biden en juin 2021 lors de sa première visite en Europe. Encore une fois, Emmanuel Macron a fait chou blanc. Car pour la Maison Blanche, dans le contexte mondial catastrophique que nous connaissons aujourd’hui, la « solidarité » est plus que jamais à sens unique, les « alliés » sont forcément alignés, chaque capitulation accroît la vassalisation. Après avoir relégué leur désir d' »autonomie stratégique » ou de « souveraineté européenne » au grenier des illusions perdues, les dirigeants européens paient désormais au prix fort leur choix de l’occidentalisme plutôt que d’un multilatéralisme conséquent. Laissez les revers momentanés leur ouvrir les yeux. Ou plutôt, laisser l’expérience douloureuse du bouleversement mondial actuel briser le mythe du pouvoir et ses conséquences dans l’esprit des gens : la hiérarchie des États et les relations de domination.

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