Meilleur cinéma : nous avons compilé nos meilleurs films de 2022

Photo of author
Written By MilleniumRc

Rédacteurs passionnés de culture, d'actualité et nouvelles de tout genre

On voit le film en 2022. Du bon, du désastre et quelques pépites. Voici un aperçu de notre spécialiste interne.

Sommaire

1) EO, une odyssée terrifiante de beauté

Le cinéaste le plus audacieux cette année en Pologne et il a 84 ans. Ami de jeunesse de Roman Polanski, alors exilé aux États-Unis, Jerzy Skolimowski s’est inspiré pour ce film de l’œuvre aléatoire Balthazar de Robert Bresson sortie en 1966. Eo nous permet de voir le monde à travers la perspective d’un âne faisant « Hi-han ». (« Eo » en langue polonaise)… L’histoire retrace le sort d’un âne de cirque amoureux d’un jongleur et témoin perdu de la cruauté humaine. Son voyage solitaire à travers la Pologne nationaliste – et jusqu’aux abattoirs de l’Italie – se révèle comme une poignante fable politique et animale sur les failles de l’Europe contemporaine. Le film a remporté le prix du jury au dernier Festival de Cannes. Il représente surtout un moment extraordinaire de cinéma où il y a aussi une beauté et une horreur inépuisables. Un film à voir sur grand écran…

À lire aussi : Prix du jury au dernier festival de Cannes, Eo est une incroyable fable politique terrifiante de beauté

**** Réalisé par Jerzy Skolimowski. Avec Sandra Drzymalska, Tomasz Organek, Isabelle Huppert – 89′.

2) Revoir Paris, un film magnifique sur l’amour au temps des attentats

Comme c’est beau de voir l’actrice accéder à ce qu’elle a de plus profond. A travers ses choix ultra-contemporains (de la glorieuse Victoria de Justine Triet à l’énigmatique Benedetta, en passant par Un amour impossible de Christine Angot et le très attendu Les enfants des autres de Rebecca Zlotowski), Virginie Efira est devenue depuis plus d’un an d’incarnation cinématographique. d’une certaine idée de la femme européenne, dont la sexualité n’est pas taboue et constitue le moteur secret de son être.

À lire aussi : Virginie Efira sublime Revoir Paris, une histoire de résilience et de couples qui se (dé)nouent lors des attentats de 2015

**** Réalisé par Alice Winocour. Avec Virginie Efira, Benoît Magimel, Grégoire Colin, Amadou Mbow – 105′.

3) Triangle of Sadness, Palme d’or à Cannes : une satire grinçante de notre société

Lorsqu’il reçoit sa Palme d’or, il s’agite sur scène sous les yeux confus du public. Cinq ans après The Square, portrait terrifiant d’un conservateur de musée d’art moderne dépeignant le vide de l’Occident contemporain, Ruben Östlund revient sur scène avec la même attitude gagnante pour un nouveau drame critique, Triangle Of Sadness, joué sur un yacht de luxe. Le cinéaste énergique était un skieur professionnel et est venu au cinéma par le biais de films sportifs, avant d’en faire le sujet d’une œuvre de fiction très remarquée, Snow Therapy (2014). Maître de l’humour polaire, il observe ici, livrés à une croisière de luxe, une poignée de personnages oisifs et socialement utiles (un couple de jeunes influenceurs, un vieil américain victime d’un AVC, un ancien oligarque russe, etc.) sur un croisière dont le point culminant est censé être un dîner pour le capitaine (inattendu Woody Harrelson) qui se trouve être un américain et un marxiste, à l’approche de la tempête.

À lire aussi : Cinéaste vibrionnant, le Suédois Ruben Östlund a remporté une seconde Palme d’or avec Triangle Of Sadness. On l’a rencontré

**** Réalisé par Ruben Östlund. Avec Harris Dickinson, Charlie Dean, Woody Harrelson – 149

4) Les enfants des autres, un film sublime dédié aux mères sans enfant

« J’ai honte de cette conversation, je suis une femme qui veut des enfants. » Cette confiance chuchotée à Paris par une femme à l’homme qu’elle aime, c’est comme le cinquième film de Rebecca Zlotowski, doux, beau, fort. Douze ans après Belle Épine, le réalisateur revient dans la veine de l’autobiographie à travers le portrait de Rachel (Virginie Efira), orpheline de mère professeur de cinéma avec enfants, de la rencontre avec Ali (Roschdy Zem) à l’attachement progressif à la dernière petite fille. , Leïla, qui vit en alternance avec sa mère (Chiara Mastroianni). Les Enfants des autres est un grand portrait de femmes contemporaines sublimé par l’exposition enchanteresse de Virginie Efira, occupée par des sujets chers à la réalisatrice (deuil d’une mère, sororité) mais aussi universels (la perte de l’amour, le lien constant. et nous unir), dévoilant une allégorie intime sur la vie de notre cité et accordant aux femmes sans enfant la place que le cinéma leur doit. Juste vivre.

À lire aussi : Rebecca Zlotowski détruit les stéréotypes de la belle-mère pour offrir un film plus proche de la réalité de nombreuses familles

**** Réalisé par Rebecca Zlotowski. Avec Virginie Efira, Roschdy Zem – 103′.

5) Elvis, le biopic réussi de ce super-héros brisé

« Je n’ai pas tué Elvis, je l’ai créé. C’était un showman, j’étais un magicien. » Raconté à travers le prisme de l’insaisissable colonel Parker (méconnaissable Tom Hanks en tant que manager exclusif du chanteur), le biopic de Baz Luhrmann raconte le mythe de Presley en suivant de près Le « méchant » de l’histoire. Au lieu du Colonel, Presley (Austin Butler) apparaît tout au long du film comme un personnage comique – le jeune Elvis admettant être un fan de Captain Marvel Jr. pas un music-hall ou glamour depuis Moulin Rouge ou Magnificent Gatsby), le film s’est avéré être un flash painting de l’Amérique des années 1950 et 1970 – l’extraordinaire carrière de King est revenue au miroir de la fin de l’innocence.

À LIRE  Marseille mise désormais sur les croisières de luxe

À lire aussi : Austin Butler incarne le King dans Elvis, évocation électrique et élégiaque de l’icône du rock par Baz Luhrmann

*** Réalisé par Baz Luhrmann. Avec Austin Butler, Tom Hanks, Olivia De Jonge. – 166′

1) Everything Everywhere All At Once: Jamie Lee Curtis hilarante et méconnaissable

Première lecture : nous sommes face à une histoire multivers où chaque personnage vit une vie parallèle tout en passant d’une réalité à une autre. Dans cette dimension, le public a intérêt à ne pas perdre le fil. Cependant, s’il a le malheur de laisser tomber une histoire de science-fiction, il lui reste quand même une relecture. Et c’est probablement le plus intéressant. C’est l’histoire d’une femme chinoise de 50 ans, Evelyne, qui tient une laverie, dont le mari veut partir, qui veut faire plaisir à son père qui ne l’a jamais aimée, qui ne peut plus communiquer. Sa fille et qui n’a pas bien réussi son contrôle fiscal. Elle veut être une bonne mère, une bonne fille, une bonne épouse. Tout, partout, en même temps. Traité sur un mode qui oscille entre la comédie et le drame, ce film réalisé par les frères Russo (réalisateur attaché à la franchise Marvel) est un objet cinématographique original, peuplé d’héroïnes redoutables. En tête d’affiche, Michelle Yeoh a fait le boulot. Mention spéciale au mignon et méconnaissable Jamie Lee Curtis en tant que contrôleur des impôts.

À lire aussi : Un film qui raconte surtout l’émancipation d’une femme incarnée par Michelle Yeoh

** Réalisé par Daniel Scheinert et Daniel Kwan. Avec Michelle Yeoh – 139′.

2) Le magnifique Holy Spider

Tourné en Jordanie pour cause de censure, signé du Danois d’origine iranienne Ali Abbasi (Border), Holy Spider se veut un thriller nocturne subjuguant et pose une réflexion radicale sur la violence qui traverse l’Iran depuis plus de quarante ans.

À lire aussi : Zar Amir Ebrahimi, l’étoile venue d’Iran

*** Réalisé par Ali Abbasi. Avec Zar Amir Ebrahimi, Mehdi Bajestani – 116′

3) Men, cauchemar éveillé

Après la mort de son compagnon dans des circonstances dramatiques, Harper (Jessie Buckley) va se ressourcer dans un petit village de la campagne anglaise. Il a coupé tous les ponts, sauf avec Riley, son ami avec qui il communique via Zoom. Mais comment recharger ses batteries quand on transporte de l’anxiété et de la culpabilité dans sa valise ? Peu à peu, des apparitions et des phénomènes étranges sont apparus. Elle se sentait surveillée, surveillée, suivie. Un homme nu lui apparut, un autre lui courut après au cours d’une de ses promenades. Elle ne semble pas faire attention, au contraire, les gens qui la regardent, ce village est habité par des hommes tous également étranges.

Présenté au dernier Festival de Cannes, dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs, Eux (en anglais Men, un titre plus explicite) est un film qui sent plus qu’il n’explique, même si le scénariste et réalisateur Alex Garland a la bonté de le dire. on a glissé quelques astuces en cours de route, comme confier tous les rôles masculins à un seul acteur, le redoutable Rory Kinnear (Bill Tanner dans la franchise 007 et inoubliable dans la série Taun Jeung Taun). Utilisant la grammaire des genres, thrillers et films d’horreur, Alex Garland (Annihilation) nous propose une plongée cauchemardesque dans les traumatismes d’une femme tentant de se libérer de l’emprise paternaliste et moralisatrice des hommes. C’est une tentative d’explication. A vous de trouver le vôtre !

À lire aussi : Alex Garland signe une fable qui mêle habilement horreur, psychanalyse et féminisme

*** Réalisé par Alex Garland. Avec Jessie Buckley, Rory Kinnear, Paapa Essiedu – 100′.

4) The Innocents, l’origine du mal

Leurs noms sont Ida et Anna. Elles sont soeurs. Anna est autiste, Ida est une fille timide. Ils viennent de déménager dans un nouveau quartier avec leurs parents. C’est là qu’Ida a rencontré Ben et Aisyah. Ce qui les distingue, c’est leur don. En pensant, ils peuvent communiquer à distance, déplacer des objets, casser des branches d’arbres ou s’emparer de la volonté de quelqu’un. Ce qui a commencé comme un passe-temps s’est rapidement transformé en une cruauté gratuite. Surtout dans le cas du jeune Ben, le garçon est rempli d’une colère qui ne semble s’apaiser qu’en faisant le mal.

À LIRE  Ces chats parcourent le monde avec leurs maîtres !

Deuxième long métrage du Norvégien Eskil Vogt, scénariste de Joachim Trier, Les Innocents est bien plus effrayant qu’un film d’horreur bourré d’effets, d’abord par son manque, ensuite parce qu’il met en scène des enfants qui nous agitent avec des questions sur l’origine de le mal et le monde où la vérité trouve sa place.

À lire aussi : Les enfants du terrifiant The Innocents d’Eskil Vogt ravivent la question du mal

*** Réalisé par Eskil Vogt. Avec Rakel Lenora Fløttum, Alva Brynsmo Ramstad, Mina Yasmin Bremseth Asheim – 117′.

5) Les pires, la claque de la semaine entre fiction et réalité

Lorsqu’une équipe de tournage arrive pour tourner une ville fictive du nord de la France, c’est l’effervescence. Les acteurs du film sont tous des gosses du coin, des non-professionnels qui seront dirigés par Jibril (excellent Johan Heldenbergh), un réalisateur qui cherchera à obtenir d’eux ce qu’il recherche par tous les moyens. Inspiré de son expérience de casting sauvage et de son court métrage (Chasse royale, à voir sur YouTube), Les pires est le premier long métrage de Lise Akoka et Romane Gueret. Une mise en abyme fantastique dans la frontière floue et parfois dangereuse entre fiction et réalité.

« Le réalisateur de notre film est un condensé de plusieurs réalisateurs que nous avons observés, expliquait Romane Gueret. On parle évidemment d’un cinéma particulier qui cherche ses acteurs au milieu du décor. Nous aussi, nous écrivons en nous inspirant de du vrai matériel et des gens. Mais on essaie de faire la part des choses, de ne pas faire jouer à l’enfant quelque chose qui sera tout à fait son histoire. Notre film est une fiction très écrite, avec un peu d’improvisation. C’est important d’établir ça et ça aussi rend justice au travail de ces enfants qui apprennent tout le scénario par cœur.

C’est pourquoi le choix narratif des deux réalisateurs se porte sur la production de fiction plutôt que de documentaire, pour maîtriser le sujet et protéger l’interprète tout au long du processus. « Le danger est là, raconte Romane Gueret, dans le sens où on fait souvent face à des enfants fragiles à la base. Il y a une autre question qu’on touche dans le film : c’est la question de la maltraitance des adultes. Quand on a écrit le film, on étaient au milieu de #MeeToo, et, entre autre, l’affaire d’Adèle Haenel. Ce n’est donc pas le sujet de notre film, mais on peut effectivement se demander pourquoi le cinéma a parfois tendance à croire que tout est permis. S’inspirer de la réalité devrait ne nous empêche pas de faire travailler nos enfants le plus possible ensemble. Nous avons décidé de faire intervenir le psychologue dans le film, ce qui se fait très peu dans la réalité. Et nous avons décidé de les suivre longtemps après le tournage. Avec Lise, nous se sentir responsable.

Au-delà de toutes les questions qu’il soulève, humaines et éthiques, Les pires sont empreints d’une puissance cinématographique et d’une vérité qui doivent beaucoup à leur écriture et à la qualité de tous leurs interprètes. Même professionnel…

À lire aussi : Les pires questionne le 7e art quand il met en scène des acteurs non-professionnels

**** Réalisé par Lise Akoka et Romane Gueret. Avec Mallory Wanecque, Timéo Mahaut, Johan Heldenbergh – 99′.

5 ex aequo) Close, un (très) grand film signé Lukas Dhont

C’est l’histoire d’une amitié naturelle brisée par des normes fortes, puissantes, intégrées et terribles. Dès la première image, l’émotion vous submerge. Deux amis, Léo et Rémi, treize ans, courent dans un champ de fleurs à la fin de l’été. Dans la course et le rire, ce sont tous les petits enfants qui défilent, la grâce et la joie de vivre, et la certitude de l’amitié qui fait vivre le monde pour vous. Mais à la rentrée, sous la pression du groupe, Léo ne peut s’empêcher de cacher son amitié pour Rémi, car il a peur du jeu. Le film de Lukas Dhont est une réflexion sur les normes qui entravent les aspirations profondes de la société car c’est une mise en scène de l’enfance où pulsion, souffrance et culpabilité ne sont pas absentes, et loin du trivial dans la représentation des préadolescents à l’écran. Close est un grand film de dés/étude dans la lignée de Céline Sciamma ou de Gus Van Sant, également porté par la merveilleuse Émilie Dequenne en mère rédemptrice et plus que suffisante, entourée de deux ados de la génération de l’éveil où c’est aussi permis. mettre tous nos espoirs.

À lire aussi : Lukas Dhont à propos de Close :  » Parler de la tendresse et de la ­fragilité est un acte politique « 

**** Réalisé par Lukas Dhont. Avec Eden Dabrine, Gustav De Waele, Émilie Dequenne, Léa Drucker, Kevin Janssens – 105′.