MSC World Europa Delivery : les croisiéristes défient l’environnement

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Written By MilleniumRc

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Il ne manquait rien ! Les discours, la bénédiction catholique, les chanteurs d’opéra, le passage du pavillon français au pavillon maltais, puis la traditionnelle bouteille de champagne qui s’est brisée sur la coque du nouveau vaisseau amiral de la flotte italo-suisse MSC… A Saint -Nazaire, Chantiers de l’Atlantique, a livré le 24 octobre le MSC World Europa, le premier d’une nouvelle classe de paquebots géants. Le second doit être livré dans deux ans.

Avec une longueur de 333 mètres et une hauteur de 68 mètres et plus de 2 600 cabines pouvant transporter 6 762 passagers, le World Europa serait le sixième plus grand paquebot du monde. Alors que les invités de la cérémonie de passation de pouvoir ont pu découvrir cet univers du luxe avec ses nombreuses attractions et balades, les présentations des responsables de MSC et des Chantiers de l’Atlantique ont porté avant tout sur les enjeux écologiques.

En effet, après l’avion, le monde de la croisière est de plus en plus critiqué par les ONG environnementales, notamment à l’égard de ces paquebots géants qui se développent depuis des années. Ils permettent des économies d’échelle pour démocratiser la tarification des croisières, mais aussi offrir plus d’activités de loisirs pour toucher plus de groupes cibles. Pollution, facteur « surtourisme », les accusations ne sont pas sans fondement et on a vu plusieurs villes à travers le monde prendre des mesures pour restreindre l’accès à ces véritables petites villes flottantes.

Des villes qui ne tolèrent plus la pollution dans leurs ports

En France, en juillet 2022, la mairie de Marseille a organisé un appel signé par près de 50 000 personnes pour interdire aux navires de croisière de faire escale les journées pollution. Un appel qui, selon la majorité municipale, ne doit pas être anti-croisière, seulement aux bateaux les plus polluants, qui utilisent notamment du fioul lourd pour faire fonctionner leurs systèmes électriques à quai.

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Dans le monde de la croisière, un carburant plus propre gagne en popularité : le gaz naturel liquéfié (GNL), sur lequel opère MSC World Europe. C’est même le premier méthanier construit en France. « Ce navire a les émissions de CO2 les plus faibles par tonne de toute la flotte maritime mondiale, c’est un record mondial », a déclaré Laurent Castaing, directeur général des Chantiers de l’Atlantique. MSC promet jusqu’à 25 % d’émissions de CO2 en moins, mais aussi 99 % d’émissions d’oxyde de soufre et 85 % d’émissions d’oxyde d’azote.

« Il est vrai que le transport maritime se tourne de plus en plus vers ce carburant », note Delphine Gozillon, responsable du transport maritime durable à l’ONG Transport & Alentours. On constate que 29 paquebots de croisière et 171 porte-conteneurs GNL sont actuellement en commande dans le monde. Selon l’ONG, plus de 6,3 millions de tonnes de GNL seraient nécessaires en 2030 pour alimenter une flotte croissante sur cette source d’énergie, soit l’équivalent de la consommation de 7 millions de foyers.

L’hydrogène plutôt que le GNL

« Alors que nous sommes en pleine crise énergétique et qu’il est aussi important de sortir des énergies fossiles, choisir le GNL est assez irresponsable », prévient Delphine Gozillon. De plus, si les émissions de soufre ou d’oxydes d’azote sont réduites et les émissions de CO2 légèrement réduites, la combustion du GNL produit du méthane, qui a un pouvoir de réchauffement 80 fois supérieur au CO2 sur vingt ans. L’ONG ne se dit pas opposée aux croisières, mais estime qu’il existe des pistes plus convaincantes comme l’hydrogène ou le méthanol.

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Donnez-nous suffisamment de ces carburants et nous sommes prêts à les utiliser, semble répondre le monde des croisières. « Nous avons choisi le gaz naturel (…) car c’est le carburant le plus accessible aujourd’hui », souligne Patrick Pourbaix, directeur général France chez MSC Croisières à Saint-Nazaire. Nous pourrions accélérer la transition vers l’hydrogène. Le problème est qu’aujourd’hui, il n’y a pas assez d’hydrogène sur terre pour alimenter nos navires. »

L’optimisme est le même au Chantier de l’Atlantique. « La version sans émissions de ces carburants n’existe pas encore. Mais une fois que nous aurons ces carburants sous une forme zéro émission, nous pourrons les utiliser et nous pourrons avoir des navires zéro émission », a assuré Laurent Castaing.

Une pile à combustible à bord

MSC World Europa utilise un prototype de pile à combustible développé par les Chantiers de l’Atlantique d’une puissance de 150 kilowatts. Il fournit de l’électricité avec du GNL par réaction électrochimique. Cependant, un tel navire nécessite beaucoup plus d’électricité pour fonctionner. Les Chantiers de l’Atlantique travaillent au développement de batteries plus puissantes qui, en plus d’être utilisées en mer, permettraient également de produire de l’électricité à quai. Aucun port français et peu en Europe ne disposent d’équipements pour connecter les navires, ces derniers doivent désormais faire tourner leurs moteurs pour avoir de l’électricité, ce qui cause beaucoup de pollution.