Paris, revue Bluemarble à l’école Molière de mon enfance. Un ami demande : « Où sont les nôtres ? » Elle parle du petit groupe de journalistes que nous formons. Oui, on remarque à peine mes collègues, perdus parmi les convives, tous plus frais les uns que les autres. Classe et cool, à tel point que j’ai inventé le mot « école » juste devant eux. Ils reconnaissent immédiatement ce mot et le font rebondir, comme au basket. J’ai l’impression d’être devant un magazine de mode incarné. Personne ici n’est installé. Chaque look est une source d’inspiration. Tout le monde prend des photos de tout le monde, tout le monde commence à se suivre sur Instagram, tout le monde se connaîtra d’ici la fin de la semaine.
Ils ont été surpris par la Fédération de la Haute Couture et de la Mode : la plateforme digitale est passée d’un million de visites par an à 700 000 en seulement trois mois. Les jeunes n’ont pas du tout perdu leur intérêt pour la mode, au contraire. Et ce qui a changé, c’est qu’ils sont désormais invités. Avant, il y avait des journalistes (beaucoup), des célébrités, des clients et des acheteurs dans les défilés. Ces gens formaient une coterie avec leurs rangs, leurs places, leurs zones. Les blogueurs se sont impliqués, puis les influenceurs.
Et qui avons-nous maintenant ? Personnes. Les « people » de la mode n’ont pas forcément 800 000 followers sur Instagram, mais côté look, ça y est. Il est agréable, a souvent un travail à côté, aime être rapide et désinvolte. Il est irrésistible. « Gens » est de vrais « gens » mais en mieux.
On a vu beaucoup de « people » dans les shows cette année. Et si ce sont des exhibitions masculines que ces outsiders attaquent, ce n’est pas par hasard. Les défilés féminins sont trop serrés. Trop de vues totales. Trop d’envie de revenir vers les invités, et donc trop d’impulsion pour le bon travail. Tandis que « les people », il surfe entre la marque et son truc.
« People » à l’entrée du défilé Bianca Saunders : son jean ressemble à un deux pièces, short et pantalon. Il m’a dit : « C’est Raf Simons. Un ami l’appelle : « Hé, tu peux te le permettre ! » Il m’explique : « Ce que veulent les marques, c’est que tu les portes réellement. « Il faut les voir portés », comme ils disaient un il y a quelques années en regardant pensivement un article vestimentaire dans la série mode d’un magazine. Et tout est là, dans cette vie au lieu du vide interstellaire d’un total look. D’ailleurs, « l’école » ne passerait-elle pas par la petite Bianca Saunders pantalons en tricot et ensembles de survêtement?
Sommaire
« « J’ai coupé un vieux pantalon Dries. J’avais chaud aujourd’hui. »
« People » chez JW Anderson : affalé sur sa chaise, au premier rang, dans un pantalon beige plissé oversize. « Oui, c’est JW… » Et qu’on le prenne en photo. Juste après, le show de JW Anderson : un hymne aux objets mythiques de la jeunesse. Selfie (autoportrait, d’accord) de Rembrandt imprimé sur des vêtements.
Le « peuple » s’est assis sur sa chaise. « People » aussi, en Dries Van Noten, dans ce show de beauté renversant où les jupes tubes s’ajoutent aux costumes. Il a un bermuda plissé à fleurs : « J’ai découpé un vieux pantalon Dries. J’avais chaud aujourd’hui. »
« Les gens » qui ont superposé des boxers en soie et des shorts amples chez Craig Green lors de cette exposition de cadeaux. Emmenez-moi voir Craig Green, éventuellement. Il y a trois mois, mon nouvel ami ne connaissait personne. Il me parle de la collection qu’on vient de voir : « L’homme à son meilleur, qui peut s’alléger, changer (tu vois, il y a des petites jambes qui sortaient du look, comme ces vêtements découpés que tu voyais dans magazines), qu’on peut très facilement changer. »
« People » chez Loewe, avec un débardeur à imprimé donut sur un jean oversize vertigineux. Montrez à Loewe notre relation avec la nature, avec l’herbe qui pousse partout sur les vêtements. Et des collants. Beaucoup de collants. Pour les hommes on dit « meggings ». Nous n’avons pas fini de nous amuser. Mais quel maître nous avons, décidément, avec ce Jonathan Anderson !
Où me suis-je arrêté ? Ah oui, même chez Armani, où rien ne change beaucoup, plusieurs jeunes hommes sont présents dans le public du show Emporio Armani, tous dans ces combinaisons grises qui sont la couleur de la maison. Tout le monde prend une photo. Quelques instants plus tard, on voit leur frère défiler sur le podium. C’est comme si ce style s’était capillairement transféré du podium vers les rangs. On veut ça partout.
Les jeunes stars de la pop coréenne chez Céline
Céline est l’une des rares grandes maisons qui aime appeler « le peuple ». Ils remarquent des pousses que tout le monde arrache ensuite (Gucci le fait aussi). Au défilé Céline, les regards colériques de la collection défilent autant pour les gamins assis par terre – tous plus « scolaires » les uns que les autres, tous à la Slimane – que pour les toutes jeunes pop stars coréennes, rassemblant tant de les personnes présentes sur l’esplanade du Palais de Tokyo que nous avons au bout étaient interdites de sortie pour des raisons de sécurité. Même Bernard Arnault va monter à l’extrême et aller filmer la foule.
Chez Dior, les « gens » sont tellement amoureux de Dior qu’on aimerait qu’ils aient le temps de confectionner leurs propres vêtements. Le beau jardin de Granville, recréé dans le Val-de-Grâce, est si photogénique que le short sur culotte suggéré par Kim Jones, ses tuniques à double col, ses bottes fourrées de sarcelle, acquièrent une notoriété instantanée. Kim Jones a ramené son « peuple », mais avec un peu trop d’amour pour la notoriété. Le dosage est difficile à obtenir : une si grande maison n’évite pas « les noms sont comptés deux fois ». Un spectacle divin, soit dit en passant.
Dans Dolce & Gabbana, les invités vêtus de la marque sont un spectacle en eux-mêmes. Et c’est un plaisir, car adorer le bling est une façon d’appréhender la vie. C’est insubmersible, ça fait partie de la culture italienne : un tiers des modèles sont des rééditions de 2000. Ils ont été portés par des centaines de milliers de personnes en vingt ans. Portant aussi – masculin et pluriel – probablement tout le monde, le look Prada, ce short en cuir adouci pastel.
hé il y a des « gens » chez Vuitton. Mais ce qui est le plus puissant c’est qu’ils sont sur scène dans une fanfare extraordinaire (Florida A&M University Marching Band), costumés, qu’en dites-vous ? dans… « les vantards » ? On les veut tous, à tous les défilés ! La collection : des vêtements nés dans des cerveaux optimistes, pleins d’enfance, sachant qu’un tel état d’esprit est un défi à l’humeur internationale. Un immense amour est crié dans cette procession.
Human Journal of Fashion : « C’est Couture quand je le dis »
J’ai parlé des célébrités tout à l’heure. Les célébrités sont des personnes, mais elles sont trop célèbres pour être des « personnes ». Le cas d’Ami est intéressant. La marque a acquis sa réputation sur un karma enveloppant, apaisant et charmeur. Une tribu que l’on reconnaît à la tendresse de leurs yeux. Depuis deux saisons, la marque s’est beaucoup développée et s’essaie à un vestiaire plus agressif et plus nocturne. Et en plus, Ami aime les stars. Il n’est pas facile de grandir sans cette incitation d’audience « effet wow ». Plus de « personnes » sont nécessaires ici.
Des gens en jupe plissée
Le problème est qu’ils sont impénétrables. On dirait qu’ils veulent aller partout, mais en attendant ils s’amusaient, et après avoir mystérieusement disparu, ils réapparaissent subitement au défilé de mode de Louis-Gabriel Nouchi (où les clientes défilent !), chez Egonlab ou chez Y/Project.
L’endroit où ils se trouvent alimente le battage médiatique. Parfois, ça sent le désordre. Ils sont chez Marine Serre, qui a invité un millier de personnes de sa communauté via Instagram, et formulé l’essence même de l’article que vous êtes en train de lire : « La mode doit s’ouvrir aux gens de la rue. » Mot d’or.
Un seau sur la tête et une chaise autour du cou, Shaheel Shermont fait des défilés de mode, et c’est hilarant !
Je suis pour une avalanche d’écoliers en Fendi, car Silvia Fendi est chic et cool depuis des années. Sait-il à quel point la sensualité de sa proposition (petits mocassins indiens, jeans à franges et petits bonnets en laine façon chechi tricoté) est faite pour des gosses qui n’ont pas les moyens de se le payer, mais qui pourraient si bien le vendre ? !
J’ai repéré tout un plateau d’ados ‘scolaires’ chez Paul Smith, pour une collection qui l’était tout autant. Paul Smith, 76 ans (et forme olympique), au milieu de ces adolescents, un miracle.
Un jour un magnifique miroir est entré dans ma vie
A la fin du défilé Hermès, après avoir vu ces jeunes hommes dont l’allure fait l’admiration de tout le public, dans des couleurs pastel qui donnent envie d’effacer tout ce que l’on a ou en bermuda large d’été en tissu de tailleur, je me dis que ces modèles devraient tous rester après le spectacle. Pas seulement pour poser, mais pour boire un verre, même en mélangeant avec leurs propres vêtements. Parce qu’ils sont le magazine.
« Pourquoi les hommes s’habillent-ils toujours de la même façon ? » Sophie Fontanel vous va bien
Leur parler, même si c’est une série Netflix que vous aimez, vous donne déjà envie de vous habiller comme eux. « L’école » ne peut pas, ne peut plus, ils passent juste à côté de nous comme s’ils étaient loin. En quittant Hermès, je croise plusieurs modèles dans la rue, assis sur un muret. Sublime.
Assises également, mais dans le public, se trouvent les mannequins du défilé Thom Browne. Après un petit tour, ils prennent place au premier rang, au milieu de nombreux invités habillés comme eux, c’est-à-dire en short d’écolier. D’autres sont en jupes plissées. Dans la rue « les gens » qui ne pouvaient pas entrer. Mais il est aussi en jupe plissée.
Magazine Humain de la mode : « Tout est plus frappant »
LITRE. Ecrit dans lequel l’auteur critique ouvertement une époque, la politique, la morale ou s’en prend à certains personnages en se moquant d’eux.
Quel auteur utilise la satire pour se moquer ?
Dans ses fables, La Fontaine ridiculise les courtisans et condamne la politique de Louis XIV. Cependant, il le fait en utilisant la satire et en cachant ses personnages derrière des animaux… La critique est sarcastique, mais elle vise à :
- Apporter du changement.
- Corrigez les erreurs humaines.
- Faire réfléchir.
Quel auteur utilise la satire pour condamner ? Dans ses pièces, Molière met en scène des personnages caricaturaux dont il se moque pour faire la satire des travers humains : il rappelle que, selon la vieille devise, la comédie « corrige les mœurs par le rire » (« Castigat ridendo mores »).
Qui utilise la satire ?
Les auteurs du XVIIe siècle ont donné à la satire leurs lettres de noblesse en stigmatisant les coutumes de leur temps et en ridiculisant les vices humains. Les écrivains critiquent, condamnent les injustices sociales et morales, peignent les vices de ceux avec qui ils résolvent leurs différends.
Comment écrire à la manière de La Bruyère ?
Pour imiter le caractère de La Bruyère, il faut se limiter à un défaut. Pas forcément un défaut que l’on déteste, plutôt… Peut-être simplement un défaut que l’on trouve amusant ou drôle. Comportement excessif d’une manière ou d’une autre.
Qui est Arrias ? Et – Arrias : l’anti-portrait d’un honnête homme En effet, La Bruyère place d’emblée son personnage dans le registre satirique avec l’hyperbole « Arrias a tout lu, il a tout vu », qui s’inscrit dans l’excès et l’excès, les vices contre l’idéal classique.
C’est quoi un portrait satirique ?
Description critique d’un individu, faite de manière à se moquer de lui en pointant ses défauts.