Les délais d’achat d’une nouvelle voiture ont été sérieusement allongés en raison d’une pénurie de puces électroniques. En conséquence, les conducteurs reviennent sur le marché des voitures d’occasion avec quelques kilomètres. Un marché qui commence à atteindre ses limites, faute de produits à vendre.
C’est le résultat direct de la pénurie de micropuces qui touche les constructeurs automobiles, notamment en Europe. Le marché des voitures d’occasion connaît un boom inattendu. Les conducteurs qui ne veulent pas ou ne peuvent pas respecter les délais de livraison prolongés pour les voitures neuves préfèrent se tourner vers les voitures d’occasion. Privilégier le faible kilométrage.
« Nous continuons à vendre des voitures, mais les livraisons et les immatriculations baissent, commente Richard Marlier, directeur général du groupe catalan Tressol-Chabrier, présent dans toute la région. Nous vendons autant qu’avant, mais livrons plus tard ».
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« Un effet cascade »
Résultat : le marché automobile est désormais figé. Sous « l’effet cascade », pour reprendre le terme de Richard Marlier. « La tendance à l’afflux de voitures d’occasion est observée depuis cet été, mais s’est accélérée depuis la rentrée en septembre », note Pierre-François Brunet, directeur régional d’Aramisauto, pionnier de l’occasion reconditionnée. « À l’échelle nationale, il y a eu 4,3 ventes de voitures d’occasion pour une voiture neuve en octobre », ajoute-t-il.
Tous les départements sont à la hausse
Tous les départements de la région affichent une hausse des ventes de voitures d’occasion, selon les statistiques du CNPA Occitanie. Ainsi, sur les 10 premiers mois de 2021, 39 089 ont été vendus dans les Pyrénées-Orientales, contre 33 824 en 2020 à la même période. En Lozère nous sommes passés de 4936 ventes à 5754 en 2021. De même dans l’Hérault : 77814 l’an dernier contre 89732 cette année. Dans la Garda, on est passé de 52 750 ventes à 60 478. Dans l’Aveyron, c’était 20 917 contre 18 413. Enfin, dans l’Aude, 29 569 véhicules d’occasion ont été vendus entre janvier et octobre 2021, contre 26 146 en 2020.
Mais comme le précise le directeur régional du CNPA (Conseil national des professions de l’automobile), « le marché du véhicule d’occasion n’est pas un gouffre sans fond ». « L’opportunité récente n’existe que lorsqu’il y a une voiture de reprise pour une voiture neuve. Comme il est devenu compliqué d’acheter une voiture neuve, les gens finissent par garder leur voiture en attendant. Ce qui signifie que le marché de l’occasion n’a pas suffisamment récupéré pour répondre à la demande. »
Baisse des ventes en octobre
Tous les professionnels s’en aperçoivent désormais : les stocks de voitures d’occasion s’amenuisent. « Nous avons aujourd’hui une baisse de stock inquiétante que nous ne pouvons pas renouveler, confirme Patrick Fabbro, propriétaire du réseau AD de garages à Carcassonne et Castelnaudary. Nous avons habituellement entre 130 et 140 voitures sur notre site. Nous en avons actuellement 78, dont 20 % ont moins de 18 mois. »
En octobre, le volume des ventes de véhicules d’occasion en France a chuté de 13,3 %, selon AAAdata. Mais il reste à des « niveaux records depuis le début de l’année ». « Si ça baisse, c’est qu’il y a moins de produits à vendre », relativise Pierre-François Brunet.
Retour à la normale en 2022 ?
Comme le marché répond à la logique de l’offre et de la demande, les prix d’aubaine ont augmenté. « En général, l’occasion est 20% à 30% en dessous du prix du neuf, témoigne Patrick Fabbro. Aujourd’hui, le prix de l’occasion est très proche de celui du neuf, même au prix du neuf. ». Selon Vincent Hancart, directeur d’AutoScout24 France, premier site européen d’annonces de voitures d’occasion, « les prix devraient rester élevés, entre 20% et 25% au-dessus des prix normaux ».
La tendance va-t-elle se poursuivre ? « En réalité, personne ne sait très bien comment la crise liée au manque de puces électroniques sera résolue », a déclaré Vincent Hancart. « Le retour à la normale devrait intervenir, au mieux, vers la mi-2023 », prédit le CNPA Occitanie. Pour Patrick Fabbro, c’est plutôt « au moins mi-2022 ».