l’essentiel
La gendarmerie n°1 de Pamiers prend sa retraite. En attendant de savoir qui le remplacera, retour sur une carrière enrichissante mais pas de tout repos. Désormais, Christophe Roux va se consacrer à ses proches.
D’Élisabeth II à Mohammed Merah
Peu d’habitants connaissent son visage et il est fait exprès. Même à la veille de son départ, le commandant de division Christophe Roux se plaît à surveiller discrètement la ville. C’est beaucoup plus prometteur en termes de retour d’information. Bientôt, le numéro 1 du commissariat de Pamiers quittera son poste pour voguer vers les cieux délicieux d’une retraite bien méritée. Arrivé en août 2020 dans la sous-préfecture de l’Ariège, ce père de famille laisse le souvenir d’un policier attaché au camp, au travail d’ombre et aux nombreux membres de l’institut. Pourtant, avec un père, une femme, une sœur et une belle-famille policiers, on peut vraiment parler de « vocation » pour ce Parisien qui a grandi à Albi alors qu’une partie de sa famille vit dans l’Aveyron.
A tout juste 19 ans, le jeune Christophe Roux devient pacificateur dans la capitale. Très vite, il remporte les concours d’inspecteur de police et d’agent de la paix. Deux pour le prix d’un, seuls cinq employés ont fait de même cette année-là. Des années de service suivies par la sécurisation des Champs-Élysées pour le 14 juillet ou le Tour de France, sans oublier les déplacements officiels. Dans la foulée, il est muté à la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) à Toulouse. Le « 27 », installé à Rangueil et qui, comme ses homologues, officie partout en France. Lorsqu’en 1997 un raz de marée humain frappe Paris pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) dirigées par Jean-Paul II, le jeune CRS est stupéfait.
« Je n’avais jamais vu une telle concentration de personnes. Et pas un accident. C’était un attroupement important », se souvient celui qui sera ensuite muté au commissariat central de Toulouse. Il y dirigera plusieurs services très importants, notamment la police de secours pendant 17 ans. Une période pleine d’événements et d’enseignements.
L’explosion de l’AZF, la reine d’Angleterre au Capitole, l’arrivée du premier ministre israélien, la Coupe du monde de rugby, les boucliers du stade toulousain : il était toujours en fonction. Comme lors des tueries perpétrées par Mohammed Merah. « C’est la même équipe de police de secours, que je dirigeais, qui est intervenue pour leur première victime, lors d’une transaction de scooter, alors à l’école hébraïque. C’était assez traumatisant pour tout le monde. Ne pas savoir où il était et ses motivations reste quelque chose de très spécial. Lorsque nous l’avons hébergé, nous avons été soulagés de ne plus avoir ce tueur fou qui nous rôde.
Mais Christophe Roux a aussi supervisé toutes les manifestations de paysans, lycéens et gilets jaunes, dont certains flirtaient avec la guerre civile. « Ce qu’on a vécu pour les Gilets jaunes a été exceptionnel. Mais certains épisodes de violences urbaines dans les villes de Toulouse ont été tout aussi intenses. On a failli se bagarrer dans la rue », note le commandant qui connaît le quartier du Mirail comme l’envers du décor. sa main. « Oui, parfois j’avais peur. Disons que c’était plus de l’appréhension mais je faisais toujours en sorte de ne pas le communiquer à mes garçons. En fait j’avais peur pour mon effectif. Mon rôle de leader, il y avait de permettre à la mère ou de le père de famille de rentrer chez lui le soir. Et ce, tout en préservant ceux qui veulent manifester dans le cadre légal. Notre usage de la force a été chirurgical. Mais nous étions intraitables avec ceux qui venaient se quereller », souligne le commandant Roux.
Pamiers a été « l’aboutissement d’une carrière » pour l’ancien casque bleu. Naturellement le feu d’Aubert & Duval l’a marqué. Mais il préfère retenir le « regard de victime » ou le « remerciement des habitants ». « J’ai découvert de nouvelles responsabilités. Ici on voit très vite les résultats concrets des décisions qu’on prend, des actions qu’on mène. C’est visible alors qu’à Toulouse on a le sentiment de vider l’océan avec une petite cuillère. Cette proximité permet de tisser des liens et des relations pour le bien commun. Et c’est ce qu’il y a de plus intéressant dans ce métier : la richesse humaine », sourit le capitaine.
des policiers qui se « démènent » pour les autres
Désormais, pour ses proches, il ne s’appellera plus que Christophe. Rentrer chez lui dans le Lauragais, retourner au club de vélo et voyager avec sa femme : c’est la nouvelle vie de celui qui a consacré sa carrière à aider les autres.