Le 3 août, Agnès Pannier-Runacher, ministre de l’Énergie de transition, se vantait que la France était parvenue à remplir 80 % de ses réserves de gaz naturel. L’objectif de 100 % d’ici le 1er novembre 2022 semble donc désormais atteignable. Mais sera-t-il une réponse fiable aux pics de consommation hivernaux et à la menace de pénurie de gaz ?
La course au stockage entamée par les 27 États de l’Union Européenne
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a ébranlé l’ordre mondial et mis l’Union européenne en état d’alerte en matière énergétique. Des événements en dehors de l’explosion des prix du gaz et de l’électricité. Mais surtout, il fait craindre des représailles de la part de la Russie, après les sanctions européennes imposées. Le pays menace de réduire ses exportations de gaz à l’automne. Il convient de noter que la Russie exporte près de la moitié du gaz consommé par l’UE.
Le 26 juillet, les pays de l’Union européenne se sont mis d’accord pour opter pour un plan de protection pour faire face à d’éventuelles pénuries de gaz. Objectif? Réduire la consommation de gaz de 15 % entre août 2022 et mars 2023.
De même, chacun d’eux, les 27 pays de l’Union européenne tentent de renouveler au plus vite les réserves de gaz épuisées par la saison hivernale. La France, avec seulement 17% de ses approvisionnements en gaz provenant de Russie, n’est pas le pays le plus dépendant du géant soviétique. Mais il lui reste à jouer le jeu du stockage, pour que les éventuelles sanctions contre la Russie ne soient pas aggravées.
« Aujourd’hui, nous remplissons 80% des stocks stratégiques de gaz, nous sommes en avance sur nos objectifs, cela signifie que nous remplirons 100% avant le 1er novembre, c’était notre objectif. »
Une bonne nouvelle pour la France qui disposera de la plus grande capacité de stockage de gaz naturel. Le pays peut stocker 130 TWh de gaz naturel, « ce qui représente un peu moins d’un tiers de la consommation annuelle de gaz, qui est d’environ 450 TWh », rappelle la Commission de régulation de l’énergie.
Habituellement, à l’automne, le taux de remplissage des réserves de gaz est d’environ 85 % de la capacité. Cette année, le contexte mondial a contraint les fournisseurs à renforcer leurs réserves pour affronter l’hiver compliqué qui s’annonce.
Les stockages de gaz ne garantissent pas une protection pour l’hiver
La France est l’un des pays européens qui réussit le mieux à remplir ses réserves de gaz.
En novembre 2021, la France remplissait ses réserves à 94,5 %, alors que la moyenne européenne était de 75 %. Au 4 août 2022, c’est l’un des cinq pays de l’UE avec la capacité de stockage de gaz la plus élevée, selon les données de l’inventaire agrégé du stockage de gaz (AGSI).
Avec 11 réserves de réserves de gaz naturel, le pays dispose d’une excellente infrastructure pour répondre à une crise énergétique. Cependant, cela pourrait ne pas être suffisant pour empêcher le délestage l’hiver prochain.
C’est ce qu’Agnès Pannier-Runacher a tenté d’expliquer dans sa prédiction sur la situation énergétique actuelle. Même avec une grande quantité de gaz, si la demande de consommation hivernale augmente, la situation peut être délicate.
« Vous pouvez avoir une journée particulièrement froide et ensuite vous ne pouvez pas pomper – à cause de la taille des tuyaux – tout le gaz qui a été fabriqué. »
Bref, cela signifie que l’augmentation des réserves ne dispense pas les Français de la fameuse sobriété énergétique exigée. Le meilleur moyen d’éviter les pannes d’électricité est de réduire la consommation d’énergie, suggère le ministre de la Transition énergétique.
Aussi, le gouvernement a réitéré l’appel à poser « des petits gestes au quotidien », évoqués il y a quelques jours par Olivier Véran, pour réduire la consommation. Un message qui a été préservé non seulement pour les citoyens mais aussi pour les gros consommateurs d’énergie.
Stocker mais surtout diversifier l’approvisionnement en gaz
Le stockage de gaz permet d’assurer une transition lorsque la Russie coupera complètement ses exportations. Mais il ne permettra pas de combler l’éventuel manque à gagner de l’arrêt du gaz russe. Pour cette raison, la France tente déjà de reconstituer ses sources d’approvisionnement en se tournant vers d’autres pays exportateurs.
TotalEnergies vient d’obtenir l’autorisation de développer un projet d’unité flottante de regazéification, dont la structure mobile sera amarrée dans le port du Havre. Le méthanier de TotalEnergies pourra alors livrer le gaz sous forme liquide. La multinationale sera alors chargée de convertir le gaz liquéfié en énergie utilisable. Les hydrocarbures seront cette fois exportés par des pays comme la Norvège, l’Egypte et l’Algérie. Il peut également provenir du Qatar, des États-Unis, du Nigéria ou de l’Angola.
L’ensemble de l’Union européenne a engagé une politique de diversification de l’offre. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, négocie avec l’Azerbaïdjan pour doubler les exportations de gaz de ce pays vers l’UE dans les années à venir. L’Italie, pour sa part, appelle l’Algérie à augmenter ses livraisons de gaz.