Le rapport de la Cour des comptes sur les urgences hospitalières, publié ce mercredi 6 février, pointe le CHU de Strasbourg comme l’un des établissements où les temps d’attente aux urgences sont les plus longs.
Le CHU de Strasbourg (c’est-à-dire le Nouvel hôpital civil et l’hôpital de Hautepierre) a été mis à l’honneur dans le rapport de la Cour des comptes sur les urgences hospitalières en France, publié ce mercredi 6 février. Selon une étude de 2016, le temps médian d’attente et de traitement est de 2 heures aux urgences hospitalières en France, mais au CHU de Strasbourg il en faut plus du double. Le temps de transit moyen est de 4 heures et 15 minutes.
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« C’est le résultat de plus de vingt ans de rationalisation des lits en France »
En 2014, des recommandations de la Cour des comptes pour améliorer l’organisation du système d’urgence de l’hôpital avaient déjà été faites, mais elles n’ont pas porté leurs fruits. « Les situations d’urgence restent surchargées, entraînant de fréquentes situations de tension dans les institutions », souligne le rapport. En 2016, 21,2 millions d’usagers se sont rendus aux urgences, soit une augmentation de près de 15 % en quatre ans.

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« Il manque des lits d’hospitalisation dans les autres services »

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Bien que les urgences soient affectées par le manque chronique de personnel médical et les difficultés de recrutement, environ 20% des passages aux urgences auraient pu déboucher sur une prise en charge par la médecine de ville. Aussi, le rapport souligne l’insuffisance des relais en médecine de ville et préconise la réorientation des patients. « Les expérimentations les plus réussies sont celles qui associent un établissement de santé et un centre de santé, voire un centre de santé pluridisciplinaire ou un centre de santé au même endroit », précise-t-il. A cet égard, le plan « Ma Santé 2022 », lancé par le gouvernement en novembre 2018, propose trois ans d’expérimentation d’incitations financières pour les services d’urgence pour référer les patients qui n’ont besoin que d’une « simple consultation ».
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« La direction, l’ARS et le ministère de la Santé sont au courant, tout le monde le sait, mais tout le monde s’en fout »

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Afin de comprendre ce temps d’attente particulièrement long à Strasbourg, nous avons donné la parole à Syamak Agha Babaei, médecins urgentistes, associé à l’Association des médecins urgentistes de France (dont le président est Patrick Pelloux).
« On met le patient en danger »
Tout le monde pense que les patients qui viennent en « bobologie » remplissent les urgences, mais là n’est pas le vrai problème. Depuis onze ans que je suis aux urgences, les problèmes de ballonnements se répètent année après année. En fait, les autorités sanitaires n’avaient pas prévu de problèmes à long terme. C’est le résultat de plus de vingt ans de rationalisation des lits en France. Mais nous avons besoin de lits. Qu’allons-nous faire d’autre avec les patients ? On les garde aux urgences, parce qu’il n’y a pas assez de lits d’hôpitaux dans les autres services.