Mario et Dawn, de Persquen (Morbihan) ont demandé le jour même d’échanger leur permis de conduire sud-africain contre un français. L’aube attend toujours…
« En Afrique du Sud, nous vivons l’apartheid et ses conflits. Nous sommes partis parce que la situation se détériorait. Arrivés en France, nous étions préparés à tout, mais certainement pas à toutes ces abominations administratives. Nous sommes vraiment énervés », confie, agacé, Mario Baschiera, qui vit désormais à Persquen (Morbihan), avec sa femme Daw.
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« Nous ne sommes pas des demandeurs d’asile »
Au Cap, en Afrique du Sud, Mario et Dawn Baschiera dirigeaient une entreprise d’électromécanique. En mai 2018, le couple arrive en France. « Nous voulions nous rapprocher de nos filles. Nous en avons deux vivant en Grande-Bretagne et une en Suisse. »
Le couple trouve le bonheur à Persquen. Et il s’installe définitivement en novembre 2020 dans un ancien moulin où il compte ouvrir des gîtes. Mario a également acheté un bâtiment professionnel à Locmalo où il envisage d’installer un atelier d’électromécanique. *
Nous ne sommes pas des demandeurs d’asile en quête de prestations. Nous sommes venus en Bretagne pour investir !
« Long et pénible »
Une fois les valises déposées à Persquen, le couple décide d’entamer les démarches administratives. Première étape : la carte Vitale. « Ça a été long et douloureux, mais nous y sommes arrivés tous les deux. »
Deuxième étape : le permis de conduire, indispensable quand on habite en milieu rural. Originaire d’Italie, Mario a obtenu son permis de conduire en Belgique, où il a grandi. Arrivé en Afrique du Sud, il échange des permis. Classique. Dawn l’a passé en Afrique du Sud, où elle est née.
« C’est de la folie »
Le 19 mai 2021, le couple a créé deux profils sur le site de l’ANTS (Agence nationale des titres sécurisés) pour faire leurs demandes d’échange de permis de conduire. Puis le bordel commence.
« L’ANTS a d’abord refusé le certificat d’assurance maladie. Ensuite, il fallait fournir un justificatif de domicile. Nous avons envoyé une copie de notre facture EDF, notre taxe d’habitation et les premières pages du contrat d’achat du moulin… Mais ce n’était pas encore tout. Nous avons également dû envoyer un certificat des autorités sud-africaines pour confirmer que nos permis de conduire n’étaient pas un problème. Il fallait le traduire… Tout était demandé par le compte-goutte. C’est une folle. »
Photo floue, faut tout recommencer
En novembre 2021, l’ANTS informe Dawn que sa candidature a été rejetée : la photo est floue. « Il leur a quand même fallu cinq mois pour comprendre et nous le dire ! Par conséquent, le 6 novembre 2021, Dawn a fait une deuxième demande à l’ANTS, via Internet. « Il faut repartir de zéro ! » »
Le 23 décembre 2021, Mario reçoit enfin le certificat tant attendu. Vous pouvez désormais conduire en France !
Mais pour sa femme, rien n’est résolu.
Hors délai
Le 25 avril 2022, Aurore reçoit un courrier du Centre de Connaissances et de Ressources pour l’échange des permis de conduire étrangers (préfecture de Loire-Atlantique). Votre candidature est rejetée pour retard. Le Centre de Spécialisation indique que plus d’un an s’est écoulé entre votre installation en France, le 20 mai 2018, et le dépôt de votre candidature, le 6 novembre 2021. L’expéditeur du mail vous conseille également de postuler et de passer le permis de conduire examen, sans avoir à justifier de 20 heures d’apprentissage obligatoire, puisque vous avez déjà la licence.
Appeler le centre d’expérience ? Impossible. Les échanges se font uniquement par Internet. Et quand les Baschiera parviennent à parler à un « humain », ils ont droit à des « commentaires désobligeants et désobligeants ».
Dawn décide alors de faire appel à la préfecture. C’était le 2 mai 2022. « Nous avons reçu la reconnaissance le 19 juillet. Dans le courrier, ils nous ont également indiqué que nous pouvions déposer un recours contentieux auprès du tribunal administratif. C’est ce que nous avons fait le 19 septembre 2022. »
« Mais, on se moque de qui ? »
Le 25 novembre 2022, Aube Baschiera a reçu du tribunal administratif de Rennes le mémoire en défense du Centre d’expertise et de ressources des attestations d’échange de permis de conduire étrangers. Trois pages pour rappeler que « Madame Baschiera avait jusqu’au 22 novembre 2020 pour demander l’échange de son permis de conduire étranger… » Mais ce qui fait sursauter Mario, c’est ce qui est écrit à la fin des mémoires : « En plus, c’est non éprouvée par les éléments tant que la requérante ne peut pas utiliser des moyens de transport ne nécessitant pas de permis de conduire, et notamment marcher ou utiliser les transports en commun, ou demander l’aide d’un tiers, tel que son mari, pour se déplacer.
Mais de qui se moque-t-on ?, proteste Mario. Savez-vous où nous habitons ? Voici le terrain. Nous sommes coupés de tout. Comment Dawn peut-elle se déplacer quand je suis en Afrique du Sud pour affaires ? De plus, le ton utilisé est condescendant…
« Une discrimination dont je ne peux comprendre ni expliquer les raisons »
Le 30 novembre 2022, Dawn Baschiera a renvoyé ses réponses et commentaires au mémoire au tribunal administratif. En rappelant qu’elle est installée à Persquen depuis novembre 2020 et non depuis mai 2018. Pour elle, « il est évident que le refus d’échanger mon permis de conduire sud-africain est motivé par une discrimination dont je ne peux comprendre ni expliquer les raisons. »
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