Quand la terre devient un cauchemar | Pays

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Written By MilleniumRc

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Le remblai livré à Julien Dupasquier était constitué de pierres, béton, briques, etc. La livraison et l’épandage devaient se faire clé en main et gratuitement, mais c’est lui qui a fini par devoir embaucher un bulldozer pour terminer le travail et faire venir un ramasseur de pierres à 275 $ de l’heure pour trier les roches. . Photo: Julien Dupasquier

Deux agriculteurs de régions différentes ont témoigné à La Terre avoir vécu une très mauvaise expérience après avoir accepté des centaines de chargements de terre de remblai. Ils conseillent à leurs confrères de se méfier et, surtout, de se protéger au préalable avec un contrat écrit comprenant des clauses précises.  

Le producteur de lait Normand Malette de Mirabel dans les Laurentides a réceptionné le matériau de remblai du chantier. Si le but était simplement de recouvrir un promontoire rocheux sur son champ, les baux fonciers entraînaient des coûts imprévus, du stress et une partie du champ toujours incultivable après cinq ans.

“ L’accord était qu’il ferait cent voyages et s’occuperait d’aménager le terrain. Mais selon les initiés, j’ai plutôt fait environ 1000 voyages ! J’ai essayé de le bloquer et il a catégoriquement insisté pour que je continue. Ça a fait de moi une montagne de terre et… de cailloux », raconte le producteur. « Le problème, c’est qu’il a tout laissé là-bas. J’ai essayé de l’appeler mais il m’a bloqué au téléphone. C’est pourquoi je le fais moi-même. J’ai acheté une pelle de 20 000 $ à mes frais pour remplacer le sol. Et ce n’est pas encore fini; J’ai trois hectares de champs que je ne peux pas cultiver », dit-il amèrement.

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D’autant plus que les arrivées et départs de camions attirent l’attention des inspecteurs de la ville. « Il faudrait que j’obtienne la permission d’apporter autant de terre. Selon la portée, le permis me coûterait 9 000 $. Je n’ai pas d’argent pour ça. J’ai déjà dû payer l’agronome, car le MOL exigeait une preuve signée qu’il resterait agricole », explique-t-il.

Son chemin de croix se poursuit puisque le ministère de l’Environnement s’en mêle également. Heureusement pour lui, les analyses de sol n’ont pas révélé de sol contaminé. « Opportunité car sans le contrat je n’aurais pas beaucoup d’aide… Et ça me coûterait une fortune de décontaminer tout ça. »

« Le jour où tu détourneras les yeux  »

En Montérégie, Julien Dupasquier a également reçu une livraison de terrain qui a mal tourné. « J’ai vu les publicités sur Internet. C’était intéressant pour moi car je voulais remplir des noues dans mon champ et c’était clé en main. L’entreprise a dû me livrer environ 1000 trajets et ils ont prolongé cela avec un bulldozer équipé d’un laser. Au début j’ai fait 20 voyages super sympas en bon terrain. Puis, le jour où tu détournes les yeux, la pierre vient. Ceci est un petit test pour voir si vous répondez. Puis des briques, des racines, des morceaux de bois, de l’argile bleue qui ne sèche pas… C’est là que ça a mal tourné », décrit-il.

Le plan, semblable à celui de Normand Malette, était d’enlever la couche supérieure de terre, de creuser pour enfouir les pierres et la moins bonne terre, pour finalement tout recouvrir de bonne terre. «  Ils ont fait d’énormes tas, et avec le taureau ils sont allés faire d’autres travaux ! Je savais que je perdrais la saison de croissance 2022, mais je ne voulais pas perdre 2023, alors j’ai embauché un taureau et je l’ai prolongé moi-même à mes propres frais », se plaint-il.

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Il n’avait même pas de contrat écrit. « C’est une erreur », dit M. Dupasquier, qui faisait affaire avec une entreprise numérique. Il voulait être payé pour ses dépenses de près de 30 000 $, mais l’entreprise a refusé. Ne voulant pas s’impliquer dans les frais juridiques, il s’est contenté de 10 000 $. «Je paie de ma poche un diesel, un rocker à 275 $ de l’heure et mon temps. Ce qui me chagrine, c’est qu’une compagnie à numéro ait peut-être gagné 80 000 $ pour déverser chez moi la saleté du développement domiciliaire de Brossard. »

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