Deux réformes économiques majeures du second quinquennat de Macron auront un impact durable sur la situation des seniors.
On ne peut pas dire qu’Emmanuel Macron chouchoute son électorat. En avril, lors du premier tour de l’élection présidentielle, les 50-64 ans ont porté l’actuel président en tête de leurs suffrages. Huit mois plus tard, c’est la soupe aux grimaces. Car les deux grandes réformes économiques du second quinquennat de Macron vont impacter durablement la situation des seniors. Premièrement, la réforme de l’assurance-chômage. Alors que le marché du travail n’a jamais été aussi dynamique depuis près de quinze ans et que la pénurie d’emplois se multiplie, le gouvernement a décidé de réduire la durée d’indemnisation de 25 %. Et cela à partir du 1er février. Le problème est que la probabilité de trouver rapidement un emploi diminue drastiquement à l’approche de la soixantaine. Surtout pour les moins qualifiés.
C’est là que la réforme des retraites complique tout. Même si le gouvernement s’est donné comme date butoir le 10 janvier pour reprendre les concertations – en réalité, la crainte de voir les Français bloqués sur les quais des gares pendant les vacances explique sans doute ce sursis – la cause est entendue : les Français devront travailler plus longtemps, jusqu’à 64 voire 65 ans Certes, les réformes passées des retraites, notamment celle de Nicolas Sarkozy en 2011 – qui a relevé l’âge de la retraite à 62 ans – ont permis d’augmenter le taux d’emploi des seniors. Malgré tout, il est encore faible : bien inférieur à celui de la plupart de nos voisins européens, notamment en Allemagne. Fin 2021, seuls 35,5 % des personnes âgées de 60 à 64 ans étaient en emploi en France, contre plus de la moitié outre-Rhin.
Avec ces deux réformes, on risque donc de voir des bataillons de grisonnants qui, proches de la fin de leurs droits, tomberont dans le système des minima sociaux et de la précarité… pour longtemps. A moins que les entreprises ne changent vraiment leur regard sur les seniors. Ne plus les considérer comme un fardeau, mais comme un atout et surtout cesser d’en faire une variable d’ajustement lorsque la météo se gâte. Cependant, le gouvernement travaille avec les partenaires sociaux pour amener les entreprises à publier un « Index des seniors » comme celui qui existe depuis 2019 sur l’égalité femmes-hommes. Sous l’impulsion de la transparence et la peur d’être pointés du doigt, les chefs d’entreprise peuvent être incités à changer de stratégie… C’est bien, mais cela prend du temps et ne suffit pas.