Le CLPS de Saint-Malo prépare les étrangers à l’examen du code de la route. Aide à l’intégration nécessitant la maîtrise de la langue française.
Ils étaient trois ce jour-là, suite à la séance avec Thomas Marec, formateur en langues étrangères au centre CLPS (contribution à la promotion sociale) de Saint-Malo. Les cinq autres membres sont absents pour le travail. Ambiance décontractée, le coach plaisante avec ses ‘élèves’, se moque d’eux mais insiste sur le fait que les exercices sont bien compris. Surtout le vocabulaire.
Les subtilités du vocabulaire routier
Les étrangers qui suivent ces cours doivent déjà avoir un certain niveau de français, parfois acquis avec le CLPS. Mais le code de la route cache de nombreuses subtilités :
« Ici, vous apprenez essentiellement le « pré-code » de la route. Entre route ou rue ; franchissement ou franchissement de la ligne blanche ; ou même entre allure et vitesse, les termes sont plus difficiles à comprendre que les règles elles-mêmes. Il y a donc beaucoup de travail pour démêler les virages Autre difficulté : le format des exercices : il faut réagir très vite », explique le formateur.
Les trois jeunes femmes ont déjà roulé dans leurs pays respectifs. Mais leurs permis ne sont pas compatibles avec le fameux document rose. Mireille, arrivée de Centre Afrique il y a deux ans, l’a très bien compris :
« Chez nous, les routes sont en très mauvais état et la vitesse n’est pas respectée. »
Thomas Marec, qui forme des personnes de différentes nationalités depuis la mise en place du dispositif l’an dernier, confirme : « Dans certains pays, l’indicateur de direction est facultatif. »
Une voiture indispensable
Mais pour ces trois futurs pilotes, la voiture sera vraiment essentielle. Pour Tantida, de nationalité thaïlandaise, basée à Dol-de-Bretagne, c’est une évidence. Mireille, qui explique s’occuper de son frère handicapé en tant qu’aide-soignante, avoue avoir du mal à porter des sacs de courses, sans véhicule. Et si Liang, un ressortissant chinois, s’entraîne pour les quiz routiers sur Internet, c’est bien d’être prêt pour le jour J.
Mais il y aura d’autres étapes à franchir avant de prendre le volant seul. CLPS a tout prévu.
« Nous exhortons les assureurs à expliquer la nécessité d’un contrat ; une auto-école solidaire pour discuter du déroulement du permis mais aussi de son financement. Les élèves se rendent également dans un garage solidaire pour mieux comprendre le fonctionnement d’une voiture. Et l’année dernière, nous avons fait appel à un sophrologue pour aider les futurs candidats à l’examen à se détendre », explique Marion Collet, responsable de la formation.
Beaucoup d’interventions nécessaires quand on voit que le chemin du permis est pavé de difficultés pour les étrangers.
156 heures de formation
Ces sessions d’initiation au code de la route s’inscrivent dans un module plus large dédié à la mobilité (comment acheter une voiture, contracter un crédit immobilier, etc.) 156 heures de formation sont prévues de septembre à mi-décembre en vue d’être intégrées dans une auto-école et passer le permis de conduire, explique Marion Collet. L’an dernier, sur neuf inscrits, quatre ont obtenu le code puis le permis.
Pour le sous-préfet Philippe Brugnot, venu participer à une séance, le dispositif convient bien au Contrat d’intégration républicaine que l’Etat (financier) « invite vivement » les étrangers à signer. « En Ille et Vilaine, 1.111 personnes l’ont signé, dont 470 réfugiés », a précisé le représentant de l’Etat.
Le CLPS de Saint-Malo (Zac du Mottais Ouest, rue des Petit Bois), accompagne chaque année 1 300 personnes, dont environ 200 étrangers.