« Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli » à Paris : une ode à une femme libre passionnée

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Written By MilleniumRc

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A notre époque moderne – qui imagine le dialogue entre la mode et l’art comme allant de soi – le couturier de notre époque se penche sur l’exposition « Choquant ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli », au Musée des Arts décoratifs de Paris.

Deux jours après le défilé Automne-Hiver 2022-23. début juillet, dans le cadre de la semaine parisienne de la haute couture, Schiaparelli a ouvert Shocking! Les Mondes Surréalistes d’Elsa Schiaparelli au Musée des Arts Décoratifs (MAD) à Paris.

L’exposition rassemble 520 œuvres, dont 272 costumes et accessoires de mode, côtoient peintures, sculptures, flacons de parfum, céramiques, affiches et photographies signées des plus grands noms de l’époque – Man Ray, Salvador Dali, Jean Cocteau, Meret Oppenheim ou encore Elsa. Triolet. La rétrospective met en lumière l’héritage du style Schiaparelli avec des silhouettes interprétées par de célèbres créateurs de mode qui lui rendent hommage : Yves Saint Laurent, Azzedine Alaïa, John Galliano, Christian Lacroix. Ici, des échantillons de broderies, de films, d’illustrations et d’œuvres d’art illustrent la richesse des échanges que la couturière a su tisser avec ses contemporains.

Élevée dans un milieu humaniste et scientifique, Elsa Schiaparelli (1890-1973) embrasse la mode, ne niant jamais sa fascination pour l’art et les artistes. A tel point que nombre de ses amis artistes la considèrent comme une artiste : Jean Cocteau, Man Ray, Jean-Michel Frank, Salvador Dalí, Léonor Fini, Meret Oppenheim ou Marlene Dietrich, mais aussi ses pairs de la mode, plus tard, Yves Saint Laurent ou Hubert. de Givenchy.

L’exposition « Shocking! The Surreal Worlds of Elsa Schiaparelli » au MAD à Paris (CHRISTOPHE DELLIERE)

En 25 ans, Elsa Schiaparelli a fait de la mode un souffle naturel d’avant-garde et incarne la vision d’un Paris pétillant et coloré, curieux de tout, s’amusant de chaque nouveauté. Elle fait faillite en 1954 à Paris et s’exile aux États-Unis jusqu’à sa mort. Sa maison restera alors en sommeil pendant 60 ans : aujourd’hui c’est le designer américain Daniel Roseberry, nommé en 2019, qui assure la direction artistique.

Mêlant approche thématique et chronologique, l’exposition s’organise sur deux niveaux. La pièce d’ouverture est couverte du sol au plafond de dessins issus des collections de la couturière qui soulignent l’étendue de son travail. Il est rare de voir autant de dessins réunis dans une même salle lors d’une exposition. Elsa Schiaparelli en a fait don de milliers à l’Union française des Arts du costume, dont les fonds sont détenus par le MAD. Un geste moderne, préserver son patrimoine artistique pour le transmettre et permettre à l’histoire de continuer, intemporelle.

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Exposition « Shocking! The Surreal Worlds of Elsa Schiaparelli » au MAD à Paris (Corinne Jeammet)

L’exposition se poursuit avec des collections thématiques initiées par Elsa Schiaparelli elle-même autour des sources d’inspiration qui lui sont chères : l’antiquité italienne, la nature et la musique.

La silhouette Schiaparelli est composée de vêtements et d’accessoires dont des bijoux qui apportent une touche décorative et harmonieuse à l’ensemble, œuvre d’artisans joailliers. Appelées paruriers, elles travaillent dans l’ombre de la couturière qui s’entoure de fournisseurs à forte personnalité, capables de partager sa fantaisie. C’est Jean Schlumberger qui interprète son esprit surréaliste. Il se réjouit également des bijoux des artistes Alberto Giacometti et Meret Oppenheim. Dans ses mémoires, Elsa fait l’éloge d’autres collaborateurs : Jean Clément, « brillant dans son travail », Elsa Triolet, épouse du poète Louis Aragon, pour ses colliers en forme de comprimés d’aspirine, et le joaillier François Hugo, arrière-petit-fils de Victor. Hugo, pour les boutons. De nombreuses vitrines exposent ces bijoux plus éblouissants les uns que les autres : boutons en forme de bouches, de têtes, de cornemuse…

Exposition « Shocking! The Surreal Worlds of Elsa Schiaparelli » au MAD à Paris (Corinne Jeammet)

Le deuxième étage ouvre la reconstitution du salon de mode d’Elsa Schiaparelli, alors situé Vendôme 21 à Paris, qu’elle inaugura en 1935. Pour l’aménagement et la décoration intérieure, elle fit appel à Jean-Michel Franco pour ses lignes épurées, ultra chics et élégantes. .

Au centre de l’exposition, l’accent est également mis sur l’art complexe et luxueux de la broderie. Elsa Schiaparelli invite la maison Lesage à réaliser des broderies sur mesure, comme l’ont fait de nombreuses maisons de couture depuis 1924. On peut admirer la célèbre collection Le Cirque de 1938. Cette collaboration avec la maison Lesage a abouti à de somptueux boléros brodés de chevaux, acrobates et éléphants . Elsa Schiaparelli écrit dans ses mémoires qu’il s’agit de « la collecte la plus orageuse, la plus audacieuse ». Aujourd’hui, Lesage continue de collaborer avec Schiaparelli pour les créations contemporaines de Daniel Roseberry.

Exposition « Shocking ! The Surreal Worlds of Elsa Schiaparelli » au MAD Paris : Left View Spring-Summer 2021 Schiaparelli (Corinne Jeammet)

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Parmi les collections emblématiques qu’il convient de souligner figure celle de l’hiver 1938-39. qui brille de l’éclat des signes du zodiaque, des planètes et des constellations. Le thème est étendu aux règnes de Louis XIV et Louis XV et de leur siège du pouvoir, le château et le parc de Versailles.

Il est intéressant de découvrir que c’est en observant le visage d’Elsa Schiaparelli que son oncle astronome a comparé le grain de beauté sur sa joue gauche aux sept étoiles de la constellation de la Grande Ourse. La créatrice en a alors fait son emblème personnel !

Exposition « Shocking ! The Surreal Worlds of Elsa Schiaparelli » au MAD : Thème du Zodiaque (Corinne Jeammet)

Le voyage s’achève sur des silhouettes contemporaines signées du designer américain Daniel Roseberry, baptisées 2019. Si les pièces vestimentaires surréalistes choquaient il y a près d’un siècle, les idées de la maison inspirent désormais les icônes du style. Lady Gaga et Beyoncé ont porté Schiaparelli lors de grands événements, tout comme le mannequin Bella Hadid au Festival de Cannes 2021 dans une longue robe noire avec un collier de poumon d’or ornant un énorme décolleté.

L’exposition « Shocking! The Surreal Worlds of Elsa Schiaparelli » au MAD à Paris (CHRISTOPHE DELLIERE)

Cette tenue est présentée aux côtés de pièces conçues par la couturière il y a près d’un siècle, comme le chapeau-chaussure créé en collaboration avec Salvador Dali et l’iconique robe homard portée par la duchesse de Windsor en 1937. « En 1937 le homard, l’un des animaux préférés de Dalí, ne lui est pas clairement venu à l’esprit », a déclaré Olivier Gabet, directeur du musée des Arts décoratifs, qui a voulu montrer « qu’il est à la mode et fait partie des figures de mode qui continuent d’inspirer et de nourrir En 1935, elle utilise un journal sous son propre nom : « C’est super, c’était Warhol avant que Warhol et John Galliano reprennent le même principe 60 ans plus tard » lorsqu’elle réalise une robe pour un journal pour Dior en 2001, et – il a également précisé.

Exposition choquante ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli jusqu’au 22 janvier 2023. Musée des Arts Décoratifs. Rue de Rivoli 107. 75001 Paris. Du mardi au dimanche de 11h à 18h.