Cette comédie romantique fantaisiste, qui a remporté le prix du public au Festival international du film de Tokyo, offre un regard décalé et édifiant sur le Japon d’aujourd’hui. Sortie en salles mercredi 20 juillet.
Avec « Tempura », la réalisatrice japonaise Akiko Ohku revisite avec humour le genre de la comédie romantique dans une production inventive, qui met en scène une trentenaire célibataire en quête d’elle-même, d’amour et d’équilibre, dans une société en mutation. Le film, prix du public au Festival international du film de Tokyo, sortira dans les salles françaises le 20 juillet.
Actrice japonaise Non (Mitsuko) dans le film « Tempura », d’Akiko Ohku, juillet 2022 (ART HOUSE FILMS)
Mitsuko, 30 ans, vit seule dans son petit appartement à Tokyo. Elle essaie de vivre son célibat avec décontraction dans une société qui n’accepte toujours pas qu’une jeune femme ne soit pas mariée après 30 ans. Mitsuko passe beaucoup de temps à parler avec sa meilleure amie, « A », qui se trouve être à l’intérieur d’elle-même.
Ce « double » est à la fois un soutien et un mentor qui commente sa vie et propose des « défis pour les filles célibataires », comme aller à la plage ou manger des yakinikus (viandes grillées) seule ou encore, le défi ultime. , voyager seul.
Mitsuko aime cuisiner et lorsque sa collègue Ada rencontrée par hasard dans la rue alors qu’elle fait ses courses lui demande de partager avec lui les plats qu’elle prépare, la jeune femme accepte avec plaisir. Dès lors, chaque jour avec la régularité d’une horloge, Ada vient chercher son panier-repas chez Mitsuko.
Le début d’une histoire d’amour ? La jeune femme osera-t-elle inviter Ada pour de bon à dîner ? Saura-t-elle s’émanciper de son double rassurant comme un cocon pour vivre sa vie, et l’amour ? Arrivera-t-elle à abandonner la vie en solo et à vivre ensemble ?
Derrière le quotidien de son héroïne, la réalisatrice capte les inflexions d’un monde en mutation. Dans une société japonaise très codifiée, Mitsuko, jeune femme fantasque et quelque peu décalée (magnifiquement incarnée par l’actrice Non) a du mal à franchir le pas pour sortir de sa bulle.
Elle souhaite vivre une relation amoureuse avec Tada, sans renoncer à elle-même et à son bonheur solitaire. Il faudra du temps, des moments simples partagés avec Ada (notamment les repas cruciaux), une escapade dans un spa, un voyage à Rome et un autre, plus onirique, sur une plage d’Okinawa, pour trouver la force d’expulser ce double qui l’empêche de sortir d’elle-même pour rencontrer l’autre.
« Mitsuko explore ainsi non seulement la difficulté pour un être social de s’épanouir dans la solitude – ce qui est d’autant plus difficile à assumer pour les femmes, censées s’épanouir à travers la conjugalité hétérosexuelle – mais aussi la difficulté de laisser un autre sujet entrer dans son espace personnel »
Adapté d’un roman de Risa Wataya, ce deuxième long métrage d’Akiko Ohku propose une version très personnelle de la comédie romantique. Avec des flous, des hors-cadres, des hors-champ, des ralentis, des images oniriques et un très bon travail sonore, la réalisatrice joue une mise en scène immersive, au plus près de son personnage, qui propulse le spectateur dans la bulle, en le monde intérieur et le flux des sentiments et des pensées de son héroïne. L’effet est renforcé par la présence de « A », cette petite voix intérieure, que le réalisateur a eu l’audace de choisir comme masculine.
« Tempura », d’Akiko Ohku, juillet 2022 (ART HOUSE FILMS)
Autour de Mitsouko, les personnages secondaires – sa collègue éprise d’une caricature de mâle macho, ou son amie vivant à Rome, mariée, enceinte, mais qui se sent si seule – agissent comme des contrepoints éclairant cette réflexion sur le couple.