Un chirurgien qui veut placer des blocs de terre et de pollution

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Le Pr Patrick Pessaux est chef de service de chirurgie viscérale et digestive au CHU de Strasbourg, mais aussi tout d’abord président du CERES (Collectif EcoResponsabilité En Santé), une action pour l’écologie d’abord au bloc opératoire puis au tout l’hôpital, ce qu’il n’aimait pas. ..

On le sait, on le dit, on en parle, 3 000 établissements de santé, hôpitaux, cliniques, etc., sont des géants énergivores : lumières allumées jour et nuit toute l’année, gros consommateurs de matériel jetable. Ainsi, près des deux tiers des 46 millions de tonnes équivalent CO2 émises annuellement par le secteur de la santé concernent des achats (médicaments, dispositifs médicaux, alimentation, énergie) pour une dépense de 25 milliards d’euros. Cela représente 8 % des émissions nationales totales de CO2. C’est gigantesque, et force est de constater que les blocs opératoires sont de véritables usines à déchets, près d’un tiers des déchets totaux étant le seul CHU, avec des tonnes de matériel jetable, des gaz anesthésiants, et des tonnes de déchets inestimables…

C’est une anesthésiste qui a sensibilisé le chef de service Patrick Pessaux à l’écologie au bloc

Alerté d’un tel état par l’un des anesthésistes de son service, le Pr. Patrick Pessaux, chef du service de chirurgie viscérale et digestive au CHU de Strasbourg, a décidé d’agir. Ils ont donc commencé petit, en décidant, par exemple, de créer une filière de recyclage des métaux : fils chirurgicaux en cuivre, emballages en aluminium pour la vaisselle, lames de laryngoscope en inox. Bien sûr, c’était un peu contraignant, mettre en place quelques poubelles, trier et surtout trouver un ferrailleur pour venir les récupérer. Entre ce qui est racheté au poids, ce qui est retiré par le paiement, la première année, le bloc de Patric Pessaux a permis à l’hôpital d’économiser 4,50 euros. Une somme dérisoire peut-être, mais qui pourrait prouver que le recyclage peut fonctionner, ne coûte rien et même rapporte de l’argent. Et puisque tout le CHU de Strasbourg trie ses métaux.

L’écologie, un levier d’attractivité pour les soignants en quête de sens

Plus que l’économie d’argent sonnant, c’est-à-dire l’idée d’être utile, d’agir concrètement pour la planète, c’est ce qui a fédéré le corps médical autour du projet. « C’est un immense levier d’attraction pour les soignants en quête de sens », témoigne le chirurgien. Et petit à petit, d’autres actions tout aussi minimes, mais finalement efficaces, ont été mises en place. Dans les blocs de Strasbourg, toutes les équipes portaient des pyjamas en coton lavable. « De plus, c’est beaucoup plus confortable que des vêtements en papier. » »

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Ainsi, petit à petit, Patrick Pessaux fonde le Collectif EcoResponsabilité En Santé (CERES) en janvier 2021, avec les missions suivantes : échange d’expériences, information, formation (avec la création de 20 heures dans le premier cycle des études de médecine à CHU de Strasbourg (option développement durable), participe à l’élaboration de recommandations de bonnes pratiques, participe au débat public et sert de relais auprès des autorités de tutelle.

Et avec un petit colibri vert en guise de logo, pour rappeler que « chaque geste en situation d’urgence, 1000 jours pour sauver la planète compte. Car pour lui : « Ces sujets dépassent l’individu et dépassent notre périmètre. Tout le monde dans le monde médical doit aborder ces questions, même les institutions privées. »