Un octogénaire a été condamné pour blessures involontaires à un motard Sablais dans un accident en Loire-Atlantique.
Par Franck Hermel
Publié le 11 décembre 22 à 9:05
Mis à jour le 12 décembre 22 à 10:01
Un automobiliste de 80 ans a été condamné vendredi 9 décembre par le tribunal correctionnel de Nantes pour « blessures involontaires » après avoir fauché un motard le 16 avril 2022 sur la route départementale 57 entre Montbert et La Planche (Loire-Atlantique).
Le chauffeur, qui habite la commune de Montbert, s’apprêtait à tourner à gauche pour « aller acheter des légumes à la ferme » lorsqu’il a laissé passer le premier motard. Mais elle s’était engagée à tourner sans attendre un second motard venant en sens inverse et qu’elle avait encore vu, de son propre aveu.
La roue de la moto était alors coincée « entre la carrosserie et la roue arrière » de la voiture de l’homme de 80 ans. Le motard, qui habite Les Sables-d’Olonne, avait été « littéralement éjecté » et avait « glissé » sur la voiture du octogénaire, selon le témoignage d’un autre automobiliste présent sur les lieux.
Elle avait « le temps de passer »
Le motard « a respecté la vitesse maximale » de 80 km/h, selon ses propres déclarations aux gendarmes de Clisson, ce que le témoin a confirmé. « Elle a ralenti pour tourner mais elle ne s’est pas arrêtée du tout », a ajouté le conducteur.
La journée a également été « ensoleillée » et le temps « sec », a rappelé le président du tribunal le vendredi 9 décembre 2022.
Les conséquences de cette « collision très violente » avaient été importantes pour le motard vendéen. Une certaine « déstabilisation psychologique » avait été constatée par le médecin, qui avait prescrit soixante jours d’arrêt de travail.
Devant le tribunal correctionnel de Nantes, le chauffeur a répété qu’il avait « beaucoup de temps à passer » mais qu’il avait « peut-être perdu du temps à jeter un dernier coup d’œil » derrière lui avant de repartir.
« C’est le motard qui allait trop vite », avait déjà déclaré Clisson aux gendarmes lors de la procédure. L’agriculteur chez qui elle se rendait l’avait réconfortée après l’accident en lui disant que « les motards vont trop vite sur cette route ».
Une « haute mauvaise foi »
Jusqu’alors inconnue de la justice, la retraitée affirme encore aujourd’hui qu’elle s’est arrêtée, a allumé le clignotant et même passé son bras par la vitre de sa voiture pour indiquer son intention de tourner à gauche.
Surtout, elle avait demandé au juge de ne pas lui retirer son permis de conduire. « Dans mon village, il n’y a qu’un boulanger et un fleuriste », exagérait l’octogénaire de Montbert. Surtout, il utilise beaucoup la voiture pour des trajets courts. « J’ai beaucoup roulé, depuis plus de soixante ans… Les gens sont calmes avec moi. »
« La dame dit avoir pris toutes les précautions nécessaires, mais ses déclarations ne concordent pas avec les éléments du dossier, notamment les photos », a objecté le procureur. La retraitée était même de « grande mauvaise foi » et « absolument pas crédible » lorsqu’elle a affirmé avoir tendu le bras pour indiquer son intention de tourner à gauche. « Il n’est pas de très bonne humeur à cette audience », a regretté le représentant du parquet.
Il avait donc demandé pour cette octogénaire « qui n’a pas grand-chose à faire devant la justice » la suspension de son permis pour quatre mois et une amende de 600 euros.
L’avocat de la défense avait convenu que son client avait « une position quelque peu ambivalente ». « C’est une vieille dame, qui a du mal à accepter son erreur », s’est-elle excusée.
Mais c’est avant tout une automobiliste « très sérieuse ». « Vos proches ont besoin que vous les accompagniez à des rendez-vous médicaux », a insisté l’avocat. Cette « femme seule dans sa maison » a aussi « une très bonne vue ». Il n’a aucune contre-indication médicale à conduire », a répété l’avocat.