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Ce sera la plus longue en temps et en kms des croisières fluviales au monde. La plus luxueuse aussi, le long des fleuves sacrés de l’hindouisme : Gange et Brahmapoutre. Problème : un dauphin unique au monde devra croiser son chemin.
Vous nous emmenez en croisière en Inde ce matin…
Imaginez 18 chambres flottantes, 36 passagers maximum, d’abord autour des anciennes jetées du Gange – ou gaths – à Bénarès, aujourd’hui Varanasi, la ville sainte.
Puis 51 jours et 3 200 km à rêver le long des fleuves sacrés de l’hindouisme. Traversé vingt-sept fleuves, du Gange au Brahmapoutre, de l’Inde au Bangladesh pour finir en Assam et accompli le plus long voyage en mer du monde en temps et en kilomètres.
Luxe, détente et volatilité avec un coût : 4 millions de roupies indiennes par passager, soit environ 50 000 €, je vois ! Mais Narendra Modi, le Premier ministre de l’Inde, était là pour bénir cette première mondiale, c’est dire l’importance de cette tournée !
Que vient faire le 1er ministre indien dans cette affaire ?
Cette croisière a tout pour plaire ! En 2014, il a lancé une initiative appelée Namami Gange. Essayez de nettoyer la rivière sacrée. Une mission religieuse en quelque sorte pour lui et son parti qui veulent à tout prix orienter l’Inde vers ses racines hindoues.
Près de 10 ans plus tard, le bilan est assez mitigé, le Gange est toujours fortement pollué par les corps qui y sont immergés et par le développement à grande vitesse de cette région du nord de l’Inde. La tâche est donc ardue, ou plutôt mahabharatesque.
Mais pour Narendra Modi, tout est bon pour souligner une réussite même partielle et cette croisière qui aura lieu deux fois par an – d’octobre à mars – est l’occasion pour lui d’obtenir tous les avantages touristiques possibles pour montrer un fleuve dépollué. réseau.
Les réservations ont commencé pour cette croisière ?
Ils ont été pris d’assaut : les premiers clients sont suisses, allemands, britanniques et… français ! Cependant, il faut savoir que ce voyage est en partie possible grâce aux travaux de canalisation sur ces grands fleuves.
C’est là l’autre gros travail de Narendra Modi – et accessoirement de la Banque mondiale : des milliards de dollars pour draguer le lit du fleuve et, bien sûr, faire passer un paquebot de croisière de luxe mais surtout d’énormes péniches industrielles pour saturer le trafic.
Et c’est bien là le problème : en essayant d’augmenter le trafic fluvial, touristique ou non, les autorités indiennes mettent en danger la platanista gangetica, ou le dauphin du Gange. Un dauphin d’eau douce, avec une gorge rose et un long museau étroit.
Il en reste combien de ces dauphins dans la nature ?
3 200 dans le Gange et environ 500 dans le Brahmapoutre. Cependant, ils vivent en petites colonies. Le départ des flottilles de paquebots de croisière que l’on imagine dans le futur ne peut que les perturber plus que jamais. Ou pire encore !
Les dauphins du Gange sont presque aveugles lorsqu’ils sont guidés par sonar… Sonar facilement dérangé par les moteurs. C’est exactement ce qui est arrivé aux dauphins du fleuve Yangtsé chinois, disparus depuis 2006 en raison de l’explosion du trafic fluvial.
Alors c’est le moment de prendre votre billet… Dans quelques années, il sera peut-être trop tard pour voir des grands dauphins du Gange ou du Brahmapoutre… et ce sera en partie de votre faute !