Grâce à des batteries à capacité énergétique plus élevée, les voitures électriques ont gagné en autonomie ces dernières années. Comment cela affecte-t-il la courbe des prix d’occasion ?
Sommaire
Durée de vie des batteries
Lorsque les premières voitures électriques de série équipées de batteries lithium-ion sont arrivées sur le marché au début des années 2010, nous ne savions pas vraiment combien de temps dureraient les packs. Par précaution, les constructeurs évoquaient généralement une fourchette de 5 à 8 ans.
Désormais, la durée moyenne est plutôt de 12 à 15 ans, avant une éventuelle seconde vie pour un autre usage. Il varie selon les modèles, principalement en raison de la chimie des cellules, mais aussi en raison de sa bonne gestion, notamment en ce qui concerne l’échauffement qui peut se créer lors d’une charge rapide, de températures extérieures élevées et d’une utilisation soutenue.
Chaque exemplaire d’un même modèle n’a pas non plus la même durabilité. Comme pour une voiture à essence ou diesel, la façon dont vous conduisez a un impact.
Augmentation de l’autonomie
Avec des capacités énergétiques supérieures à 55 kWh, l’autonomie dépasse largement les 150 km précédemment généralisés, en circulation l’été et sur le réseau secondaire. Désormais, il monte facilement à plusieurs centaines de kilomètres pour les voitures électriques de taille moyenne. Ceci n’est pas négligeable dans la durée d’utilisation possible des batteries qui se compte aussi dans le nombre de cycles de décharge/recharge.
Au début des années 2010, il était courant qu’un pack dont la capacité utile n’était que de 70-75% soit remplacé. Ensuite, la portée moyenne pourrait être inférieure à 100 km, et même plus faible en hiver. De quoi commencer à s’inquiéter sérieusement.
Avec une nouvelle batterie qui permet de parcourir environ 400 km, une capacité maximale réduite à 75 % laisse tout de même 300 km d’autonomie. Certes, le processus de vieillissement des cellules est déjà enclenché, mais cela n’empêche pas d’imaginer encore quelques années de service, sauf accident bien entendu.
Deuxième voiture du foyer
Un peu comme un modèle essence ou diesel, après une bonne dizaine d’années de service comme première voiture du foyer, une électrique peut assumer le rôle de seconde machine. Concrètement, cet allongement de la durée de vie d’une voiture électrique devrait donc se répercuter sur son prix d’occasion. La remise devrait être moindre.
Avec les compactes, les berlines et les VUS intermédiaires, nous n’avons pas assez de recul aujourd’hui pour vérifier cela. Peut-être est-il déjà possible d’observer des tendances. Normalement, un tourisme a des remises de 35% en 2 ans et 50% en 3 ans.
La première chose qu’il faut savoir, le marché de l’occasion, toutes énergies confondues, est particulièrement bouleversé en ce moment. En cause, de nouveaux modèles, électriques et thermiques, qui mettent du temps à se livrer. Les opportunités sont moins nombreuses, ce qui gonfle les prix. L’inflation des prix catalogue des voitures neuves incite également de nombreux automobilistes à acheter des véhicules qui roulent depuis 2 ou 3 ans. Moins d’offres et plus de demandes modifient les habitudes.
Spécificité du marché des électriques d’occasion
Aujourd’hui, le marché de la voiture électrique d’occasion ressemble encore à beaucoup d’exceptions ou de cas particuliers. Intéressé par, disons, une Citroën C-Zero ou son clone Peugeot iOn 2012 ? Le prix moyen du LeBonCoin est de 6 000 euros.
Pour ses vendeurs, ou du moins les premiers acheteurs, c’est parfois le montant payé à ce moment-là pour un nouveau modèle, lors des déstockages successifs de PSA cette année-là. Résultat : Remise = 0. Bien que la batterie soit probablement inférieure à 75 % de sa capacité d’origine. Et donc difficile d’atteindre les 100 km d’autonomie.
Ces modèles ne devraient pas être proposés à plus de 3 000 euros, sauf si la batterie a été entièrement remplacée (pas un simple changement de quelques cellules). Cet exemple prêt à l’emploi nous permet de poser un premier jalon.
Le cas Nissan Leaf
Autre cas particulier, et qui rentre carrément dans le cadre de l’article : La Nissan Leaf 2. Difficile de trouver une N-Connecta de 62 kWh annoncée neuve avec une autonomie WLTP de 385 km selon le cycle mixte WLTP. J’en ai quand même vu un de 2020 sur LeBonCoin avec 40 000 km et il était coté à 24 990 euros (-33% par rapport au prix neuf de l’époque).
Sauf qu’il en existe une dizaine dans la même version au même prix ou plus chère, et parfois jusqu’à 2 ans de plus, embarquant la batterie de 40 kWh (270 km d’autonomie). Cette variation est beaucoup plus courante sur le Web aujourd’hui. C’est un parfait contre-exemple de l’impact de l’autonomie sur le prix de revente.
Gardez toutefois à l’esprit que les prix affichés sur les sites en ligne et/ou chez les concessionnaires ne sont pas nécessairement ceux qui permettent de conclure des ventes. Notre Leaf de 62 kWh ne coûte peut-être pas plus qu’une N-Connecta de 40 kWh, mais elle a toutes les chances d’aller plus vite que les 12 autres.
Le cas Tesla
Tesla Model 3 Dual Motors dotée d’une longue autonomie, il existe également plusieurs exemplaires en vente sur Internet, avec un prix moyen avoisinant les 45 000 euros. Encore une fois, le prix catalogue est presque un yoyo pour ce modèle. Sans passer par tous les gestes ni se focaliser sur toutes les fonctionnalités : 59 600 € fin 2018, 51 990 € début janvier 2021, 62 490 € aujourd’hui.
A quoi ressemblera votre courbe de seconde main dans dix ans ? Va-t-on retrouver le même effet qu’avec la Model S qui a très bien résisté longtemps ? Les copies de 8 ans se dénichent facilement à 33-50% de réduction sur le prix neuf. Les modèles les plus autonomes se négocient de la même manière que les moins dotés à ce niveau. Tout simplement parce que ces dernières sont préférées par les automobilistes pour qui la Model S devient accessible.
Il y a toujours une part de rêve dans l’achat d’une Tesla d’occasion, qui influence la courbe de remise. Mais un point qui pourrait changer la donne pour de nombreux adeptes d’Elon Musk est son comportement actuel avec Twitter. Autre cas particulier, cette fois en raison de l’histoire de la marque.
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Les critères importants
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L’autonomie est en concurrence avec d’autres critères qui influencent également la bonne tenue du prix de vente. Pour la plupart, ils ne sont pas spécifiques à l’électricité.
Il y a d’abord le budget que l’acheteur potentiel peut mobiliser. Si l’enveloppe est réduite, le meilleur compromis est choisi entre le montant à prélever par rapport aux besoins réels couverts par le véhicule. Dans ce cas, force est de constater que l’autonomie compte plus souvent, mais pas au point de choisir forcément le modèle qui en offre le plus.
Fiabilité, esprit novateur, lieu de vente, options
Vient ensuite l’attirance pour une marque en particulier. Volkswagen, par exemple, malgré les difficultés à développer le système de gestion des véhicules électriques de la famille ID, gagne bon nombre de ses partisans dans le VE. Cela répond maintenant plus effrontément à ses opportunités. La e-Golf, qui n’a pas l’autonomie de l’ID.3, tient très bien la route sur le marché.
Les marques qui semblent fiables et innovantes réussissent aussi parfois. C’est le cas des Coréens Kia et Hyundai, dont les modèles ayant quelques années d’âge se vendent très bien. Quand il y a une offre avec à la fois une petite et une grande batterie, comme avec l’ancien Kia e-Niro, il y a cependant une réelle préférence pour le pack 64kWh par rapport au 39kWh. Mais pas au point de faire fléchir plus fortement la courbe de décote de ce dernier.
Autre point important et souvent négligé : le point de vente. Il ne s’agit plus de dire, comme autrefois avec les thermiques : « Une voiture made in Paris a forcément souffert ». Non, c’est plutôt : « Une voiture électrique satisfaisante au bon endroit », c’est-à-dire proche de l’acheteur potentiel.
À suivre…
Certaines options commencent à être particulièrement recherchées. Ainsi, le V2G/V2H dans le cas des personnes qui souhaitent coupler leur véhicule électrique à des panneaux solaires, et le V2L/V2D qui permet d’alimenter divers consommateurs (outils électriques, bivouac, sonorisation, stand, etc.) et de résoudre des problèmes. un autre véhicule électrique.
A la question « Une plus grande autonomie est-elle aujourd’hui susceptible d’étayer la qualification d’occasion d’une voiture électrique », la réponse est « non ». Pourtant, c’est l’un des facteurs qui peuvent faciliter la vente.
La situation actuelle n’augure rien de bon pour ce qui sera dans 5 ou 10 ans. Quand les premières voitures électriques, commercialisées au début des années 2010, seront très visiblement mises à mal par une autonomie devenue trop faible, alors de plus en plus d’automobilistes chercheront sûrement des modèles plus durables dans le temps.